Monoparentale, elle élève ses deux enfants dans un quartier de Marseilles. Elle est professeure de Lettres et a passé son agrégation de philosophie.
Elle est enseignante au Lycée de Saint-Exupéry à l'automne. Parmi ses élèves, Christian Rossi. Un élève de 16 ans, mais qui est plus mature que les autres. Ses parents à lui sont aussi enseignants, à Aix-En-Provence. Ceux-ci ne s'opposent pas à la fréquentation de Christian et Gabrielle qui se rencontrent hors cours, puis, pendant les manifestations de mai 1968, manifestent ensemble. Mais quand leur liaison semble devenir amoureuse, les parents n'aiment plus la situation.
Pendant les vacances d'été 68, Christian se rend en vacances avec des amis de son âge, sur le pouce, de la France à l'Italie, puis de l'Italie, en Allemagne. Gabrielle ira le rejoindre dans les deux pays. À l'automne, les parents de Christian le somme de cesser la relation. Christian refuse. Il s'installe même chez Gabrielle pendant un certain temps. En octobre, les parents de Christian somme un juge pour enfants d'intervenir. Le juge trouve un compromis. Christian ira étudier dans un autre lycée, comme pensionnaire, ce qui oblige un certain encadrement.
Gabrielle peut lui écrire et le voir à la Toussaint. L'amour se fraie partout.
Toutefois, toutes les lettres de Gabrielle sont interceptées et détruites. Christian menace de se suicider. Gabrielle part le chercher pour le sortir du pensionnat, mais ce sont des policiers qui l'y attendent. Ils l'arrêtent pour bris de condition face au jugement donné. Mi-novembre, Christian réussit à fuguer du pensionnat. Il se cache chez un ami du lycée. Gabrielle va le rejoindre. En décembre, les parents de Christian portent plainte pour détournement de mineur contre Gabrielle.
Gabrielle est accusée, puis trouvée coupable de détournement de mineur. Elle est incarcérée dans la prison de Baumettes en décembre 1968. Christian intervient lui-même auprès du juge, si bien que Gabrielle est libérée 5 jours plus tard devant son plaidoyer amoureux. Il est toutefois envoyé en institut clinique, puis en psychiatrie, à la demande de ses parents. Il y suivra entre autre une cure de sommeil avant de partir vivre chez sa grand-mère.
L'occasion est trop belle, Gabrielle et lui se fréquentent à nouveau en cachette. En avril 1969, elle est à nouveau incarcérée. Elle n'y serait resté que quelques jours, mais comme elle refuse de dire où se trouve son amant, on la laisse au cachot 5 semaines de plus.
Elle comparait en juillet devant un juge de Marseilles, à huis-clos. Elle sera condamné à un an de prison avec sursis et 500 francs d'amende. Le recteur de l'université d'Aix, pressé par la justice, refuse la candidature de Gabrielle Russier pour un poste d'assistante en linguistique pour laquelle elle avait appliqué.
Réussit en septembre en s'intoxiquant au gaz dans son appartement de Marseilles.
Georges Pompidou, nouvellement élu, citera Paul Éluard lorsque questionné sur l'affaire:
"Comprenne qui voudra, moi, mon remords, ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant, celle qui ressemble aux morts pour être aimé"
Rossi attend sa majorité pour donner sa version des faits et accorder la dernière entrevue de sa vie sur le sujet. Il dira que Gabrielle lui a donné les deux dernières années de sa vie, qu'il n'a pas à les raconter, qu'il les garde en souvenir et les sent, qu'il est les as vécus tout seuls et qu'il se les garde pour lui.
À sa sortie de séjour en suivi psychiatrie, il se réfugie chez le pasteur qui a célébré les obsèques de Gabrielle Russier.
Il est aujourd'hui père de famille, s'est réconcilié avec ses parents et vit dans l'anonymat.
En 1970, André Cayatte tourne pour le cinéma, Mourir d'Aimer, mettant en vedette Annie Girardot et Bruno Pradal. Charles Aznavour s'était inspiré de cette histoire pour la chanson du même titre. Le film fait polémique, mais qui dit scandale, dit succès. Le film franchira les plus de 5 millions d'entrées en salle.
Un téléfilm de Josée Dayan , en 2009, mettant en vedette Muriel Robin et Sandor Funtek sera critiqué par le pasteur ayant hébergé Christian Rossi. Trouvant leur relation dénaturée à l'écran.
Sur la porte de l'appartement de Marseilles de Gabrielle sera longtemps inscrit à la craie "Z", code voulant signifier "elle vit".
Inscrit par de ses anciens élèves.