Les lecteurs du quotidien ont donc trouvé ce matin dans la manchette de la une la traditionnelle vignette de Daniel Paz (dessin) et Rudy (scénario) qui montre un journaliste de télévision en train de commenter en direct les courses d'Epiphanie du Président, qui s'est en effet laissé photographier et filmer dans un magasin de jouets, dans la station d'été patagonienne où il séjourne avec sa femme et leur fillette de sept-huit ans, Antonia (« pour recharger les batteries », ce sont ses termes). C'est une enfant très jolie, très souriante, doté d'un regard pétillant. Il faut un cœur de pierre pour ne pas se laisser attendrir.
Le journaliste : Et nous surprenons le président en pleins préparatifs de la nuit des Rois. Macri (qui réfléchit tout haut) : Voyons, voyons... Qu'est-ce que je vais offrir à l'industrie minière (1), aux gros producteurs de soja (2), à Edenor et à Edesur (3) ?... (Traduction © Denise Anne Clavilier)
Le couple présidentiel en toute simplicité dans un magasin de jouets hier
Dans les pages intérieures, la rédaction publie un entrefilet sur l'opération communication spéciale cadeau du couple présidentiel dans le rayon filles d'un magasin de jouets débordant de marchandises (sous le titre : "pourvu qu'Antonia ne regarde pas les réseaux sociaux !") et une analyse de la hausse des prix pour un panier moyen d'Epiphanie. Un désastre ! Ajoutez à cela les cours du dollar et de l'euro qui ne cessent de grimper par rapport au peso argentin et tout le train des augmentations de début d'année, dans les transports en commun, les taxis, le carburant...
Pour aller plus loin : lire l'article de Página/12 sur la montée du coût des cadeaux pour la fête des Rois.
(1) Mauricio Macri a pris en 2017 des mesures favorables aux grandes compagnies d'exploitation minière au détriment notamment de l'environnement. Et Dieu sait si ces sociétés multinationales ne sont pas dirigées par des philanthropes patentés. La province de San Juan a souffert plusieurs sinistres au cours de l'année. (2) Autre scandale patrimonial, social et écologique : la croissance exponentielle de la culture du soja transgénique, à grands renforts de produits chimiques (engrais, fongicides, insecticides), au détriment de la santé des travailleurs agricoles et des habitants de ces régions, de la biodiversité, de l'élevage extensif dont il envahit les vastes prairies traditionnelles (avec une qualité de la viande en baisse sur le marché intérieur) et au prix d'une pollution maxi-costaude. Il s'agit d'une agriculture à échelle gigantesque, qui génère beaucoup de revenus privés en dollars (donc facilement convertibles) et peu de recettes fiscales pour l'Etat, étant donné la forte propension de ces patrons à pratiquer au mieux l'optimisation, au pire l'évasion fiscale (placements à l'étranger, sous-déclaration de chiffre d'affaires, travail au noir pour leurs saisonniers, etc.) (3) Deux fournisseurs d'énergie (électricité surtout), censés être concurrents, dont les tarifs augmentent sans cesse depuis l'arrivée de ce gouvernement et qui s'enrichissent largement sur le dos des consommateurs. Il convient toutefois de dire que si les tarifs d'électricité et de gaz en vigueur sous Cristina Kirchner étaient aussi bas, c'est parce qu'ils étaient pour l'essentiel subventionnés par de l'argent public, ce qui avait entraîné des consommations excessives, d'invraisemblables gaspillages de ressources naturelles, elles-mêmes à l'origine d'une énorme pollution et de très mauvaises habitudes chez les particuliers et chez les salariés dans les entreprises.