Ah le monde

Publié le 05 janvier 2018 par Pjjp44

photo: Camille P.


"Ah! le monde
tout commence paix.
Aussi par une assignation à prendre part à une danse macabre
"qu'ils" ont orchestrée.
Il y a tant d'impuissances qui viennent s'installer lentement.
S'insinuant dans toutes nos gesticulations.
Pourtant il sera encore temps de sortir du bunker mental dans lequel nous sommes cachés depuis tant d'années.
Quel poids!
Dans quelle demeure sommes-nous?
Dans quelle peur?
Quel égarement?
Comment sortir?
Pourquoi en sortir?
Avons-nous peur du vacarme dévastateur?
Avons-nous peur de nos souvenirs incompris?
[...]

La colère nous met à l'abri de quoi?
L'indignation atténue-t-elle notre colère?
Comment brutalement peut se créer une scénographie des mots, entendus, écoutés,
sans ressassement?
Sans le jaillissement d'une douleur destructrice?
Nous n'avons pas encore construit une scénographie de la parole
face à ceux qui avaient mis à exécution un scénario de l'horreur,
le scénario de la décapitation!
Nous n'avons pas encore déroulé le parchemin de nos histoires non écrites face à ceux qui ont érigé des plaques commémoratives destinées à un oubli éternel.
Nous n'avons pas encore exhumé des décombres nos mémoires douloureuses face à ceux qui ont déjà décrété l'impossible réconciliation.
Sans pardon, sans regret, sans repentance.
tout se passe à l'endroit précis où se pose délicatement l'aile d'un moineau.
Moineau, qui lui connaît si bien l'envol et la liberté.
Cette chose délicate, sensible.
De l'infime poésie qui explose comme le plus terrible des volcans.
Car le moment est venu.
Plus rien ne peut retarder l'éruption!"
Hadida Djahnine "Autres conversations avec les fantômes- extraits)

"Je considère les rencontres insolites, les lieux, les voyages, les auteurs et l'écriture comme un moyen de féconder un humanisme ou l'imaginaire serait aussi bariolé que l'arc-en-ciel et nous pousserait à nous remettre en question"
Alain Mabanckou directeur artistique du Festival