Un Allemand à Paris

Publié le 05 janvier 2018 par Hunterjones
Eugen Weidmann est né à Francfort dans une famille experte en exportation, en 1908.
Toutefois, quand la Première Grande Guerre éclate-il a 6 ans- il est envoyé être élevé par ses grands-parents qui, avec l'époque qui se transforme violemment, n'en auront plus le talent. Eugen vole et quitte vite l'école. À 20 ans, il sert plusieurs peines de prison pour vol.
C'est en prison, une prison alors en territoire français, qu'il fait la connaissance de Roger Million et de Jean Blanc. Ils se concoctent une association pour leur sortie de prison. Leur plan est de voler de riches touristes.

À trois, ils louent une mansion à Saint-Cloud, près de Paris, niche à touriste depuis toujours.
Le premier kidnapping vire mal. Le touriste se débattant trop, ils doivent le laisser partir. Ils devront faire mieux.
En été 1937, on passe à une nouvelle stratégie. Weidmann fait la rencontre de la danseuse Jean De Kove, une belle jeune femme de 22 ans, qu'il charme et invite à la mansion. Jean écrit à une amie: "Je viens de rencontrer un grand allemand, tout à fait charmant, intelligent, se nommant Siegfried. Peut-être que je me dirige vers un nouveau rôle Wagnérien? qui sait? Je lui rends visite demain, dans sa villa, un endroit splendide que Napoléon avait offert à Joséphine"

Ce seront ses dernières nouvelles.
Lorsqu'ils se rencontrent, Eugen/Siegfried lui offre un verre de lait, et ensemble, ils fument ce qui ne serait pas du tabac. Elle le prend en photo. Eugen l'étrangle dans le jardin de la villa. Elle avait 300 francs et 430$ en chèques de voyages. On envoie tout ça à la maîtresse de Roger Million, qu'elle va encaisser à la banque sans problèmes. On envoie une note de rançon à la tante de Jean De Koven, chez qui elle séjournait en Europe, exigeant 500$ pour revoir sa nièce vivante. Le frère de De Koven arrivera des États-Unis pour tenter de la retrouver avec 10 000$, obtenu de leur père.
Le 1er septembre suivant, Weidmann engage un chauffeur, Joseph Couffy, pour le faire conduire jusqu'à un bois de la French Riviera, près de Tours, il lui tire une balle dans le bas du cou et lui vole les 2500 francs qu'il avait sur lui. Il lui vole aussi sa voiture. Ce sera son modus operandi, la balle dans le bas du cou.
Deux jours plus tard, Weidmann et Roger Million leurre une jeune infirmière, Janine Keller, et lui font la fausse promesse de lui offrir, peut-être un emploi. L'entrevue se transforme en meurtre dans une grotte près de la forêt de Fontainebleau. On lui vole 1400 francs et un anneau de diamant.

Le 16 octobre, Weidmann et Million leurrent un producteur de théâtre sous promesse d'investir pour l'un de ses spectacles. Ils le tuent et lui volent 5000 francs. Le 22 novembre, Weidmann assassine un allemand qu'il avait rencontré en prison et l'enterre aux côtés de Jean De Koven dans la cave de la villa de St-Cloud. 5 jours plus tard, il commet son dernier meurtre. Raymond Lesobre est un agent d'immeuble. Feignant de vouloir une nouvelle demeure à St-Cloud, Eugen l'invite dans sa villa et l'assassine. Lui volant 5000 francs.
Mais chez Lesobre, on trouve une (fausse) carte d'affaire de Eugen Weidmann. Trop intelligent pour se nommer comme tel à sa première victime, mais trop con pour ne pas mettre son vrai nom sur une fausse carte d'affaire.

Revenant à sa villa, Weidmann tombe face à face avec des policiers voulant lui parler. Ils leur tirent dessus. Les agents sont des inspecteurs non armés. Ils sont grièvement blessés, mais réussissent à le désarmer et à le maîtriser au sol. Ils utilisent alors un marteau traînant au bon endroit, au bon moment.
On développe des photos trouvées dans l'appareil près du cadavre déterré de Jean de Koven. Weidmann s'y trouve.
Weidmann confessera tous ses meurtres. Million et Blanc sont aussi arrêtés. La maîtresse de Million aussi. Le procès fera grand bruit et sera couvert, entre autre, par l'auteure Colette pour Paris-Soir.
Weidmann et Million écopent de la guillotine, Blanc de la prison pour 20 mois. La maîtresse est acquittée, pour trop grand naïveté. La sentence de Million sera transformée en prison à vie.
Mais la tête de Weidmann est tranchée en public le 17 juin 1939, aux portes de la prison de Saint-Pierre de Versailles. La réaction hystérique du public est telle que l'on en fera la dernière guillotine public ce France.
L'acteur britannique Christopher Lee, qui a alors 17 ans, est dans la foule. Ironiquement, il incarnera un bourreau, dans un téléfilm, des années plus tard, faisant largement usage de la guillotine.