Première image d’Ingrid Bétancourt de retour dans la communauté des hommes libres :
Févier 2002. On coupe l’Oxygène à l’égérie anti-corruption franco-colombienne. Des années de captivité, de rumeurs. La rage au cœur, le livre qui m’a donné envie de m’ “engager”.
“Pas une seconde il ne suggère que je devrais plutôt renoncer au combat que je mène contre la corruption d’État. Pour le moment, une poignée de sable, guère plus, dans une machinerie aux rouages monstrueux, qui a eu raison des rares inconscients qui se sont dressés contre elle. Je pense à Luis Carlos Galán dont ma mère était très proche, candidat à la présidence de la République, assassiné à l’ouverture d’un meeting électoral en 1989. Il avait quarante-six ans, il est mort, maman à son chevet. J’ai tenu à reprendre le flambeau, oui, et les Colombiens m’ont entendue puisqu’en 1994 ils m’ont élue député, avec le meilleur score du Parti libéral, le parti de Galán. Pour eux, que notre classe politique méprise, spolie, génération après génération, j’irai jusqu’au bout, je ne lâcherai pas, quel que soit le prix à payer.”
J’envie Ingrid, car quelque part, elle fait partie de ces destins extraordinaires, comme Massoud, comme Yithzak Rabin. Sauf que cette fois-ci, c’est un happy end. Et c’est tant mieux
On va beaucoup parler d’Ingrid. Premières images, Ingrid est au centre, avec les militaires, avec les otages. Après toutes ces années isolées, Ingrid n’a pas oublié le pouvoir des médias. Et des symboles.
Ingrid est ce qu’il manque à nos histoires “horizontales”, communes, entendues, attendues. Ingrid Bétancourt, c’est au-delà de sa cause, un appel à de l’espoir irrationnel, à un esprit qu’on ne connait plus depuis la chute du Mur, elle est un appel d’air vers une histoire “verticale”. Un appel à la transcendance, à la fois dans le monde ordinaire et en même temps au-delà. Bien au-delà.
“la foi, la liberté”. Deux mots associés énormément mentionnés ce soir.
On ne saura sûrement pas tous les éléments passés en coulisses de la libération d’Ingrid Bétancourt. Et quelque part, peu importe.
Maintenat il va s’agir de mettre l’histoire en face de l’Histoire. La sérénité dans le regard de notre protagoniste sera-t-elle à la mesure des attentes de l’opinion ?
C’est paradoxal, mais la libération d’Ingrid Bétancourt semble aussi appeler une pression encore plus grande sur ses épaules : celle d’aller au bout de sa lutte.
Premières paroles d’Ingrid, extraits :
merci, à votre impeccable opération, l’opération a été parfaite. L’opération militaire de l’armée de mon pays, la Colombie, a été parfaite. Ce matin quand je me suis levée, j’ai prié, et j’ai demandé à Dieu que peut-être l’un de nous puisse être libéré (…) je dois beaucoup aux médias. (…) à tous ceux que j’aime, aux médias colombiens, cette victoire vous appartient (…) j’ai pensé, bon, peut-être que ce n’est pas pour moi cette fois-ci (…) je ne voulais pas vraiment perdre l’espoir d’une libération (…)
Mes pensées vont en ce soir de fête, aussi, à Aida Duvaltier.