Face à ceux qui contestent la valeur potentielle de la réintermédiation des services financiers et et à ceux qui continuent à considérer que la FinTech ne parviendra jamais à développer une offre convaincante, l'actualité récente de MoneyLion, une jeune pousse américaine fondée en 2013, devrait contribuer à relativiser quelques certitudes…
Créée sur une approche proactive de la gestion de finances personnelles, qui permet à ses utilisateurs non seulement de suivre au jour le jour l'évolution de leur budget mais également, et surtout, de les aider concrètement à mieux s'organiser avec leur argent, MoneyLion indique en effet qu'elle dégage désormais une marge positive, tandis qu'elle vient de lever 42 millions de dollars afin de poursuivre le développement de sa plate-forme technologique et l'extension de son catalogue de produits.
Derrière ce succès fulgurant, c'est un modèle composite qui se trouve validé : l'essentiel des revenus de la startup est généré par les crédits qu'elle accorde à ses clients sur recommandation de son application, lorsque leur situation l'exige, que ce soit pour surmonter une difficulté passagère ou pour donner un coup de pouce à un projet qui leur tient à cœur. Au cours de sa courte existence, elle a ainsi distribué un total de 250 000 prêts parmi les 1,5 million d'utilisateurs enregistrés qu'elle compte aujourd'hui.
En pratique, le fonctionnement de MoneyLion est typique d'une génération émergente de plates-formes. Lors de son inscription, le consommateur est invité à connecter ses différents comptes bancaires et de cartes de crédit, à partir desquels les algorithmes de la jeune pousse analysent en permanence ses comportements financiers. Grâce à des modèles mathématiques prédictifs, elle peut alors délivrer des conseils précis, en temps utile, de manière à optimiser la gestion de son épargne ou ses besoins de financement.
Par rapport aux outils de PFM passifs classiques, la particularité de MoneyLion est d'intégrer les produits financiers qu'elle peut recommander (d'où la qualification de « réintermédiation »). Le client qui se voit suggérer un emprunt pour éviter un découvert va, par exemple, pouvoir le souscrire immédiatement, en un clic, aux meilleures conditions. Et, naturellement, il en est de même pour l'épargne – dès le versement d'un salaire, la partie qui ne sera pas dépensée peut être investie en quelques gestes – et pour toutes sortes de solutions, pourvu qu'elles soient jugées pertinentes pour le client.
La promesse de MoneyLion est extrêmement attractive et, à ce jour, hors de portée des banques traditionnelles : à l'aide de technologies de pointe, il s'agit de procurer aux américains moyens un accompagnement financier personnalisé habituellement réservé aux personnes plus aisées. Or, quand beaucoup d'observateurs estiment encore que les consommateurs ne sont pas prêts à confier leur argent à un nouvel entrant et écartent de la sorte l'hypothèse d'une concurrence sérieuse de la FinTech, il s'avère que la proposition de valeur est suffisante pour conquérir une clientèle conséquente.