Cinema Paradiso****************Pulp Fiction de Quentin Tarantino

Publié le 04 janvier 2018 par Hunterjones
Chaque mois (dans les 10 premiers jours) tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) et la littérature (vers la fin) , je vous offre un film qui m'a beaucoup marqué. Je tente de vous dire pourquoi.
Je vous en parle parce qu'il m'a séduit par sa facture visuelle, narrative, par son inventivité, ses images et ses sons, sa créativité, son flair, son inspiration, ses interprètes, sa réalisation, son esthétique, son histoire, son propos et son angle sur un sujet choisi. Je vous parle d'un film dont j'aimé les choix. D'un film qui a eu un fort impact sur ma personne.
Et vous en fait une publicité afin que vous soyez tenté de prendre les moyens de le voir aussi.
Un film est un voyage à très peu de frais. Un luxe parfois extraordinaire.

Un co-loc et moi avions découverte Reservoir Dogs, en salle, par pur errance. Au début des années 90, l'internet n'existe pas encore vraiment. Sans attentes aucune, nous avions franchement aimé. Deux ans plus tard, ce co-loc et moi étions tous les deux engagés comme husher au défunt cinéma du Complexe Desjardins, un ancien cinéma porno. Il y avait 4 salles au deuxième étage du complexe, là où il y a maintenant une banque (Desjardins, je crois), sur la gauche au haut d'un escalier roulant. La salle 1 était moyenne, la 2 beaucoup plus grande que toutes, ayant en général le film le plus populaire. La 3 était aussi moyenne. La 4, toute petite, et en direction opposée. Intime. Intéressante.

Je me rappelle de L'Enfer de Chabrol, Montparnasse-Pondichéry avec Miou-Miou, Immortal Beloved avec Gary Oldman, Wyatt Earp et Love Affair, pépère film avec Warren Beatty et Annette Benning dans la salle 1.
Je me rappelle principalement de Four Weddings & a Funeral et de Disclosure dans la 3 et de Once Were Warriors dans la 4, qui, en français devenait Nous Étions Guerriers, et que tous les clients massacraient en disant "Nous Étions Tous des Guerriers", "Nous Étions dans la guerre" ou simplement "les Guerriers".
Dans la 2, on avait eu pas mal toute l'année Schindler's List (" 2 billets pour La liste de Schweitzer, svp") et Pulp Fiction. Que nous avions vu ailleurs en anglais parce que pas question de voir des films mal traduits en français de France, franchouillard.
("Ils appellent ça un Qwarder pownder wizz chiz")
Quentin Tarantino était commis dans un club vidéo, comme mon co-loc et moi avions été, de nuit. Je l'étais encore. Noyant mes insomnies et nourrissant ma passion des films en visionnant 4 films par nuit (dormant à moitié le dernier). Pendant trois mois, l'été, j'ai travaillé de midi à 22h00 à ce cinéma, mais aussi de nuit, de 23 à 8 au club vidéo, 5 jours par semaine. Je pilais des sous en m'amusant. Dormant le reste.

Pulp Fiction avait été scénarisé par Quentin Tarantino et un ami, commis de club vidéo, Roger Avary. Qui aurait sa propre carrière par la suite, derrière la caméra.
Le film, une assez violente comédie, raconte les histoires parallèles d'un boxeur, qui devait volontairement perdre son combat pour faire gagner des parieurs, mais change son fusil d'épaule, de deux tueurs à gage, engagés pour le retrouver, d'un caïd noir, pour qui les tueurs à gage travaillent, et de la blonde de celle-ci, une jeune femme légère, à la recherche de confort et de bon temps. Toutes ces histoires s'entrecroiseront à différent moments, Tarantino, offrant même la fin du film, de manière Godardienne, en plein milieu et la mort d'un personnage important, dans la première partie du film, même si il réapparait pour la dernière partie.

Quentin voulait faire un film comme les écrivains se permettent d'écrire certains livres. Avec trois histoires dont les personnages, viennent et partent. Selon le point de vue de celui qui raconte. La première histoire devait être d'Avary, la seconde, de Quentin, la dernière, d'un troisième réalisateur. Mais le troisième réalisateur n'est jamais apparu. Quentin et Roger ont étiré leurs histoires originales et comme Quentin avait déjà réalisé un film, c'est lui qui a hérité de la réalisation. Avary étant principalement responsable de tout le segment mettant en vedette Christopher Walken, de la séquence des balles de fusil magiques et de la tête qui explose par accident sur la banquette arrière. De gros moments de comédie dans le film. Il a aussi tricoté les séquences ensemble pour qu'il y ait fil conducteur entre scènes et personnages. Il était très important.

Micheal Madsen devait jouer le rôle tenu par John Travolta, mais a préféré faire Wyatt Earp, choix qu'il a regretté. Quentin paie pour des chansons existantes au lieu de faire composer de la musique originale, et ce sera une partie très importante du film. Il "emprunte" un personnage de Luc Besson et une chorégraphie de Fellini. Tarantino empruntera toujours.
Le mot "fuck", et ses dérivés, est utilisé 265 fois. Le film est d'une violence tout à fait graphique. Certains éléments de comédie ne faisaient pas rire du tout la vieille clientèle du Complexe Desjardins.
Une nouvelle ère cinématographique naissait.
Les Weinsteins, à la production, étaient mis au monde.
Avant de mourir l'an dernier.
Depuis le début de 2018, je vous présente, presque tous les jours, des histoires de type "pulp".

Vraies, cette fois.
 Jusqu'à notre retour.
Étant, en ce moment, loin de l'hiver.