Séance rattrapage oblige, revenons vers le second album de sœurs franco-cubaines du dorénavant reconnu duo Ibeyi. Sans chercher de comparaison avec le premier, sorti en 2015 et sobrement intitulé Ibeyi, je trouve que Ash partage une qualité (au sens propre) avec son prédécesseur : une certaine homogénéité, plus précisément encrée dans une certaine ambiance assez morne et volontairement grisée. Ce ne sont pas les différents visuels en noir et blanc tous deux qui vont venir me faire ressentir le contraire, et ce collage photographique signé par le Français JR met en exergue ce contraste, dépourvu de « couleurs ».
Remarquons certains jalons qui se révèlent pertinents au moment de découvrir Ash. L’introductif « I carried this for years » méritent autant d’attention que les autres morceaux plus longs. Le difficile « Deathless » est finalement un morceau splendide, que le saxophoniste Kamasi Washington permet de mettre en évidence. Avec ce troisième titre, on se rend compte que les sœurs Ibeyi continue de faire leur musique sans se soucier de ce que les auditeurs souhaiteraient.
C’est pourquoi les artistes invités sont à chaque fois judicieusement « utilisés ». « Transmission/Michaelion » est un superbe double morceau de plus de six minutes, dont la présence de la grande Meshell Ndegeocello apporte une union parfaite !
L’un des rares moments qui n’soit pas en anglais est « Me voy » avec la célèbre rappeuse espagnole Mala Rodríguez, ou plus simplement « la Mala », ce titre étant néanmoins le plus caribéen de tous. Le Canadien Chilly Gonzales ajoute pour sa part son doux et subtile jeu de piano sur « When will I learn ». Terminons par un retour en arrière et le premier titre à m’avoir touché : « Away away ».
Si certains regrettent qu’elles n’utilisent pas la langue de Molière, il est difficile de leur en vouloir. Pour ma part, je comprends tout à fait et, à l’inverse, je regrette qu’elle ne se laisse pas assez aller à employer la langue de Cervantes qui leur va tout aussi bien que celle de Shakespeare. Pour le reste, la musique fait se converger toutes les émotions que les voix transmettent sans détour ni équivoque possible.
Une question pourtant : pourquoi parle-t-on d’Ibeyi davantage en dehors de la France ? Oui, nous connaissons déjà la réponse.
(in heepro.wordpress.com, le 03/01/2018)
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