Madame la Présidente,
Madame la Vice-Présidente,
Chers collègues,
Introduction
Vous nous soumettez votre projet de budget 2018 pour les secteurs action sociale, santé et famille.
Si la relative stabilité des crédits qui leur sont alloués peut paraitre rassurante à première vue, l’analyse détaillée de votre proposition budgétaire révèle une stratégie de désengagement inquiétante puisque ciblée sur des actions que nous jugeons, au groupe RCDEC – Le Rassemblement - essentielles.
I] La formation sacrifiée
En termes de formation tout d’abord.
Nous constatons, en effet, que le budget de l’action formation professionnelle et apprentissage recule de près de 20% en autorisations de programme et de 8,6% en crédits de paiement.
Nous apprenons ensuite que la ligne consacrée à la formation sanitaire diminue quant à elle de 27% en autorisations et 7% en crédits de paiement, alors que nous souhaitons développer de nouvelles formations sur le sida ou encore sur la fin de vie.
Enfin, et c’est là un signal terriblement négatif que vous avez choisi d’envoyer, la formation continue des aides-soignants et auxiliaires de puériculture voit ses autorisations et crédit en fonctionnement réduit de 22,2% ! Plus de 20 % en moins…
Selon vous, la Région ne pourrait pas combler le désengagement de pôle emploi afin d’assurer le maintien de ce budget…
On parle pourtant ici d’1million d’euros qui, au vu du manque criant de d’aides-soignants et d’auxiliaires de puériculture en Ile-de-France ne représente, vous en conviendrez, ni un montant farfelu ni une dépense superflue.
Madame la Présidente, nous ne comprenons pas le sens de beaucoup de ces choix budgétaires ?
Nous sommes bien loin des déclarations d’amour enflammées contenues dans le schéma régional des formations sanitaires et sociales. Nous ne pouvons que regretter ce double-discour.
Au-delà de ce désengagement manifeste en matière de formation sanitaire et sociale, votre budget 2018 pour l’action sociale, la santé et la famille est souvent profondément injuste.
II] Coupes dans les politiques de solidarité
En effet, vous rabotez des lignes budgétaires dédiées à la solidarité et à l’aide aux plus faibles.
Il en est ainsi des dispositifs en faveur des personnes en situation précaire avec -12% en autorisations et -17,4% en crédits. Etonnant d’autant que cet hiver est déjà particulièrement terrible pour celles et ceux qui sont à la rue.
Comment comprendre alors l’absence d’autorisations 2018 pour le programme « Centre d’accueil et d’hébergement pour personnes sans-abris » !
Il en est de même en fonctionnement pour les actions de lutte contre les discriminations ou encore concernant les études sur les besoins en matière de crèches !
Madame la Présidente, où est donc passé l’humanisme que nous partageons et que vous revendiquez ?
Les sans-abris auraient-ils disparus de notre région ? Les discriminations abolies ? Le manque chronique de crèches comblé ?
Tout ceci n’est pas vraiment à la hauteur des enjeux.
III] Baisse du soutien aux structures d’études et d’analyse régionales
Parallèlement vous réduisez les financements octroyés à certains organismes qui sont pourtant essentiels à l’efficacité des politiques publiques menées par notre Région.
Avec une baisse de 6% pour l’Observatoire Régional de Santé, remarquablement présidé par notre collègue Ludovic Toro ainsi que pour le CRIPS, que porte avec détermination Jean Spiri, vous envoyez un signal terriblement négatif et encore une fois injuste.
D’une part, parce que ces deux structures sont unanimement reconnues pour la qualité de leurs travaux et leur utilité.
D’autre part, parce que les missions que nous leur confions sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus longues et imposent au contraire un renforcement de leur budget. Comment aboutir par exemple à cette Ile-de-France sans sida, qui nous rassemble toutes et tous et qui vous honore mesdames la présidente et la vice-présidente, en baissant les crédits du bras armé de cette ambitieuse politique ?
IV] Des taux d’affectation et d’exécution trop faibles et politisés
Enfin je veux dire quelques mots sur les taux d’exécution et d’affectation de ce secteur qui sont ridiculement bas avec respectivement 72 et 61%.
Une fois encore le détail est révélateur de vos priorités politiques réelles, souvent bien éloignée de vos discours.
Pour la santé et l’action sociale, c’est 65% d’affectation et même 51% d’exécution seulement !
Pour les personnes précaires, c’est à peine 75% d’affectation.
Pire encore, on atteint péniblement 57% en affectation pour les dispositifs en faveur des personnes en situation de handicap.
Excusez-moi pour cette énumération de chiffres à la Prévert, mais il fallait rappeler la dure réalité de ces chiffres.
Ainsi les grandes déclarations généreuses qui caractérisaient vos exposés des motifs, démenties d’abord par vos choix budgétaires, révèlent une nouvelle fois leur caractère illusoire à travers l’analyse de vos taux d’exécution et d’affectation pour 2017.
Conclusion
Vos arbitrages budgétaires illustrent un ordre des priorités assez inquiétant et surtout en décalage avec beaucoup des besoins réels et quotidiens des habitants d’Ile-de-France, notamment des plus précaires. Et faute de temps, je ne peux évoquer notre inquiétude pour les déserts médicaux ou encore pour les personnes du quatrième âge et enfin l’accompagnement de la fin de vie
Ainsi madame la Présidente, les élus du groupe « RCDEC – Le Rassemblement », nous ne voulons pas être caricaturaux et nous reconnaissons des points positifs contre le VIH/sida avec l’Ile-de-France sans sida. Mais nous ne pouvons, dans le même temps, que regretter beaucoup des décisions budgétaires contenues dans cette annexe et nous alarmer de la sous-affectation et sous-exécution des lignes budgétaires dédiées aux dispositifs régionaux de solidarité.
Comme nous l’avions promis et portés devant les Franciliens en 2015, c’est un horizon bien différent que nous souhaitons leur proposer en la matière.
Celui d’une région solidaire où la santé et la dignité de toutes et de tous est une priorité absolue dans les principes mais aussi dans les crédits du Conseil régional et des élus qui y siègent.
Proust affirmait qu’« Il n’y a pas de réussites faciles, ni d’échecs définitifs. » Méditions cette pensée et osons vraiment – je vous y appelle ! - un budget plus solidaire.
Je vous remercie.