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Bonne année au pays des…généraux

Publié le 02 janvier 2018 par Alf Raza

Point de mire du 02 janvier 2018

Bonne année au pays des … généraux

Les étrennes pour cette année 2018 on été plus que bénéfiques pour nos chers gradés de la « grande muette »: une myriade d’étoiles  a de nouveau recouvert ce corps de métier opaque pour le grand public. N’ayant pas attendu la nouvelle année pour recevoir leurs étrennes, les hauts gradés de l’armée malagasy se sont félicités en petite comité, heureux des promotions, qui sont devenues désormais une tradition sous cette république. Il faut croire qu’on a les moyens de payer tous ces nouveaux « hauts gradés », 36 nouveaux généraux de brigade, 38 en incluant le médecin colonel et le colonel de la Gendarmerie nommés généraux de brigade à titre conditionnel car ils partiront à la retraite dans quelques mois.

Pour rappel, l’année passée a vu 62 nouveaux promus, dont dix des 45 généraux de brigade l’ont été à titre conditionnel, en clair ces étoilés auront, ou ont les avantages des généraux en retraite actuellement bien que n’ayant exercé que très peu de temps sous ce grade! Et oui, ça paye la carrière de militaire sous nos cieux! Je n’ai même plus envie de faire l’inventaire de la totalité des généraux en exercice ou a la retraite sous le ciel bleu de la Grande Île, à coup sûr, cela me filera le bourdon pour le restant de l’année! Et comme m’ont rabâché mes aînés durant ma jeunesse, et mon âge adulte même, « aza miady vintana amin’ny akoho fa izy aza lolohavina mandeha any an-tsena », « n’envie pas les volailles même si tu les vois portées sur la tête pour aller au marché! », laisse passer et ça ira!

Mais tout de même, on ne peut s’empêcher d’y penser: pourquoi autant d’officiers généraux dans cette armée malagasy? En a-t-on réellement besoin? Sans être un pays en guerre, sans la moindre conquête militaire à mette à son actif, La Grande île a produit plus de généraux qu’il n’en a fallu en trois décennies, des officiers qu’il fallait payer, et coûtent encore de l’argent même une fois qu’ils ne sont plus « d’actifs » avec les avantages liés à leurs grades. Autant d’argents à débourser pour un pays  aussi exsangue et démuni dans ses caisses!

En tout cas, l’année s’annonce faste pour une clique en défaveur de la plèbe qui ne récolte que des claques en retour, avec ces sempiternels problèmes d’insécurité qui sont devenus des plaies béantes et purulentes à en devenir cancérigènes à la longue. eh oui, faute de moyens comme ils disent, la population est maintenant livrée a elle-même poussée et forcée à l’auto-défense pour se protéger allant jusqu’à faire fi des principes de base universels que sont les droits de l’homme! Les vindictes populaires allant jusqu’aux lynchages se étant multipliées à en devenir une pratique acquise et incontournable! Incroyables!

Sans vouloir dramatiser, on glisse doucement vers le « modèle » somalien, ou l’État est faible et n’arrivant pas à exercer son autorité et son pouvoir a laissé les « shebab » prendre le relais et imposer leurs « lois ». Caricaturé , « shebab » signifie quoi en fait? Shebab est selon Wikipédia, une version francisée du mot signifiant « jeunesse » ou « les jeunes ». Eh bien, on est pas très loin du compte car les hommes qui se font tuer ou attraper dans les brosses comme étant des « dahalo » sont en fait tous des jeunes, de très jeunes gens même, surement désœuvrés et aigris par les attaques des « autres » « dahalo » et qui ont choisi eux aussi d’en être pour se …venger et survivre! Car il ne peut qu’être question de survie dans ces collines et ces bushs à n’en pus finir loin de toute modernité pour ne pas exagérer loin de toute civilisation! Oui, car les peuplades qui n’ont vécu qu’avec des troupeaux de bœufs se retrouvent actuellement avec des « peanuts »! Mon regretté père aimait nous conseiller la modération avec cet adage « rehefa lany ny paiso ao ankady dia ho sahirana eo nareo ankizy »,  » quand vous aurez épuisé les pêches dans le fossé, qu’adviendra-t-il de vous les enfants ».

Et c’est ce phénomène qui est en train de se produire dans la Grande île, une fois le cheptel -prisé par les « dahalo »- épuisé qu’adviendra-t-il ? Une reconversion dans d’autres activités et d’autres créneaux s’imposera de facto! Les kidnappings ne se font plus seulement en ville mais aussi dans les campagnes! Incroyables! On ne parlera plus des razzias et autres expéditions punitives de village contre village, c’est devenu monnaie courante!

Les problèmes de société sont loin d’être résolu dans la Grande île, il nous faut plusieurs générations pour redresser tout cela, si tant est qu’on ait la volonté de le faire! Car il ne faut pas se voiler la face: La Grande île a une population jeune, plus de 70% sont des « jeunes » mais avec quel avenir? Avec quelles perceptives d’avenir? Ceux qui sont passé dans les forces armées pour leurs services militaires et qui qui ont été démobilisés sans avoir été réengagés se reconvertissent dans le brigandage et attaques en bandes armées, c’est connu sans qu’on en parle, quant a ceux qui ont été réengagés grâce a des bakchichs ils sont obligé de « redéployer » leurs compétences vers d’autres activités « non avouables » pour amortir les « coûts d’entrée ». Autant ne plus parler des magouilles au niveau des prisons qui en sidérerait plus d’un ailleurs: des malfaiteurs appréhendés ou tués lors de braquages ou autres méfaits et qui logiquement devaient être en prison …en train de purger d’autres peines! Et on est encore loin du compte! Surtout avec cet exode rural accéléré corollaire inévitable de l’insécurité dans les campagnes et la baisse croissante des activités lucratives dans les zones dites « zones rouges ».

Alors, développement dites-vous? Comment? Avec tous ces zigotos qui pullulent à chaque coin de rue, au détours d’un bourg, au-delà de chaque collines…il faut être sacrément balaise pour arriver a remettre tous ça dans le droit chemin! On le sait depuis belles lurettes: il n’y pas de développement sans sécurité, et dans la Grande île, c’est loin d’être gagné!

Mais qu’à cela ne tienne, « mirary taona vaovao soa sy mahafinaritra ho an’ny rehetra » ,  » Je vous souhaite une bonne et heureuse année ».

Alf Raza 

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