June & Jennifer Gibbons
Elles sont nées le 11 avril 1963.
1 et 1.
D'un père technicien dans les forces armées aériennes et d'une mère au foyer. Deux émigrants des Barbades dans les Caraïbes. Peu de temps après leur naissance aux Barbades, la famille émigre à Haverford West, dans le pays de Galles. Elles sont parfaites jumelles et parfaitement inséparables. Elles jouent toujours ensemble et ne semblent faire qu'un. Elles parlent toutes deux le bajan créole et parlent avec une élocution extrêmement rapide et avec un tel accent fort des Caraïbes que les gens du pays de Galles ne les comprennent tout simplement pas.
Comme elles sont aussi les seules enfants noires de la région, elles sont très rapidement ostracisées. C'est un lourd traumatisme pour les deux filles. Elles sont si intimidées par les autres élèves que la direction les fait quitter plus tôt que les autres afin qu'elle ne soient pas taxées en dehors des classes. J & J s'inventent un langage entre elles depuis toujours. Un langage incompréhensible pour tout le monde sauf elles. Une idioglossie. Une cryptophasie. Elles finissent par ne communiquer qu'entre elles et parfois, avec leur plus jeune soeur.
À l'âge de 14 ans, déjà une succession d'orthophonistes, de spécialistes du langage, de psychologues et de thérapeutes ont beaucoup essayé de les faire communiquer avec les autres. Rien à faire. À deux, elles ne font qu'un. On les as séparés dans deux écoles secondaires différentes, ce qui a un effet dévastateur. Elles développent toutes deux des comportements schyzophrènes, de longues périodes passives rappelant beaucoup la catatonie.
Bien assez vite elles seront non seulement retirées des écoles, mais jamais réintégrées ailleurs. Elles s'enferment dans leur chambre et passent la journée ensemble. À s'amuser et se comprendre dans leur langue étrangère pour tous, mais pas pour elles. Elles s'inventent des histoires, les enregistrent parfois sur magnétophone et les présente en cadeau à leur parents et/ou à leur jeune soeur. À 16 ans, pour Noël, elles ont toutes deux des journaux intimes. Inspirées, elles écriront beaucoup dedans. Un langage beaucoup plus compréhensible et universel. Elles suivront un cours par correspondance de création littéraire.
Elles écrivent beaucoup d'histoires, séparément, qui ont toujours comme trame des histoires de jeunes hommes ou de jeunes femmes, presque toujours à Malibu, en Californie, exhibant des comportements étranges ou tout simplement criminels.
Dans The Pepsi-Cola Addict de June Gibbons, le héros est un jeune homme de l'école secondaire, séduit par une enseignante, et est ensuite envoyé dans une école de réforme, où un gardien homosexuel lui fait quelques passes non anticipées.
Dans The Pugilist de Jennifer Gibbons, un physicien désespéré veut sauver la vie de son fils qui a de sérieux problèmes cardiaques et tue le chien familial afin de lui prendre son coeur et le transplanter à son fils. Le fils commence à adopter des attitudes de chien et finira par venger la mort du chien. Dans Discomania de Jennifer, une jeune femme découvre une discothèque où le propriétaire incite tout le monde à la violence extrême. Toujours de Jennifer, The Taxi Driver's Son est une extension du film de Scorcese de 1976.
Leur nouvelles sont publiées par une petite maison d'éditions appelée New Horizons. Elles tentent de vendre plusieurs de leurs histoires aux magazines importants et payant, sans succès. Après avoir fréquenté un peu des gars de l'armée que leur père à mis en contact avec les jeunes femmes, J & J choisissent de vivre du crime elles-mêmes. Elles mettent le feu pour rien, volent, créé du désordre, on les placera dans un institut de soins mentaux: Broadmoor. Ayant choisi le silence public, elles écoperont de 14 ans à Broadmoor. Elles écriront à la reine afin qu'on les libère. On leur donne des psychotiques sur une base régulière. Elles testent toutes les deux assez fort au niveau du Q.I. ce qui fera dire à certains: sommes nous en train de freiner des génies?
Elles peinent maintenant à se concentrer et Jennifer développe même une dyskinésie tardive. Elles écrivent encore, mais moins, et toujours de manière lugubre. June écrit que vivre sans son ombre se traduirait tout simplement par le meurtre...une phrase qui viendra la hanter. Elles joignent la chorale, ce qui semble les impliquer davantage dans un groupe. Mais elles ne se parlent toujours qu'entre elles.
Elles font le pacte que si l'une d'elle décède, la seconde doit commencer à vivre une vie normale avec les autres en société. Après de longues discussions, Jennifer accepte d'en être le sacrifice. En mars 1993, elles ont 29 ans. Alors qu'un transfert des jumelles est prévu dans une nouvelle clinique moins austère. Jennifer n'est pas réveillable. Elle semble avoir été victime d'une myocardite qui lui cause une inflammation cardiaque. Aucune trace de poison ou de drogue. Sa mort reste un mystère. June prétend que depuis quelques jours Jen se comporte bizarrement, son langage est pâteux et peu claire même pour June et Jen soutient qu'elle se laisse mourir. Dans le trajet les menant dans la nouvelle clinique, Jen dort les yeux ouverts sur les genoux de June, avant de ne plus respirer du tout.
June affirme qu'elle peut enfin vivre, ce qu'elle fera, accordant des entrevues à des magazines et des journalistes. Elle vit tranquillement près de chez ses parents à West Wales. Elle n'a plus de suivi psychiâtrique.
Leur autre soeur a voulu poursuivre la clinique de Broadmoor, mais les parents ont refusé prétextant que ça ne ramènera pas Jennifer.
June aura 55 ans en avril prochain.
25 ans, sans son ombre.