Pourquoi j'ai aimé le cinéma en 2017

Par Tred @limpossibleblog
Ce qui fait la grandeur d’une année cinéma ne saurait se résumer à une liste de 10 films. Ce sont parfois des impressions plus larges, des films pas si grands que ça mais qui ont su toucher à un moment opportun, ou même des films plus anecdotiques mais dont un détail, ou une idée, ont pu le rendre plus mémorable qu’attendu. Alors tous les ans, j’aime rendre hommage à ces anecdotes, ces détails, ces impressions, ces moments qui ont contribuer à marquer mon année dans les salles obscures, ou autour d’elles… Alors voilà pourquoi j’ai aimé le cinéma en 2017... Parce qu'Ang Lee filme ses personnages les yeux dans les yeux. Parce que Thierry Frémaux a l’art d’attirer notre regard sur les détails qui font le sel des films - même s’il abuse des superlatifs - dans “Lumière !”. Parce que “Moonlight” et “Les figures de l’ombre” m’ont fait tomber amoureux de Janelle Monae. Parce que ce sont des aquarelles qui prennent vie quand les contes du monstre se font entendre dans “Quelques minutes après minuit”. Parce que j’ai vu “Police Fédérale Los Angeles”, “Barry Lyndon”, “Les aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin”, “Taipei Story”, “Excalibur” et “Kids Return” sur grand écran. Parce que “The Fits” ne nous fait jamais quitter le centre où boxe et danse se côtoient. Parce qu’il ne m’a fallu que quelques minutes et un embouteillage enchanté dans les artères de Los Angeles pour comprendre que “La La Land” allait m’emballer. Parce que la séquence d’attaque nocturne, dans “Nocturnal Animals”, est longue, intense, angoissante, cauchemardesque. Et qu’Amy Adams est incandescente dans ce film. Parce que M. Night Shyamalan est revenu à son meilleur. Parce que j’ai enchaîné les deux Baahubali au Publicis à quelques jours d’intervalle. Parce que j’ai vu “Bottle Rocket”, le premier long-métrage de Wes Anderson, sur grand écran, au Publicis, en présence de Wes Anderson qui a parlé du film et de sa carrière après la projection pendant près d’une heure. Parce que j’ai vu 137 films coréens cette année. Mais la plupart, pas dans une salle de cinéma. Parce que j’ai survécu à la projection de “Fences” de Denzel Washington, qui fut l’une des plus pénibles de ma vie. Et aussi à celle de “mother!”. Parce qu’on ne dit jamais assez à quel point le cinéma de Kelly Reichardt est beau. Parce que je ne suis pas allé voir “Justice League”. Parce que “20th Century Women” m’a donné envie de traverser l’écran. Parce qu’Alban Ivanov a débarqué dans le cinéma français. Et qu’en plus Toledano et Nakache l’ont associé à Vincent Macaigne. Parce que j’ai aimé un film d’Aki Kaurimaski et un film d’Arnaud Desplechin, et que c’est rare. Parce que j’ai découvert les coulisses de l’Opéra de Paris, de la Bibliothèque municipale de New York, d’un cinéma roumain et d’un hôpital psychiatrique. Parce que je me suis perdu dans la jungle amazonienne avec Percy Fawcett, et que les images que James Gray m’a montrées resteront longtemps gravées en moi.

Parce que Zorro, c’est Esteban. Parce que Florence Pugh est électrisante en Lady Macbeth. Parce que deux films de Hong Sang-soo et deux films de Terrence Malick sont sortis en salles. Malheureusement il y a aussi eu deux Ridley Scott. Parce que j’ai vu un film de super-héros italien, et qu’il n’a rien à envier aux films de super-héros hollywoodiens. En fait il était même mieux qu’eux, Jeeg Robot. Parce qu’il y a le mec dont le téléphone fait pas mail dans “Problemos”. Parce que Samuel L. Jackson lit avec force les mots de James Baldwin dans “I am not your negro”. Parce que ce sont probablement quelque part deux nanars, mais moi j’ai trouvé ça assez fun, en fin de compte, “La Grande Muraille” de Zhang Yimou et “Le Roi Arthur” version Guy Ritchie. Si si. Parce que j’ai rencontré l’égérie du cinéma indépendant coréen Kim Sae-byuk, et dîné avec l’acteur montant Lee Je-hoon. Parce que je pourrai faire un billet entier de ce style sur la verve des personnages de “Free Fire” de Ben Wheatley. Parce que la séquence de spectacle de la mi-temps dans “Un jour dans la vie de Billy Lynn” m’a retourné. Parce qu’il y a quelque chose de fascinant et terrifiant dans le “Creepy” de Kyoshi Kurosawa. Parce que “Chercher la femme” parvient à être drôle et fin sur un sujet casse-gueule. Parce que Fares Fares a la classe en flic égyptien.
Parce qu’en quelques plans, Christopher Nolan rend limpide un schéma narratif audacieux.
Parce que je ne sais toujours pas vraiment quoi penser de ce monstre sexuel tapi dans l’ombre de “La région sauvage”.
Parce que c’est Steve Zahn qui donne vie à Bad Ape.
Parce que soudain, dans “A Ghost Story”, “I get overwhelmed” résonne.
Parce qu’Avril, c’est Emma Suarez.
Parce qu’on a eu droit à un Johnnie To sur grand écran cette année, et que ça devient trop rare.
Parce que “Lumières d’été” et “Dans un recoin de ce monde” m’ont propulsé à Hiroshima, dans la douleur et pourtant dans la beauté.
Parce que Nahuel Pérez Biscayart a déboulé sur grand écran et tout emporté sur son passage.
Parce que Kirk a fêté les 101.
Parce qu’il y a eu la semaine du 30 août, qui nous a apporté d’un seul coup “Wind River”, “Petit Paysan”, “Patti Cake$” et “Gabriel et la montagne”.
Parce que les frères Safdie m’ont montré que Robert Pattinson est peut-être un grand acteur.
Parce que “Faute d’amour” confirme (une fois de plus) que Zviaguintsev est un sacré cinéaste.
Parce que je n’avais pas envie d’une suite à “Blade Runner”, mais Denis Villeneuve m’a fait changer d’avis.
Parce que j’étais énervé que “120 battements par minute” n’ait pas eu la Palme, mais après j’ai vu “The Square”, et mon énervement a disparu.
Parce qu’on croise ceux qui ont connu Gabriel avant que celui-ci aille se perdre en montagne.

Parce que Steven Soderbergh a engagé Daniel Craig pour jouer Joe Bang.
Parce qu’Albert Dupontel fait du cinéma.
Parce qu’Eric Caravaca nous a raconté l’histoire de sa famille.
Parce que le tennis, finalement, ça peut être cinématographique.
Parce que le Festival du Film Coréen à Paris a fêté la 12ème. Et que j’ai hâte de participer à la préparation de la 13ème.
Parce que Joachim Trier est retourné en Norvège.
Parce que Coco attend toujours le retour de son papa.
Parce que Bruno Sanches joue tous les lutins de Santa. Parce que John C. Reilly le mouton dit “You wash, I dry”, et que s’ensuit un étrange ballet sensuel de nettoyage auto avec koala en slip de bain et mouton dans “Tous en scène”.
Parce que Jack Black joue très bien l’adolescente populaire paumée dans la jungle.
Parce que j’ai pu voir Okja et Colossal sur grand écran grâce à Emma et Aurélien. Merci les amis.
Parce que Patti Cake$ fait participer sa grand-mère.
Parce que j’ai vu “The Endless” et “Tigers are not afraid” au PIFFF.
Parce que j’ai vu une troisième fois sur grand écran “Memories of Murder” de Bong Joon-ho.
Parce que j’ai vu des films venus de 28 pays différents.
Parce que le fantôme de Casey Affleck veut lire ce que Rooney Mara a écrit sur ce petit bout de papier coincé dans le mur. Parce que dès que je le peux, je vais voir un film au Publicis ou au Max Linder plutôt que dans un autre cinéma.
Parce qu’Harry Dean a eu droit à un premier rôle.
Parce que Sebastian et Mia échangent ce sourire plein de tristesse quand elle sort de Sebastian’s.
Parce que j’ai écouté le conseil de Jean-Paul “Plastic Man” et que je suis allé voir “The Master” à la Cinémathèque. Ou plutôt “Le Mastère”, avec l’accent de Jean-Paul. Merci Jean-Paul.