La Lyonnaise, victorieuse du triple saut avec 14,69m, s'est emparée du record de France. La voilà parmi les meilleures mondiales»
Betty Lise devait pressentir que son record de France du triple saut (14,50m, le 2 août 1997 à Athènes) n'en avait plus pour très longtemps lorsqu'elle est venue à la rencontre de Teresa Nzola-Meso-Ba la semaine dernière au meeting de Paris - Jean-Bouin. « Mon concours de la longueur ne s'était pas très bien passé, raconte la Lyonnaise. Elle m'a dit que ce n'était pas très important. De mon côté, je ne lui ai pas dit, mais j'ai pensé très fort que j'allais lui prendre son record. » Ça n'a pas traîné !
Déjà, Nzola s'était approchée à un centimètre début mars pour monter sur la troisième marche des championnats d'Europe en salle à Birmingham (14,49m). Hier à Munich, il n'y a pas eu photo. En retombant à son quatrième et dernier essai à 14,69m, la jeune Lyonnaise améliore le record de 19cm, réalisant au passage les minima pour les Mondiaux d'Osaka (25 août - 2 septembre). Jointe hier soir dans sa chambre d'hôtel à Munich, elle raconte : « Il y avait du vent tourbillonnant. Je mords mon premier essai. Au deuxième, je veux assurer le coup pour l'équipe (13,97m). Ensuite, je me suis libérée. Mon troisième essai me rassure (14,16m), mais le public était occupé par une course. Pour le dernier, je l'ai appelé à m'aider, ça me pousse encore plus ! Je voyais les autres filles autour de 14,40m ou 14,50m. Je me suis dit : faut y aller ! Mais j'avoue que je ne pensais pas aller si loin »
Denoix : « Ni surpris, ni épaté »
Elle évoque des sensations encore inconnues : « J'ai senti tout de suite que ça partait bien. Je me suis dit : faut tirer, faut tirer, pour soigner le ramener. J'avais l'impression d'être au ralenti et de me voir sauter comme si j'étais spectatrice. J'en étais presque paniquée (rire). Mais qu'est-ce qui m'arrive ! J'ai vu la trace, j'ai su que c'était allé loin. »
Resté à Lyon, son entraîneur Zoran Denoix reste mesuré : « Je ne suis ni surpris, ni épaté. Elle avait ce record dans les jambes. C'est en revanche un soulagement. On montre que ce que nous faisons, ça marche. Mais notre objectif reste Pékin 2008. On construit les bases psychiques et physiques pour réussir là-bas. »
Hier, Nzola (23 ans) a en tout cas envoyé un signal en se « payant » la Grecque Devetzi (2e, 14,58m), vice-championne olympique et d'Europe en titre. « Ce n'est pas n'importe qui, relève-t-elle. Il me reste maintenant à battre ma copine (ndlr : la reine de la discipline, la Russe Lebedeva). » Elle sourit aussitôt de son audace, mais derrière la blague, la Lyonnaise sait trop qu'elle fait désormais partie des meilleures spécialistes mondiales (2e européenne, 3e mondiale aux bilans). Sans s'emballer : « Jusqu'à maintenant, je vis une saison de rêve ! Mais il va falloir se calmer et se remettre au travail pour préparer les championnats de France et les Mondiaux. »
Benjamin Steen