La Fondation Pierre et Nouky Bataillard a pour objet:
- soutenir et promouvoir toute action visant à la protection de la nature et des animaux;
- apporter une aide ponctuelle à la création artistique sous toutes ses formes;
- assurer la protection et la promotion de l'oeuvre de ses fondateurs.
En 2016 cette fondation a lancé un concours littéraire de nouvelles sur le thème de la nature. Elle a reçu 86 nouvelles et a publié, le 18 mai 2017, le palmarès établi par son jury, composé de Nouky Bataillard, Christian Ciocca, Andonia Dimitrijevic, Françoise Fornerod et Barbara Fournier:
1er prix : Le phare, de Véronique Timmermans
2e : La question, de Mathieu Mégevand
3e : Rendez-vous millénaire, d'Anne Gidey
Ces trois nouvelles et les quatre meilleures suivantes ont été réunies dans un recueil, publié par L'Âge d'Homme en novembre 2017.
Le narrateur de Véronique Timmermans est gardien de phare. Il raconte sa solitude relative - le chat Anasthase la partage - pendant que plusieurs jours de tempête se succèdent et que les réserves s'épuisent:
Aujourd'hui encore rien n'y fait, le mal de mer me terrasse dès l'instant où mes pieds quittent la terre ferme. Gardien de phare, c'est presque marin pour ceux qui comme moi ne peuvent naviguer.
Pour aller à son travail, le narrateur de Mathieu Mégevand passe tous les jours devant une vache, dans un pré, et se demande si elle n'est que fonctions, un corps qui marche, qui beugle et défèque, qui rumine puis somnole:
Plusieurs fois j'ai cru déceler en toi autre chose qu'un amas de muscles accroché à des os. Après la naissance de mon fils, il m'a semblé retrouver dans tes yeux un peu de ce que je voyais dans les siens.
Anne Gidey fait parler deux êtres vivants tour à tour, Mahpiya et l'autre. Leurs deux peuples se déchiraient depuis des temps immémoriaux dans des luttes de territoire, se disputant les mêmes proies, pensait l'autre.
Mahpiya le voyait hésiter: qui de nous deux était la proie, qui de nous deux le prédateur? Quand elle lui avait sauvé la vie et avait prouvé qu'elle était prête à mourir pour lui, il s'était posé la question: Et moi, étais-je prêt à mourir pour elle?
Dans L'homme et le cerf, François Jolidon fait parler un cerf et un homme. Le cerf observe l'homme, pas rassuré. L'homme est pourtant prêt à sympathiser. Le cerf aux douze bois précieux les baisse quand l'homme se blesse.
Le cerf devient le protecteur de l'homme. Il le veille quand il dort. Quand il se réveille, il le voit prêt à reprendre son chemin. A présent il peut se sauver sans lui... Mais ses semblables sont capables du pire comme du meilleur...
Dans Comme un rêve d'opaline, la jeune femme de Florence Cochet reprend connaissance au milieu de la nature: Elle était couchée en lisière d'une clairière ensoleillée, au pied d'un frêne, reconnaissable à ses grappes de graines ailées.
Elle est pourtant mal en point, soumise qu'elle est à des poumons capricieux: A l'ordinaire il lui aurait été impossible de profiter de cette balade, alors avancer d'un pied léger vers un invisible sommet tenait de l'instant de grâce.
Avec DameNature 2.0, François Rouiller emmène le lecteur dans le futur. Son narrateur capture avec son oeil électronique une belle passante, rousse, nostalgique, inaperçue des autres. Mais il finit par la perdre de vue, hélas.
Même avec ses limiers numériques, avec ses logiciels pisteurs, il n'arrive pas à l'identifier: pourtant tout habitant de la planète, dès l'instant où un échographe le surprend dans un ventre maternel, est immanquablement fiché...
Avec Olivier Chappuis, c'est Jour de fête. Casimir est membre des Nostalgiques Anonymes. Son addiction? Il ne supportait pas que la nature soit radicalisée, conditionnée, domptée de la tige à la racine. Mais il est en voie de guérison.
Liza, sa compagne, lui a donc préparé un délicieux repas pour fêter les treize ans du couple qu'ils forment, accompagné d'une bouteille de vin rouge aux sulfites ammoniaqués et elle a rajouté une pincée d'antibiotiques dans le gigot...
Francis Richard
Natures, Nouvelles, 120 pages, L'Âge d'Homme