Des bactéries intestinales bien utiles contrent la tendance à la dépression, montre cette étude danoise, ici chez l'animal. Précisément, ce sont des bactéries lactiques et elles peuvent contribuer à prévenir le type de dépression lié à un mode de vie malsain. C'est à lire dans la revue Brain, Behavior, and Immunity.
Les chercheurs de l'Université d'Aarhus rappellent les effets bénéfiques maintenant bien documentés de ces micro-organismes ou probiotiques, pour la santé intestinale, mais aussi pour le cerveau, via cet axe intestin-cerveau. Leur étude soutient l'hypothèse des effets nocifs d'une alimentation malsaine à la fois sur la santé physique et mentale, et la possibilité d'inverser ces effets par des bactéries bénéfiques ou probiotiques.
L'équipe a nourri des rats avec une alimentation riche en graisse et sans fibres et un groupe a simultanément reçu un mélange de bactéries lactiques, dans leur eau de boisson. Les rats à régime alimentaire riche et sans probiotiques développent un comportement " dépression-like ", les rats supplémentés en probiotiques voient leur comportement inchangé : précisément, au bout de 12 semaines, les rats privés de probiotiques se comportent de manière passive et sont dans l'incapacité de faire face à une situation stressante (test de nage). En d'autres termes, écrivent les chercheurs dans un communiqué " les probiotiques contrent les effets d'un régime alimentaire malsain ".
Les rats privés de probiotiques présentent rapidement un nombre accru de globules blancs dans leurs tissus cérébraux, un marqueur d'inflammation chronique, ce qui n'est pas constaté chez les rats ayant reçu les probiotiques. Les probiotiques semblent " reprogrammer " le système immunitaire, en particulier en cas de régime riche et en " faisant du bien " aux intestins, affectent également de manière bénéfique le cerveau et préviennent ainsi la dépression.
Des bénéfices possibles des probiotiques contre la dépression : ces résultats doivent encore être validés chez les personnes souffrant de dépression, cependant les auteurs parient sur les bénéfices possibles des probiotiques chez certains patients dépressifs : " Il y a de plus en plus de recherches qui suggèrent qu'un régime alimentaire malsain contribue au déclenchement ou à la prolongation d'une dépression. Les probiotiques peuvent contribuer à atténuer les symptômes dépressifs, permettre aux patients de sortir du cercle vicieux régime malsain et dépression et finalement apporter le petit coup de pouce nécessaire pour changer de mode de vie ".
Maladie psychiatrique et somatique sont bien souvent liées : l'étude soutient, ainsi et à nouveau, que la dépression ne doit pas toujours être considérée comme une maladie qui se développe uniquement sur la base de déséquilibres chimiques dans le cerveau et que notre microbiote peut jouer un rôle important. Avec les récentes études qui documentent ce fameux axe intestin- cerveau, cette recherche contribue à tisser le lien entre maladie psychiatrique et somatique.
L'étude contribue ainsi à la réflexion sur la manière dont les probiotiques interagissent avec les bactéries intestinales existantes puis affectent le corps entier, dont le cerveau, une réflexion qui permettra à terme de mieux identifier les bénéfices des différents probiotiques et les patients pouvant en bénéficier.