Sébastien Spitzer relate non seulement les derniers jours du régime nazi, mais offre surtout les destins croisés de quelques rescapés des camps de concentration, tentant d’échapper aux dernières représailles, et de Magda Goebbels, attendant une mort certaine aux côtés de ses enfants, de son mari, du Führer et d’autres vaincus qui se terrent au fond d’un bunker à Berlin.
Sous terre, l’épouse du Ministre de la Propagande du Reich, Joseph Goebbels, se souvient de ses origines modestes, de son ascension fulgurante et de ses années de gloire en tant que première dame du régime nazi. Parmi les survivants de l’horreur qui rassemblent leurs dernières forces sur des routes qui ne mènent pas forcément vers la liberté, Aimé, Judah, Fela et surtout la petite Ava, née dans le bloc 24-A d’Auschwitz, sont détenteurs d’une vérité qu’il sera impossible de nier, à l’image de ce rouleau de cuir contenant les témoignages de nombreux prisonniers, dont des lettres écrites par un certain Richard Friedländer, juif déporté et père adoptif de Magda Goebbels…
Si la force du sujet est indéniable, il faut surtout saluer l’intelligence de l’auteur, qui utilise le père de Magda Goebbels et les lettres fictives à sa fille adoptive afin de lier le parcours des bourreaux et de leurs victimes, tout en relatant des faits historiques innommables avec grande justesse et sans pathos. En invitant le lecteur dans l’intimité et la psychologie profonde de personnages de chair et sang, il insuffle une part d’humanité à des faits qui en sont pourtant dépourvus. Si ce sont surtout les personnages féminins, allant de Magda Goebbels à la petite Ava, en passant par la reporter de guerre Lee, qui s’installent au diapason de ce récit d’une force incroyable, le jeune hongrois Judah n’est pas en reste. À l’instar du récit, tous se mettent entièrement au service d’un devoir de mémoire d’une importance capitale.
Un premier roman qu’il faut donc impérativement lire !
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