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José Rizal disait: "Les hommes sont nés égaux, nu et sans chaînes". Lors de ma visite du Fort Santiago de Manille, j'ai pu en apprendre beaucoup plus sur l'histoire d'un pays ravagé par les guerres civiles et les révolutions avant d'atteindre son statut de pays indépendant. Cette citadelle a été construite de 1590 à 1593 par le conquérant espagnol Miguel Lopez de Legazpi (puisque les Philippines étaient colonisées en grand partie par l'Espagne). C'est l'une des prisons les plus connues du pays y ayant enfermé de nombreux héros nationaux (à titre posthume) et martyrs dont l'écrivain révolutionnaire José Protasio Rizal Mercado emprisonné puis fusillé le 30 décembre 1896 le jour suivant son jugement.
Cet édifice forme la pointe péninsulaire de la partie ancienne de la ville qui est appelé "Intramuros". Actuellement rebâtie en musée-sanctuaire, il retrace l'histoire de Rizal, ses œuvres, ses engagements depuis son arrestation jusqu'à sa mort. À l'intérieur de la prison on retrouve des restes de vêtements portés, ses affaires personnelles, et une histoire de son jugement racontée. Dans une salle spécifique, une partie de ses lettres et textes écrits on été conservés. À l'extérieur, gravés au bronze dans le sol on y trouve les derniers pas qu'il a effectué depuis sa cellule jusqu'à son lieu d'exécution. Ainsi considéré par les Philippins comme le plus grand des héros national pour avoir influencé le succès de l'indépendance, un monument commémoratif a été édifié en son honneur dans le centre de la vieille ville. On peux y lire en-dessous de la statue l'inscription: "Je veux montrer à ceux qui nous refusent le droit au patriotisme que quand nous savons nous sacrifier pour notre devoir et nos convictions, qu'importe la mort si on meurt pour ce qu'on aime, pour sa patrie et pour les êtres qui nous sont chers".
"Intramuros" est donc le quartier le plus ancien et le plus traditionnel de Manille. Les rues sont bordées de petits magasins de fabrications artisanales (colliers, souvenirs divers fait en bois et tissus), des restaurants traditionnels mais également beaucoup d'églises. Ces dernières, toutes sans exceptions ont la particularité d'avoir leurs portes ouvertes quelque soit l'occasion ou le jour. En effet, il est par exemple possible d'assister à une cérémonie de mariage en tant que spectateur extérieur sans avoir besoin d'invitation. Au cœur de la ville, j'ai aussi eu l'occasion de faire un voyage dans le temps et de visiter le Manoir-musée de Manille. Somptueusement aménagé, il offre un aperçu intrigant de la vie domestique du XIXe siècle aux Philippines et relate l'histoire sociale pendant l'ère coloniale espagnole.
Cette reproduction d'un grand manoir du XIXe siècle, décoré et meublé dans un style d'époque authentique, est typique des maisons des familles philippines riches, offrant un aperçu fascinant d'une époque révolue. Le musée est réparti sur trois étages, le principal espace de vie occupant le premier, accessible par un grand escalier. On peut y admirer des meubles anciens de Chine et d'Europe, ainsi que des objets fabriqués par des artisans locaux, des œuvres d'art, des sculptures et d'autres objets de décoration fine qu'une famille riche aurait aimé accumuler. Une caractéristique intéressante de cette période de l'architecture est le manque de charnières sur l'une des portes et la composition surprenante de la cuisine où l'on peut s'imaginer le personnel domestique qui travaille et transporte les lourdes casseroles dans la chaleur intense du four à charbon (qui ressemble d'ailleurs à celui d'un pizzaiolo), alors que la famille patientait en attendant un délicieux festin autour d'une table de 18 places de la salle à manger, refroidie par le punkah, un ventilateur de plafond actionné manuellement pour leur confort et celui de leurs invités. Après avoir exploré à fond la maison, j'ai pu admirer dans la cour la fontaine décorative qui en constitue la pièce maîtresse. Entouré de nombreux balcons dans une atmosphère très shakespearienne.
Comme je l'indiquais dans mon journal précédent, l'ouverture d'esprit et la sympathie des Philippins est un fait très marquant, surtout en dépit du fait que les inégalités sociales sont très présentes dans ce pays. Car en dépit de leurs difficultés financières, la pauvreté et la misère qui fait contraste avec la richesse des quartiers du bord de mer, ils ne perdent pas leur sourire et je n'ai senti aucun signe d'agressivité ou de rancœur de leur part mais au contraire, de la générosité et une notion de vouloir partager. Il n'est pas rare de croiser dans la rue une vingtaine d'enfants en même temps, pieds nus - la plupart sortant littéralement d'endroits confinés, poussiéreux et lugubres leur servant de maison -, avec des habits troués, et jouer au ballon en étant souriants et enjoués, comme si ce simple bonheur de s'amuser ensemble leur suffisaient.