Ce très célèbre tableau, autrefois attribué à Lucas de Leyde, combine deux épisodes consécutifs du texte de la Genèse.
Anonyme anversois, vers 1525-1530, Louvre, Paris
La fuite de Loth et de sa famille
Averti par les anges de la destruction imminente des villes de Sodome et Gomohrre, Loth quitte la ville avec ses deux filles, un âne et sa femme. Mais celle-ci, se retournant malgré l’interdiction, est transformée en statue de sel.
L’ivresse et l’inceste
« Loth monta de Soar et resta dans la montagne, et ses deux filles avec lui ; il craignait en effet de rester à Soar et il resta dans une grotte, lui et ses deux filles. Et l’aînée dit à la cadette : notre père est vieux et il n’est resté aucun homme sur cette terre qui puisse venir sur nous selon l’usage de toute la terre. Viens, enivrons le et dormons avec lui, pour pouvoir perpétuer la race de notre père. C’est ainsi qu’elle donnèrent du vin à boire à leur père cette nuit, et l’aînée dormit avec son père. » Genèse XIX,30-32
Ici la grotte est remplacée par un campement de trois tentes.
On connait quatre autres versions de ce tableau, ce qui prouve son succès à l’époque. Elles sont en format horizontal, comportent moins d’éléments est sont plus aisées à analyser.
Loth et ses filles
Anonyme, 1515-1525, Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam
Loth et ses filles
Anonyme, collection privée
La composition est binaire :
- à droite, au niveau de la mer, l’épisode 1, la destruction ;
- à gauche, dans la montagne, l’épisode 2, la perpétuation de la race.
Dans le tableau du Louvre, Loth proposait une coupe de vin à la soeur aînée. Ici, il la tend à la soeur cadette pour qu’elle le remplisse. Celle-ci, dans les deux tableaux, transvase dans un carafon le contenu d’une bonbonne sphérique, dont un second exemplaire est posé sur le sol.
Il est tentant d’associer le carafon, placé entre les deux bonbonnes, à Loth, qui est littéralement « rempli » par ses deux filles.
Le couple arbre vivant/arbre mort marque bien la frontière entre les deux domaines. On peut également voir, dans la torche qui éclaire les survivants, l’écho pacifié de la colère divine qui dévore la cité.
Les deux salamandres qui se flairent aux pieds du couple ont dans ce contexte un double sens très particulier :
⦁ en tant qu’animal échappant aux flammes, elles symbolisent les survivants ;
⦁ en tant qu’animal terrestre,proche cousin du serpent, elles soulignent le côté bestial de l’accouplement annoncé.
La Fuite en Egypte,
Durer, série de la Vie de la Vierge, 1511
Paysage avec Saint Christophe
Patinir, 1520-24, musée de l’Escorial
(cliquer pour voir l’oeuvre en entier)
L’idée du couple de salamandres vient probablement de la gravure de Dürer. Elle a été reprise (ou réinventée) par Patinir. Le symbolisme habituel de la salamandre est celui du bon Chrétien qui, tel Daniel dans la fournaise, résiste aux flammes du péché. Mais il ne semble concerner aucune de ces trois oeuvres.
Des iconographies similaires
Paysage avec la destruction de Sodome et Gomhorre
Patinir, vers 1520, Musée Boymans van Beuningen, Rotterdam
Patinir est ici fidèle à sa réputation de premier paysagiste d’Europe : les météores divins se résument à un rougeoiement dans les nuages, et les protagonistes de l’histoire sont réduits à des miniatures, quoique parfaitement fidèles au texte.
La femme de Loth, minuscule, se situe au centre du tableau, sur la diagonale qui sépare les deux régions.
En bas à droite, Loth et ses filles sont guidés par deux anges.
Il faut une bonne loupe pour se faire une idée de la suite.
Loth et ses filles
Wolfgang Krodel der Alter, 1528 ,Kunsthistorisches Museum, Wien
Loth et ses filles
Lucas Cranach l’Ancien, 1528 Kunsthistorisches Museum Wien
L’école allemande déclinera le thème à l’envie, en s’intéressant plutôt aux filles incestueuses qu’aux villes incendiées.
Un cousin proche : Jan Wellens de Cock
La qualité picturale du tableau du Louvre ne permet pas de l’attribuer à Jan Wellens de Cock, peintre à la touche moins précise. Mais ce dernier s’en est clairement inspiré dans plusieurs de ses oeuvres
Loth et ses filles
Dans les deux versions de Loth et ses filles attribuées à Jan Wellens de Cock, les personnages sont très similaires à ceux du tableau du Louvre : la fille cadette verse le vin avec le même geste serpentin, et la fille aînée est enlacée par son père. Seule différence notable dans la composition : Loth ne se trouve pas entre ses deux filles, mais à droite. La scène de la destruction de la ville, traitée à la va-vite n’occupe qu’un quart de la composition. On distingue la femme de Loth statufiée, tandis que le reste de la famille grimpe la pente, précédé par un ange et un troupeau de moutons.
Loth et ses filles
Jan Wellens de Cock, Collection privée
Cette version a repris la tente rouge en contrebas, abritant ici une marmite sur un foyer.
Loth et ses filles
Jan Wellens de Cock, 1523, Detroit institute of arts
Image haute définition : https://www.dia.org/art/collection/object/lot-and-his-daughters-38145
Cette oeuvre est celle dont la composition se rapproche le plus de celle du Louvre : chemin qui serpente, diagonale descendante séparant les deux épisodes, arche dans le roc marquant la rupture temporelle : les moutons qui précédent la caravane dans la scène de la Fuite s’attardent sous l’arche dans celle de l’Inceste.
Les deux bouteilles mises à rafraîchir dans le ruisseau, la sandale ôtée et la braguette apparente trivialisent les allusions beaucoup plus subtiles du tableau du Louvre : bonbonnes accolées renvoyant au couple, genou de Loth désignant la fente de la tente.
Les deux cigognes, l’une en l’air volant vers l’autre qui pèche dans le ruisseau sont peut être une fine allusion à la situation des filles de Loth donnant à boire à leur père :
« le petit de la cigogne aime tellement son père que lorsque celui-ci vieillit, il le sustente et le nourrit. » Aristote, De historia animalium, IX, 13, 615b 23-27
Le squelette d’équidé
Loth et ses filles, Louvre
Au tout premier plan du tableau du Louvre, le squelette d’équidé ne passe pas inaperçu.
Triptyque avec la Crucifixion et des donneurs
Pseudo Jan Wellens de Cock, vers 1525, Rijksmuseum, Amsterdam
St Christophe,
Attribue a Pieter Huys, Collection particulière
Cliquer pour voir l’oeuvre en entier
Haute résolution : https://www.rijksmuseum.nl/nl/collectie/SK-A-1598
Le squelette fonctionne chez les suiveurs comme une simple citation dans deux contextes différents, sans intention symbolique particulière.
La route sur pilotis
La tentation de Saint Antoine
Jan Wellens de Cock, 1526, Fine Arts Museum, San Francisco
Légende de Saint Christopher,
Jan Wellens de Cock, 1526, Detroit Institute of Arts
Cliquer pour voir l’oeuvre en entier
Le motif de la route sur pîlotis intervient dans deux oeuvres de Jan Wellens de Cock, mais à titre purement décoratif, sans être intégré dans la narration.
Il reste de cette étude comparative l’impression que le tableau du Louvre est l’oeuvre-source, dont découlent les variantes en format horizontal, et les tableaux de Jan Wellens de Cock qui puise sans vergogne dans les inventions du Maître inconnu.
Il est temps d’en venir désormais à cette oeuvre maîtresse, en résumant les deux interprétations qui en ont été données jusqu’ici. [1]
L’interprétation de Thürlemann [2]
Le rocher anthropomorphe
« Dans le coin supérieur gauche, le rocher nu, rougeâtre et gris, surmonté par des fortifications à côté d’une sommité phallique, montre distinctement, vu légèrement depuis l’arrière, le profil d’une tête de femme voilée. Cette tête regarde en direction de la ville détruite. »
Le crâne de l’âne
« Dans le coin inférieur droit, enfin, se trouve le squelette d’un équidé, dans lequel on peut reconnaître l’animal de trait de la famille de Loth ».
Un carré logique
Thürlemann peut alors rattacher le tableau à la tradition des carrés logiques qui, inspirés de la logique aristotélicienne, apparaissent çà et là dans les illustrations médiévales.
Traité de Nicolas Oresme sur le De caelo d’Aristote,
1377, fr 1082, fol 53, BN, Paris
Les contraires sont ici :
Voici maintenant le diagramme qui, selon Thürlemann, sous-tendrait le tableau du Louvre :
L’axe vertical est matérialisé par l’arbre, l’axe horizontal par l’horizon.
Le concept de « Non-mort » serait illustré par le rocher anthropomorphe, qui garde figure humaine. Et celui de « Non-Vie » par le squelette de l’âne (auquel on peut ajouter la souche d’arbre, mais Thürlemann n’y a pas pensé).
Les quatre sources lumineuses
Pour finir, Thürlemann remarque que chacun des quatre quadrants contient une source de lumière : une comète, le halo destructeur, l’incendie sur terre [3] et la torche de la tente.
« La technique diagrammatique de l’inventaire ordonné confère à ce petit tableau sa dimension poétique : au travers des composants qui se coordonnent, et que le spectateur explore tour à tour, la description acquiert la qualité d’une totalité emplie de sens qu’il est possible de percevoir. Ordonné par son diagramme, l’objet poétique, Image ou texte, apparaît ainsi comme l’analogue du Monde ».
Les limites de cette interprétation
Tout en reconnaissant que la composition s’appuie principalement sur la diagonale descendante qui sépare les deux épisodes de la narration, Thürlemann plaque par dessus son diagramme en quatre quadrants, ingénieux mais finalement très artificiel.
Car les silhouettes de Loth, de ses filles et de l’âne échappant à la destruction se trouvent placés dans le quadrant du squelette, celui de la « Non-Vie » (alors qu’ils devraient se trouver dans celui de la Non-Mort, la Conservation). On y trouve également les silhouettes des marins désespérés et de la femme transformée en statue, lesquels réfèrent manifestement à la Mort.
L’interprétation de S.Lojkine
Moins structuraliste et plus littéraire, cette lecture a pour avantages d’expliquer la ville sur la montagne, l’arbre central et la souche (omise par Thürlemann), tout en oubliant le rocher anthropomorphe et le squelette. [4]
Soar, la cité épargnée
« Alors que Sodome et Gomorrhe sont englouties dans les flammes, la cité perchée, en haut à gauche, échappe à la destruction. En effet, « Loth, craignant de ne pas avoir le temps de parvenir jusqu’à la montagne, comme les anges le lui avaient commandé, a obtenu qu’à mi-parcours, Soar, « la petite ville », soit épargnée par la destruction divine ».
A l’écart de la route
« Après avoir obtenu des anges un écourtement de sa fuite, Loth craint que Soar ne soit finalement engloutie avec les autres villes et poursuit sa route jusqu’à la montagne. La scène ne s’inscrit donc pas dans la route qui mène de Sodome à Soar, du péché au salut, selon la parole de Dieu, mais au-delà ou à l’écart de la route, un au-delà et un écart qui rappellent le marchandage et la défiance d’Abraham et de Loth vis-à-vis de Dieu. »
« La transgression sexuelle, même pour perpétuer la race, pour suppléer à la mère morte, n’a rien à voir avec l’obéissance aux commandements de Dieu, dont la route matérialise la voie. «
« La scène est hors-la-loi, ou plus exactement décalée par rapport à la loi, juxta morem universae terrae, selon les paroles de l’aînée. »
L’interdit du regard
« Car toute la scène est placée sous le signe du regard interdit. Les trois femmes, aux trois plans de la représentation, se font écho l’une à l’autre pour se renvoyer cet interdit :
1) C’est d’abord, au fond à droite, la femme de Loth, figée dans le spectacle qui tue de Sodome en flammes. Se retourner vers Sodome, c’est participer de son infamie : elle sera donc changée en statue de sel. Or c’est en toute impunité que le spectateur de la toile peut se repaître du spectacle interdit de la ville en flammes : la médiation esthétique non seulement autorise la participation à l’innommable, mais consiste dans cette participation. La représentation précipite le sujet dans l’abîme scopique, elle le néantise dans la scène. Mais dans le même temps, le décalage de la scène préserve le sujet, qui se trouve pour ainsi dire précipité à côté, pour rien : l’abîme scénique n’est qu’une illusion où se mire la mort de soi.
2) Ensuite, au centre, la fille aînée assise et drapée dans sa cape bleue, en nous regardant, transgresse le principe d’autonomie de la représentation. Comme celui de sa mère, son regard est un retournement vers un en-deçà interdit. Nous rencontrons son regard vide comme une accusation difficile à soutenir. Gênés, nous glissons, pour toujours revenir à ce soulignement dérangeant : notre regard, ici encore, va participer de l’innommable, va cautionner l’inceste et même s’en rincer l’œil.
3) Enfin, à gauche, la cadette qui prépare le vin est la femme soustraite au regard ; elle se détourne hypocritement de la scène infamante qu’elle a suscitée. A l’opposé de sa mère, elle est celle qui ne regarde pas, de telle sorte que le couple central apparaît saisi entre deux femmes retournées, comme enfermé dans un cercle invisible qui le frappe d’interdit. »
Un arbre généalogique
« Au pied de la tente s’élève l’arbre qui sépare la toile en deux, qui divise le bien et le mal. Mais cet arbre qui s’enracine de derrière la fille aînée de Loth symbolise dans le même temps la descendance du neveu d’Abraham : le fils aîné de Loth sera Moab ; Ruth la Moabite, par son union avec Booz, sera l’aïeule de David : Moab entre ainsi dans l’arbre de Jessé. «
Le punctum de la souche
« Au premier plan à droite une vieille souche d’arbre creuse apparaît, éclairée par la lumière de la torche accrochée au coin de la tente. La souche est trouée sur la gauche, ce qui dessine à la surface de ce qui reste du tronc une étrange silhouette, la silhouette même de la femme de Loth pétrifiée aux portes de sa ville. »
« …La femme de Loth n’a pas donné de descendance mâle : son arbre est une souche morte. Mais de la souche morte, à quelques pas de là, dans le léger décalage de la scène, jaillit l’arbre vif qui unit en quelque sorte la femme damnée au principe du feu céleste. L’inceste sauvegarde et perpétue le corps de la mère, le fait participer de la divinité. L’ombre de la souche est le détail conjoncturel à quoi vient achopper le regard en marge de la scène : elle est ce point originaire et voilé qui se rencontre par hasard et où se métaphorise la néantisation principielle du spectateur, puisque ce qui est donné à voir par le peintre est interdit de regard par Dieu et par la loi. »
Mon interprétation
La version horizontale
Elle comporte déjà l’opposition entre l’arbre, côté Loth et ses filles, et la souche morte, côté femme de Loth, confortée par l’opposition entre la torche (flammes maîtrisées) et l’incendie.
L’arbre généalogique
Le format vertical permet de déployer la symbolique généalogique de l’arbre, qui apparaît comme un diagramme précis de la nouvelle descendance de Loth : les deux branches préfigurent le résultat du double inceste avec ses filles, se subdivisant à nouveau pour produire Moabites et Ammonites.
Graphiquement, les divisions ordonnées de l’arbre s’opposent à la cassure du clocher, à l’inclinaison anarchique des mâts et, plus généralement, à la brisure systématique des lignes par l’effet du reflet.
La multiplication par filiation, dans la ramure, s’oppose à la destruction par explosion, dans le halo.
La souche morte
La souche morte représente l’ancienne filiation de Loth, celle qu’il aurait pu avoir si la colère de Dieu n’avait pas cassé net la possibilité d’une union normale de ses filles avec les hommes de Sodome et Gomorrhe. En ce sens, Lojkine a raison de voir dans la souche morte l’image de la femme de Loth, au sens de « progéniture naturelle ».
Le squelette d’équidé
Figure tirée de « Hieronymus Bosch, Painter and Draughtsman, Catalogue Raisonné », Matthijs Ilsink, 2016 [5]
Le squelette est plus difficile à interpréter. Le motif du crâne de cheval, très souvent au premier plan, est récurrent chez Bosch, sans qu’on ait pu lui attribuer une signification plus précise que celle d’un symbole macabre.
Dans le cas qui nous occupe, sa position au pied de l’arbre pourrait signifier que la nouvelle progéniture de Loth s’enracine dans la Mort et dans la Bestialité. De plus, le squelette et la souche sont situés par rapport aux figures de Loth et de ses filles dans la même séquence que l’âne et la femme, dans les silhouettes en ombre chinoise de l’arrière-plan, comme une sorte de projection de l’épisode de la Fuite dans celui de l’Inceste.
Interprétation d’ensemble
La diagonale descendante sépare deux triangles inversés, qui se lisent de haut en bas.
La Fuite : de Sodome à Soar
Dans le triangle de droite, dissimulé sous forme d’un rocher anthropomorphe, Dieu contemple d’en haut la puissance explosive de sa colère qui se déverse sur la ville. A l’autre bout de la diagonale, une autre statue, la femme de Loth, contemple d’en bas le même spectacle. Au fond de cet entonnoir bombardé de lignes radiales qui cassent tout ce qui est vertical, les minuscules silhouettes de Loth et de ses filles s’échappent par le seul chemin possible : une route sinueuse, puis un passage sur pilotis :
pour échapper au bombardement linéaire, la voie du salut est courbe et fragile.
Au lieu de continuer sur le chemin en pilotis qui monte vers la ville de Soar, ils passent sous l’arche rocheuse, comme le montre la silhouette très effacée de l’âne, pour poursuivre vers la montagne et pénétrer dans le second triangle.
L’inceste : de Soar à la montagne
La descente sinueuse à l’intérieur de ce second triangle produit l’effet inverse : le grossissement des personnages.
Au premier-plan, la tribu se trouve reconstituée en grand, en comptant le squelette et la souche comme représentant respectivement l’âne et la femme de Loth. L’âne mort traduit l’impossibilité de poursuivre la fuite, et la souche coupée l’impossibilité de poursuivre une filiation naturelle.
Acculés en bas du second triangle, Loth et ses filles, réduits à trois bonbonnes/ventres, n’ont donc d’autre choix que de se vider par l’ivresse et de se remplir par l’inceste.
Eclairé par un incendie miniaturisé en torche, le village de toile se substitue à la ville incendiée et aux bateaux fracturés. Les deux tentes coniques des filles vont alimenter tour à tour, durant les deux nuits d’inceste, la tente rouge du père.
A côté, l’arbre qui représente la nouvelle descendance de Loth déploie ses ramifications vers le ciel :
la logique de la multiplication inverse celle de la destruction.
Le regard impuni
Comme l’a très bien montré S.Lojkine, l’impact de ce petit tableau tient à l’impunité du regard. Le spectateur voit ce qui est interdit à la femme de Loth, la destruction de la ville. Il voit ce que Dieu lui même ne veut pas voir : les conséquences contre-nature de sa colère, matérialisée par les flammèches qui somment le village de tentes. Dans le dos du trio de survivants, il voit leur avenir immédiat : la fente sexuelle de la tente ; et même leur avenir lointain : l’arbre qui remonte vers le ciel.
L’énergie de ces prohibitions alimente notre fascination.
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