Il m'avait donné rendez-vous il y a quelques jours Aux Gouttes de Dieu, une cave à vins située 8 rue Rossini - 9ème. Avant que ce ne soit son QG, Philippe avait davantage l'habitude d'écrire sur une table d'un café, juste en face du studio où enregistrait Jean-Patrick Capdevielle qui fut le premier à reconnaitre son talent, d'auteur et de musicien. A un moment de son parcours où il croyait fermement qu'on pouvait improviser un groupe, sans musiciens fixes.
C'est donc assez naturellement qu'il a pris alors ce nom de MontparnassE qui est celui d'un quartier parisien, en lui donnant de la noblesse avec une majuscule au début comme à la fin. Il repris cette astuce typographique pour l'album AnachroniquE. Philippe aime les mots équilibrés.
C'est un épicurien, aimant bien manger, boire du bon vin, fumer un cigare ... logique qu'il présente son disque parmi ses potes dans un endroit où il fait bon passer une soirée, même si le son n'y est pas des meilleurs. L'ambiance compte plus que tout et la soirée a coulé doux, comme une fête autour de l'album qui sortait ce soir là.
L'album a été rendu possible grâce à l'investissement des personnes qui ont cru en lui, un peu plus de 162 qui figurent en quatrième de couverture du livret, et qui lui ont inspiré Kiss Kiss qu'il interprète en duo avec Capdevielle mais que nous n'entendrons pas ce soir.
La famille est un axe important pour Philippe qui a consacré systématiquement un titre à un de ses enfants dans chacun de ses trois albums.
St Patrick's Day fut écrit dans un pub. Ce n'sont pas des anges est en quelque sorte dédié aux fils de bonne famille et aux copines bourgeoises de maman à l'heure du thé.
Couleurs manifestes arrive en seconde partie de la soirée, lui donnant l'occasion d'expliquer la tonalité qu'il a voulu donner à l'album, suivi de Never Mind qui célèbre les femmes qui affrontent la vie coute que coute.
Sur le disque c'est Cali qui interprète Ecoute-moi jusqu'au bout, dont il signe les paroles alors que Philippe a composé la musique comme il l'a fait de tous les titres, à l'exception de la reprise de Ma France, une chanson de Jean Ferrat à laquelle il donne une autre teinte, sans pour autant aller jusqu'à l'électro qui domine tout l'album.
Auparavant il aura célébré une autre grande figure mythique, celle d'un immense acteur qui connait bien lui aussi ce quartier de Montparnasse. C'est en 2013 qu'il a écrit Quand j'étais Jean-Paul Belmondo, prétexte à faire défiler les prénoms des actrices qui ont été ses partenaires à l'écran et qui lui a valu d'être invité sur le canapé rouge de Michel Drucker avec son idole.
Cette année-là fut faste pour Philippe qui a composé la bande originale du film Le Cœur des Hommes 3.
Un vinyl (rouge) a été pressé pour l'occasion. Il est bien davantage que la copie du CD. On sent combien l'artiste a le souci du détail. Il dit avoir découvert la scène assez tard et doit cumuler avec un autre métier pour faire vivre sa famille. Mais la musique est sa passion, cela se sent. Une musique qui se doit d'être partagée, voilà pourquoi il aime un lieu comme ce bistrot où il vient régulièrement boire des coups. Il aura juste suffit ce soir d'ajouter deux guitares, d'appeler Vincent et Marie ... et de faire signe aux amis.
Quelques dates sont déjà arrêtées mais sans parler d'une tournée. Alors pour le moment c'est surtout l'album qui permet d'apprécier ces dix nouveaux titres et leur tonalité électro très réussie avec la complicité (et le talent) de Vincent Perrot.
Il promet avoir ici de tout, y compris des bouteilles de Haute-Savoie peu connues en région parisienne comme la Mondeuse (du Domaine des violettes), des Juras somptueux ... 520 bouteilles attendent d'être saisies, 50 champagnes, 90 alcools. Olivier aime conseiller, après avoir posé quelques questions à la clientèle pour la convaincre de tenter quelque chose de nouveau. Le prix est inscrit à la craie sur le goulot. On le divise par quatre si on désire consommer au verre. Et celui-ci est souvent vintage, siglé de marques bien connues.