Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 13-14-15

Par Blackout @blackoutedition

Photo de Simon Woolf

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 13

L'enfer pour moi, c'est d'avoir une existence aussi pitoyable qu'inutile, déserte et fissurée comme la lune, parsemée d'aventures crasses, grotesques et sans intérêt. À l'image de l'astre de la nuit, les loosers de mon acabit ne font que refléter la lumière des autres.

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 14

La vie n'est qu'une insupportable crise d'hémorroïdes. T'as beau essayer de la soulager en te tartinant le fion de pommade immonde, la souffrance reste un mélange de merde et de sang tartiné de crème sur le goulet de tes boyaux. Mes boyaux ? Oui, nos boyaux. Ils ne demandent qu'à sortir, et nous comme des cons passons le plus clair de notre temps à les pousser pour les remettre en place. Ma théorie, Felicio, c'est qu'on bouffe pour chier. Voilà le but ultime de l'existence : pouvoir chier sans trop jongler.

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 15

Arrivé aux gogs, ça empestait la fosse septique et l'odeur acide d'un cadavre en putréfaction. Il y avait du dégueulage et de la pisse au large, comme tous les soirs de grande affluence. Et pas moyen de se laver les mains, le lavabo débordait de vomi. Quant au sol carrelé, un pédiluve gorgé d'urine et de grumeaux. Fallait s'y faire, ça faisait partie du job : surveiller les vécés, cet ultime aboutissement organique d'une clientèle en sueur et au teint verdâtre, qui se traînait machinalement de salle en salle, telle une limace étalant sa bave sur le sol dégueulasse d'un dédale décadent, un verre à la main et la gerbe aux coins des lèvres.

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