Le bitume et le macadam tels que nous les connaissons pourraient être amenés à disparaître dans un avenir plus ou moins proche. En effet, les chaussées pourraient bénéficier d'améliorations non négligeables. C'est l'une des pistes de recherche de l'entreprise Colas, dont les routes lumineuses pourraient rendre obsolètes les bons vieux panneaux " Attention, marquage effacé " !
Un revêtement lumineux : à quoi bon ?
Nous avons tous vu passer des camions Colas non loin de notre domicile. Cette société est en effet un géant des travaux publics. Les réfections et aménagements de voies lui sont tout sauf inconnues.
Créée en 1929, l'entreprise a été rachetée par Bouygues en 1986. Son PDG actuel est Hervé Le Bouc. Avec 55 000 salariés à travers le monde pour un chiffres d'affaires global de 11 milliards d'euros en 2016, pour 355 millions d'euros de résultat net, c'est un colosse réalisant plus de 100 000 chantiers à l'année. Une échelle qui lui permet de chouchouter sa R&D, département qui est avec CEA Tech à l'origine d'un concept inédit. Ce dernier n'est autre que... la chaussée lumineuse !
Il s'agit du système Flowell. Ce sont en fait des marquages lumineux au sol directement intégrés à la route. Pour l'application qui nous intéresse, ceux-ci sont programmés pour s'illuminer à l'approche d'un autobus. Bien entendu, le but n'est pas de faire joli ou de créer un genre d'attraction touristique, mais de rendre plus sûre la montée ou la descente du car. Ces opérations critiques pour la sécurité routière concernent d'ailleurs la plupart du temps des enfants, d'où l'intérêt de susciter d'autant plus l'attention des conducteurs. Petite présentation vidéo :
En plus de l'arrêt d'autobus en lui-même, la ligne de démarcation des deux voies de la chaussée pourrait se modifier en parallèle. Ainsi, une ligne continue viendrait interdire les dépassements, ce qui vaut aussi pour les véhicules lents ou à l'arrêt - en l'occurrence : le car. Pour les têtes pensantes de Colas, c'est l'étape d'après.
Les zébrures Flowell sont épaisses d'à peu près un centimètre. Y sont serties plusieurs centaines de LED allumées grâce à un même système d'alimentation. Pour limiter la consommation en électricité, le dispositif sera capable de moduler tout seul son intensité lumineuse. Pleine puissance en cas de forte luminosité, mais éclairage plus faible la nuit.
Le stade de l'expérimentation
Le cap du prototype a déjà été franchi par les ingénieurs de Colas. Aujourd'hui, l'heure est au test grandeur nature. Effectivement, la mise en place d'un dispositif lumineux en Vendée a été annoncée en ce mois de décembre 2017, peu avant Noël. Les automobilistes et autres usagers de la route pourront le croiser dès le 8 janvier 2018. L'emplacement choisi : Saint-Sulpice-le-Verdon, dans le 85 (Vendée). Un beau cadeau de l'Épiphanie pour les riverains !
Dans un premier temps, c'est un arrêt de bus matérialisé par un zébra qui sera équipé de la nouvelle technologie développée par Colas. Celui-ci se situe plus précisément au niveau de La Chabotterie.
Ce test en réel permettra aux chercheurs de Colas et de CEA Tech de vérifier la robustesse du système Flowell qu'ils ont mis au point. Les LED vont-elles résister longtemps au poids des véhicules roulant dessus ? Leur alimentation sera-t-elle fiable ? Le système sera-t-il dûment visible ? Ce sont autant de questions auxquelles devraient répondre plusieurs mois d'essais.
En cas de succès, la technologie Flowell pourra entrer à plein titre au catalogue de Colas. Avec le brevet afférent, ce sera pour ce géant des BTP la clef de contrats encore nombreux et juteux. De plus, cette technique est applicable à bien d'autres circonstances qu'un zébra.
Pensez par exemple aux autoroutes où le changement des marquages pourrait autoriser ou non les dépassements, à l'approche ou à la sortie de zones de travaux par exemple. De même, les passages piétons pourraient clignoter dès qu'une personne s'engage. Sans parler des traversées de tramway dans les grandes agglomérations !