Detroit // De Kathryn Bigelow. Avec John Boyega, Anthony Mackie et Algee Smith.
Avec les scandales multiples qu’il y a dans les coulisses de la production audio-visuelle, Detroit pourrait bien être la surprise de la prochaine cérémonie des Oscars et Kathryn Bigelow empocher une nouvelle statuette après celles de Meilleur film et réalisateur pour Démineurs (2010). Ce qui a marqué les Oscars à cette époque c’est qu’il s’agissait de la première fois qu’une femme remportait l’Oscar du meilleur réalisateur. Elle a alors retrouvé son scénariste fétiche, Mark Boal (Démineurs, Zéro Dark Thirty) pour une histoire engagée dans un Etats-Unis conservateur des années 60, à Detroit. Il y a de longues scènes anxiogènes qui viennent nous mettre dans l’ambiance, et une réflexion en profondeur qui permet de comprendre que même si les Etats-Unis étaient en train de changer, ils n’ont pas totalement changé dans les années 60. Le film mélange alors plusieurs thématiques : la violence, l’injustice, la maltraitance policière à l’égare des afro-américains (et même des femmes finalement car elles ne sont pas oubliées dans ce monde ultra machiste) par une police blanche américaine de Detroit qui pense avoir tous les droits (dont celui de vie ou de mort).
Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d’émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam, vécue comme une intervention néocoloniale, et la ségrégation raciale nourrissent la contestation.
À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux. Le bilan sera très lourd : trois hommes, non armés, seront abattus à bout portant, et plusieurs autres blessés…
Le film est fort, étonnant sur bien des points et parvient alors à accrocher le spectateur du début à la fin sans problème. On sort de ce film brassé par ce que l’on vient de voir. Car c’est violent et justement la violence fait tout l’intérêt de ce film. C’est un film qui permet de faire résonner une prise de conscience contre l’impuissance totale que chacun peut avoir dans ce monde. Detroit est l’un des meilleurs films de cette année et je ne pouvais pas passer à côté. Surtout que finalement, Detroit a encore plus de sens depuis que Donald Trump a été élu. Le film aborde alors des thématiques qui sont finalement encore d’actualité, surtout quand on rapproche tout cela avec le fait que c’est inspiré de faits réels et que des faits divers du genre de celui dépeint dans le film existent encore de nos jours. Kathryn Bigelow aborde alors une mise en scène brutale et rugueuse qui permet de donner au spectateur des frissons du début à la fin et surtout l’occasion d’être mis face à des choses qui veulent être cachées et gardées secrètes. Mais ce film est un indispensable que je ne m’attendais pas du tout à voir. Je savais que l’ex femme de James Cameron était forte mais elle fait quelque chose de brillant ici qui m’étonne et démontre encore une fois tout l’intérêt de son cinéma.
Note : 10/10. En bref, un chef d’oeuvre indispensable
Date de sortie : 11 octobre 2017