Le Noël Non Superficiel

Publié le 24 décembre 2017 par Hunterjones
Noël 1985.
Ce ne sont pas tous les noëls qui sont formidables pour tous.
J'ai eu l'extrême chance de connaître de fameux noëls.
Celui de 1985 a marqué l'esprit de notre famille. C'était quelques mois avant l'achat d'un chalet au Lac St-Joseph qui allait changer nos vies et celles de nos ami(e)s. Il a été marquant parce qu'on en a des images pour nous le rappeler. Greenjelly avait 10 ans. J.J. 12. Moi, 13. Trois âges plus jeunes que l'âge actuel de ma plus jeune, ce qui lui rend la chose plus marrante pour elle. Je me souviens peu de mes cadeaux personnels. J'accorde assez peu d'importances aux choses, donc je ne pourrais me rappeler d'un seul cadeau qui ne m'ai vraiment sincèrement renversé. Rien ne pouvait accoter l'anniversaire de mes 10 ans, quand mon père m'avait amené à un match des Nordiques contre les North Stars (gagné 6-2), et qu'après le match, on avait attendu la sortie des joueurs afin que ma mère me prenne en photo en compagnie des Dave Pichette, Daniel Bouchard. Peter et Anton Stastny, Marc Tardif, Jacques Richard et André Dupont. J'ai encore toute les photos dans un album. Ils ont presque tous un manteau de poils ce qui confirmait alors leur richesse. Je suis jumeau cosmique de Dave Pichette et, ironiquement, je le reverrais en personne quelques 10 ans plus tard, au chalet, Pichette maintenant agent immobilier, s'étant aventuré sur notre terrain afin de savoir si on était intéressé à le vendre (nous ne l'étions pas encore). Je lui avait alors aussi rappelé que nous étions jumeaux cosmiques. Tous deux nés le même jour du même mois, mais pas la même année. Il avait fait semblant que ça le surprenait.

En 1985, mon père avait acheté une ciné-caméra VHS. Sur pied. Et comme il avait voulu immortaliser le noël, il nous l'avait tous donné "en cadeau familial" quelques jours avant noël, afin qu'on puisse l'explorer et filmer le noël comme se doit. Mais à 13, 12 et 10 ans, 1 gars et 2 filles avaient mieux à faire que de lire des instructions de caméras lourdes et précieuses, que mon père, finalement, ne voulait pas prêter tant que ça.

Ce serait lui le cinéaste, ce qui assurait une comédie comme produit final. Ne sachant pas vraiment comment elle fonctionne, ayant lu sommairement les instructions, et probablement avec des yeux ayant besoin de lunettes mais trop orgueilleux pour corriger quoi que ce soit à ce niveau, il allait être celui derrière la caméra. Je crois qu'on ne le voit pas une seule fois sur le film final, ce qui est tout à fait contraire à sa personnalité.
Ce qui reste mémorable, et qui serait toujours la même chose de nos jours, si il avait connu l'époque des cellulaires et des films qu'on peut y faire, c'est qu'a chaque fois qu'il pensait filmer, il faisait le contraire. Nous avons quelques 20 moments "entre les cadeaux" ou en "fin de pose" pendant trois heures. Au début, on me voit gosser dans les cadeaux et, entendant mon père dire "je ne sais pas trop si ça filme..." je lui dit à quelques reprises "il y a, en tout cas, une petite lumière rouge". Phrase qui sera aussi répétée par mes 2 soeurs plus loin.
Jamais, on a conscience qu'on est filmé. Ce qui rend la chose extrêmement humaine et vraie, mais aussi très drôle. De toute évidence, je m'étais mis en tête de faire rire et je feignais des réactions extrêmement excitées mais la caméra n'avait captait que la fin de ses expressions folles, ce qui fait que chacune de mes présences commençait par une expression démesurée, et comme je croyais qu'on ne filmait plus, je revenais vite au naturel et passait à autre chose.  Bientôt, mes deux soeurs feraient la même chose. Nous avons pleuré de rire en voyant ses débuts de vidéos qui commençait toujours par ce que l'on croyait être une fin de captation vidéo.
C'est là qu'on voyait mon père, passant devant la caméra, prenant un cadeau au sol et parlant un peu mise en scène, ou mettant une bûche dans le foyer.
Il y a cette scène finale où nous sommes tous (sauf mon père) avec nos cadeaux devant les deux sapins (oui, deux), avec ma plus jeune soeur au milieu entre ses deux skis, sur chaque épaule et dans sa nouvelle robe de chambre et on attends tous le "silence, on tourne" qui ne vient jamais. Ma mère, laisse la direction des opérations de la cam à mon père et vient nous rejoindre. On attends. Bing Crosby chante avec les Andrews Sisters. On finit par danser un peu. Ma mère aussi, "comme si ça filmait", (et ça filme). Ma mère, Janiper Juniper et moi commençons à comprendre que ça filme probablement. Alors on danse et on en met. Ma mère avec une tuque de père Noël, J.J. en jouant de fausses marimbas et moi jouant du tam tam finalisant le tout sur le cul de ma soeur. Greenjelly au milieu semble la seule à ne pas comprendre que mon père filme. En fait, mon père ne sait pas non plus qu'il filme. Voilà pourquoi il reste derrière la caméra et essaie de comprendre sa machine. Greenjelly dit à trois reprises. "enwèye papa, filme!". Nous, on est en pleine audition pour un rôle de soutien dans une comédie musicale, on fait même une triste folie bergère. Vers la fin, Greenjelly cesse de bouger et zoome son regard sur la caméra. Elle croit comprendre. La lumière rouge confirme probablement que ça filme.

Les images de notre Noël 1985 se termine après trois heures "d'entre cadeaux", sur trois membres de ma famille qui swing sur Bing et les Andrews Sisters, et sur ma soeur Greenjelly disant, après avoir gelé quelques secondes, "...tu?....tu filmes?....".
La cassette VHS se terminait là-dessus.

Sur une absence de superficialité pendant 3 heures, sauf le dernier 5 minutes pour 3 d'entre nous.
Et une absence totale de superficialité de la part de ma plus jeune soeur, Greenjelly. 
Je vous souhaite le plus vrai des Noëls pour les jours à venir.