A 40 printemps, je dois avouer que je ne suis plus habité du même feu sacré au travail que lorsque j’étais un jeune diplômé de 23 ans. Encore 10 ou 15 ans dans l’arène, et j’imagine aisément qu’il ne restera de ce petit feu plus que quelques braises.
Mon constat est amer: Je n’ai presque jamais rencontré de personnes de plus de 55 ans heureuses au travail (Jérôme, qui a passé quelques années de plus que moi sur sa roue de hamster, ajoutera peut-être qu’il n’a en fait même jamais rencontré de travailleurs heureux...)
A chacun sa nature. Pour ma part, je suis une personne indépendante, éprise de liberté, introvertie et solitaire. Je suis habité de rêves tels que:
... Choisir ma vie, laisser toutes les options ouvertes, ne pas laisser l’argent guider mes choix.
... Travailler par choix plutôt que par obligation, et selon mes propres termes.
... Habiter où j’en ai vraiment envie et non en fonction de mon travail.
... Ne plus avoir de patron, de séances interminables, d’objectifs absurdes et de collègues qui me tirent dans les pattes.
... Ne pas être constamment sous stress, aligner les heures supplémentaires et ne jamais disposer de suffisamment de temps libre.
... Ne pas passer mon temps libre à me reposer, mais pouvoir en profiter pleinement pour mes loisirs. Ne plus ressasser les soucis du boulot le soir ou la nuit.
Le week-end ne doit-il vraiment servir qu’à se recharger les batteries avant d’affronter un nouveau lundi?
Et quand les vacances arrivent enfin... on tombe malade! On espérait profiter de tout ce temps libre, alors qu’en réalité le fait de relâcher la pression et décompresser nous rend malades. Toute la fatigue ressort d’un coup et le corps nous lâche. Le seul avantage est pour l’employeur: Après les vacances, on est à nouveau en pleine forme pour recommencer le travail!
Je rêve de profiter plus de la vie, de la nature et de la lumière du soleil pendant les plus belles heures de la journée. Je trouve spécialement déprimant en hiver de partir travailler et de sortir du bureau quand il fait nuit, passant ainsi les quelques heures lumineuses de la journée enfermé entre quatre murs.
Dans notre société, consacrer sa vie au travail, faire des heures supplémentaires ou prendre plus de responsabilités sont généralement admirés. Alors qu’atteindre l’indépendance financière bien avant l’âge de la retraite afin de profiter pleinement de la vie est par beaucoup dénigré. Ce ne serait pas un objectif noble, mais plutôt un acte de fainéantise, un manque d’ambition.
Mais en quoi passer le plus clair de son temps au travail et donner toute son énergie à un employeur qui vous exploite est-il aussi admirable?
Je hais cette mentalité du « jamais assez » et du « toujours plus ». Plus gros salaire, plus grosse maison, plus grosse voiture. A mon sens, posséder des gadgets ne rend pas plus heureux. Ce ne sont que des distractions qui embrument l’esprit et nous font passer à côté de l’essentiel.
Bien sûr, être retraité avant l’âge comporte aussi des aspects négatifs: Décalage avec les autres. Moins de contacts sociaux. Pendant la journée, la plupart des personnes de votre âge ne sont pas disponibles, puisqu’elles sont en train de travailler (quel manque de goût!).
Être un (très) jeune retraité nécessite de s’organiser, d’être discipliné, de planifier sa journée, de se fixer des objectifs, afin de ne pas se retrouver à tourner en rond et errer sans buts.
Le bonheur est dans les détails. Les petits plaisirs de la vie sont ce qui rend la vie plus belle. Mais ils nécessitent du temps pour être vécus et appréciés pleinement.
Se promener avec son chien, boire un café sur la terrasse d’un restaurant ou voyager en train ne sont pas appréciés de la même manière si on peut prendre son temps ou si on doit faire aussi vite que possible dès qu’on a un peu de temps libre.
J’ai des rêves. J’ai des dividendes.
Le bonheur est dans la liberté. La liberté est dans les dividendes.