( La suite de mes aventures alsaciennes - l'article précédent est juste ici )
Après nous être copieusement sustentés à l 'auberge La Meunière de THANNENKIRCH, nous repartons pour quelques minutes d'autocar en direction du Château du Haut-Kœnigsbourg. Mon phoque en peluche et mon nain en tricot sont bien sages au fond de leurs sièges. Et les collègues n'ont pas fini de rigoler devant la mine exaspérée de Musclor. Au total, il y a une dizaine de nains dans le car. ( Je crois bien que notre groupe a acheté la totalité de la déco du restaurant, qui se retrouve donc à poil )
Il est plus de 15h lorsque nous apercevons au loin le Château, perché tout là-haut sur la colline. Sincèrement, je ne m'attendais pas à ça. Pour moi, il s'agissait d'un château lambda ( la meuf qu'a trop visité de châteaux dans sa vie... la blasée du Château, faîtes graver ça sur ma tombe svp ). Mais en fait, c'est le choc.
Le Château du Haut-Kœnigsbourg est trèèèèès imposant. Franchement. A l'extérieur, je ne sais déjà pas où poser mes yeux tant c'est beau de partout. Alors imagine un peu quand la visite commence...
Dans mon souvenir, j'ai rarement été autant ébahie par un édifice de ce type. Oh ça m'est déjà arrivé, mais il s'agissait à chaque fois de châteaux allemands : Herrenchiemsee et Neuschwanstein resteront à jamais gravés dans ma mémoire comme des constructions à la limite de la féérie. Mais c'est la première fois qu'un château français me fait le même effet.
Je comprends vite l'analogie construite par mon cerveau en écoutant notre guide : Le château du Haut-Kœnigsbourg est un ancien château fort du XIIe siècle, profondément remanié au siècle et qui fut sous Guillaume II un symbole impérial allemand.
Voilà. Donc je suis pas complètement folle.
La petite balade à travers la cour menace déjà de me refiler un torticolis du tonnerre. Et je ne pipe pas mot, toute admirative que je suis. (Tous ceux me connaissant un peu savent qu'il s'agit là d'un phénomène aussi rarissime que la naissance d'un panda.)
Même les murailles sont impressionnantes : elles épousent parfaitement les reliefs des rochers sur lesquels le Château fut érigé. Et de ce fait, elles sont trèèèès irrégulières. Le fait que ça ne se casse pas la gueule est absolument énorme.
Bon j'ai pas vraiment envie de vous narrer toute l'histoire de ce sublime château : mon ami Wiki s'en charge très bien. Sachez simplement que la grande restauration initiée par Guillaume II fut sujette à de très nombreuses polémiques. ( mais quelle restauration ne l'est pas, hein ? ).
En effet, le château du Haut-Kœnigsbourg fut presque intégralement détruit pendant la Guerre de 30 ans ( qui opposait les suédois aux autrichiens - leur terrain de jeux, c'était malheureusement l'Alsace ) puis par un gigantesque incendie et laissé à l'abandon. C'est la ville de Sélestat qui racheta les ruines en 1862. Or en 1871 est signé le Traité De Francfort dans lequel l'Alsace devient allemande. La ville de Sélestat décide donc en 1899, d'offrir les ruines du château à Guillaume II, qui confiera sa reconstruction à Bodo Ebhart, jeune architecte et archéologue berlinois de 35 ans.
Cet architecte souhaita réhabiliter le château tel qu'il était vers 1500. Il se basa sur les maigres informations archéologiques et architecturales dont l'Empire disposait. Grâce à de gros moyens financiers et humains, la restauration complète du château fut achevée en 1908 ( et les collections assemblées jusqu'en 1918 ). Le château du Haut-Kœnigsbourg marqua ainsi la frontière occidentale de l'Empire, au même titre que celui de Marienburg en Pologne en délimitait la frontière orientale.
Le résultat, même si critiqué par certains spécialistes, reste malgré tout stupéfiant. On n'a pas l'habitude de telles restaurations de châteaux moyenâgeux dans notre Hexagone... D'ailleurs pour la petite histoire, pas de bol pour Nicolas II : en 1919 après la 1ère Guerre Mondiale, l'Alsace-Lorraine redevient française après la signature du traité de Versailles. Il n'en aura pas profité longtemps...
En revanche le blason de Nicolas II reste bien visible en divers endroits du Château. Il y a même une salle du Kaiser. Par ailleurs, une très grosse partie du château est " visitable ". Une aubaine pour moi qui adore m'attarder sur les détails. Je suis toujours le nez en l'air, à admirer les lustres et candélabres, les diverses toiles et peintures au plafond et sur les murs.
Outre le poêle que vous voyez ci-dessis, j'ai eu un gros gros kif sur ce petit berceau en bois ( par contre v'là comment tu te ruines le dos à te baisser sur ton gosse qui roupille.. ) :
( à la réflexion, je trouve de plus en plus qu'il ressemble à une jardinière sur pieds )
Après une visite d'une heure, à boire les paroles de notre guide, nous remettons le nez dehors. Le froid glacial nous congèle instantanément les poils de nez, mais rien à fiche : il FAUT qu'on profite de la vue magnifique sur la plaine d'Alsace.
Le ciel étant très dégagé, nous profitons également de la vue sur la Forêt-Noire, au loin :
Par ailleurs, nous profitons d'un coucher de soleil splendide sur les reliefs de l'Alsace :
Pour moi, l e château du Haut-Koenigsbourg est un incontournable à visiter si vous passez dans le coin. Il est tellement impressionnant que Musclor ne s'est pas plaint une seule fois de l'état de ses boyaux pendant toute la visite ( est-ce l'effet du château ou du charbon actif ? Nous ne le saurons jamais vraiment.)
En revanche, on a compensé avec mes plaintes concernant l'état de mes doigts et orteils : il faisait tellement froid et venteux qu'ils prirent une teinte violacée/bleue du plus bel effet ( pour un schtroumpf ). J'avais interdiction formelle de coller mes doigts ( de mains ) sur les oreilles de Musclor pour me réchauffer. Du coup, le trajet piéton de 5 minutes pour rejoindre l'autocar fut un enfer genre le Nord du Mur, tu vois. Sauf qu'on n'avait pas de peaux de bêtes sur le dos, juste nos blousons légers de parisiens pure souche ( ou presque ).
A peine le temps de se réchauffer les arpions que nous récupérons notre commande de pinard sur le parking d'un hôtel ( 'pensiez pas qu'on allait oublier nos litrons quand même ?! ) puis nous nous dirigeons vers la Chocolaterie Stoffel.
Nous visitons l'atelier-boutique de RIBEAUVILLé ( mais sachez qu'il en existe un autre à , ville d'où est originaire Daniel Stoffel, créateur de la chocolaterie il y a 50 ans ).
J'avoue que sur toutes les visites prévues pendant nos 3 jours, c'est celle qui m'a le plus déçue du point de vue culture/patrimoine/savoir-faire. Ce n'est pas qu'on ait RIEN appris, mais la démonstration et les explications étaient très courtes et ne montraient pas les techniques d'antan, mais uniquement celles utilisées de nos jours. Ce n'est donc pas inintéressant, mais je pense qu'il y a matière à développer davantage.
Dès l'entrée, une odeur divine de chocolat envahit nos narines. Mon radar s'est activé à ce moment-là, je crois. Et mes fesses ont commencé à trembler de tous leurs capitons. Nous suivons un long couloir qui mène à une pièce décorée où ont lieu les démonstrations par les maîtres chocolatiers.
Le maître chocolatier présent ce jour-là a donc réalisé des moulages, et nous a montré comment on pouvait obtenir de la couleur sur ceux-ci. A côté de lui trône ce que j'appelle communément la " fontaine à chocolat ". D'une part parce que ça me faisait mourir d'envie ( même si c'est du chocolat blanc qui en sortait et BEURKBEURK le chocolat blanc ) et d'autre part parce qu'un flot continu de chocolat en sortait. Cette machine sert à obtenir pile la bonne température de chocolat pour ne pas altérer son goût et ses propriétés, tout en assurant qu'il sera assez liquide pour le façonner.
Après cette courte explication de quinze minutes, nous pénétrons alors le Saint des Saints : la boutique.
C'est à ce moment précis que j'ai perdu tout sens commun, vous vous doutez bien.
Quoiqu'au final, en lorgnant sur les cartons remplis de mes collègues ( nous, on en avait qu'un, de carton rempli ), je trouve que j'ai quand même été vachement raisonnable. Enfin...La raison aurait voulu que nous achetions deux fois plus de chocolats en vrac et en tablettes, car deux jours seulement après être rentrés à l'appart', nous étions à sec. #OUIN-OUIN ( mais on avait gardé plein de trucs pour nos proches qu'on n'a pas touchés, on n'est pas des sauvages ).
Notre guide ne nous tenait plus : les plus accros au chocolat ( dont nous ) ont bien failli rater le car. Au final entre les caisses de pinard et les cartons géants pleins de chocolat, il n'y avait plus un pète de place dans la soute et le car pèse 38 tonnes. Nous nous dirigeons vers notre lieu de villégiature, RIQUEWIHR. Arrivés à l'hôtel, nous décidons de laisser nos victuailles dans le car puisque nous prenons la route du retour le lendemain. ( Et sincèrement je pense qu'en ayant notre cargaison sous le pif toute la nuit, on aurait risqué de tout siffler. )
A peine le temps de prendre une douche que nous repartons à pieds en direction du centre-ville, là où se tient le marché de Noël que nos avons entraperçu la veille, faute d'intestins coopérants pour Musclor.
Clairement, la fréquentation du marché de Noël est différente de la veille : le samedi, c'est bondé. Nous profitons malgré tout de l'ambiance très festive qui règne dans les allées, des nombreux stands de vin chaud ( beh QUOI ? ), des loupiottes de partout, et du retour des décos-pas-trop-chargées qui piquent quand même un peu les yeux.
Je me demande combien payent ces personnes de facture EDF.
Evidemment, il y a quelques stands de " produits locaux " attrape-couillons sur les bords. Pour ma part, je me contenterai d'acheter douze deux kilos de pain d'épices ( je suis une FOLLE de pains d'épice )( je veux mourir entourée de pain d'épices svp) local ( j'ai vérifié ). Mais j'ai aussi craqué sur des chaussons en forme de lapin pour Lalutine ( l'achat indispensable en somme ) et d'un tas d'autres trucs soit inutiles, soit qui finiront leur destinée dans mon estomac ( celui de Musclor reprend doucement du service, et je sais déjà qu'il risque de consommer l'équivalent de trente repas en deux jours lorsqu'il sera complètement d'aplomb ).
J'ai quand même évité un achat vraiment couillon lorsque Musclor a tenu à me payer une espèce de paire de charentaises moches. Au début, j'ai cru qu'il rigolait. Mais pas du tout, en fait.
Nous avons rendez-vous à 20 heures pour dîner dans une Winstub, bar à vins traditionnel de l'Alsace, au coeur de RIQUEWIHR. En attendant, nous occupons le temps à déambuler dans le marché de Noël mais aussi à découvrir les illuminations et les petites ruelles du village, plus en retrait du brouhaha touristique.
L'occasion de tomber encore sur des curiosités... :
Mais aussi de photographier quelques jolis détails dans des décors toujours plus chargés :
Naturellement, RIQUEWIHR me semble plus petit que RIBEAUVILLé, une ville que j'avais adorée pour son architecture et son patrimoine riches. J'écris " naturellement " car il fait nuit, et la nuit tout semble plus petit.
Mais RIQUEWIHR offre aussi de très belles pierres et édifices, en témoigne par exemple le :
Dolder signifie en alsacien " le point le plus haut ". C'était en réalité la porte d'entrée de la ville qui fut construite en même temps que la muraille en 1291. Elle servait à défendre la ville en cas d'attaque, grâce à sa tour de guet installé sur le beffroi.
A l'intérieur était logé le gardien, celui qui guettait toute la journée et fermait les portes de la ville tous les soirs. Il disposait d'une cloche sur le beffroi pour signaler toute situation suspecte ou anormale aux habitants.
Il y a bien d'autres jolies choses à découvrir dans le village mais la nuit ne permet pas de les repérer facilement...Alors on se " contente " d'admirer de vieilles pierres qui semblent prendre vie grâce aux nombreux jeux de lumières :
Nous passons évidemment dans la rue saint-Nicolas :
Au moment où mes pieds commençaient à décéder par le froid ( j'avais la sensation de marcher sur des moignons tout frais ), nous croisons des collègues tout aussi gelés qui nous disent que tous les bars sont pleins à craquer, et qu'ils se seraient bien enfilés un petit verre derrière la cravate pour se réchauffer les entrailles. Moi pareil, je veux tout pareil. Alors nous partons en direction de la winstub où nous avons rendez-vous, dans l'espoir qu'on puisse y boire un coup ou dix avant l'heure du dîner.
En arrivant, surpriiiise : la moitié de notre groupe était là. Dans un état de surgélation déjà bien avancé. Nous pénétrons alors la winstub et commençons à nous installer. Je n'ai pas pris de photos de cette soirée-là, et pourtant elle était mémorable ! On a mangé comme des rois et bu comme des cochons, Musclor s'est enfin réconcilié avec son estomac ( pas au point de boire du vin, mais il a réussi à finir son assiette ), j'ai négocié mon dessert car j'ai lorgné un truc sur un table voisine qui me faisait trop envie ( et tous mes collègues étaient jaloux ), et nous avons entonné des chants de marins jusque tard dans la nuit, entraînés par notre guide qui sut réchauffer nos orteils, nos mains, nos coeurs et nos corps tout entiers avec sa bonne humeur communicative.
Après cette journée mémorable à bien des égards, nous rentrons à l'hôtel pour notre dernière nuit sur place avant notre ultime visite : celle des marchés et de la ville de Colmar ....Et ça, vous le découvrirez dans mon prochain billet !
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