Dans son nouveau numéro la rbl (la revue de belles-lettres) publie un ensemble de poème de Pietro De Marchi, dans une traduction (de l’italien) de Renato Weber.
Le papier d'orange
et attend le soleil plein de tendre ardeur
Dante, Par. XXIII 8
Ce papier de soie bariolé,
bruissant entre les doigts
de ceux qui l'étendaient, le lissaient avec soin,
surtout dans les coins, afin d'élever
devant nos yeux un fragile cylindre,
une tour précaire, et puis de l'incendier
à l'aide d'une allumette, à l'extrémité ;
et puis nous qui attendions impatients
d'apercevoir le soleil de Sicile
imprimé sur ce papier, s'élever
de l'assiette, avec un léger soubresaut
se muant ensuite en vol frémissant —
mais plus il s'élevait plus il se consumait,
et planant un instant suspendu dans les airs,
voici un bout de ce soleil noirci,
un fragment de tour tout en flammes,
qui retombe sur notre assiette ;
alors, tandis que du papier roussi
en confettis voltigeait toujours sur nos têtes,
même sans plus la moindre faim
je demandais encore une orange à peler,
j'implorais de le refaire, le répéter,
ce jeu avec le feu.
La carta delle arance
e con ardente affetto il sole aspetta
Dante, Par. XXIII 8
Quella carta velina, variopinta,
frusciante tra le dita
di chi la distendeva, la stirava con cura,
specie negli angoli, per innalzare
sotto i nostri occhi un fragile cilindro,
una precaria torre e poi incendiarla
con uno zolfanello, sulla cima;
e noi che aspettavamo intenti
di vederlo, quel sole di Sicilia
stampato sulla carta, sollevarsi
dal piatto con scrollo leggero
tramutantesi poi in volo tremulo—
ma più saliva più si consumava,
e, rimasto un istante sospeso nell'aria,
ecco un pezzo di sole annerito,
un frammento di torre in fiamme
ricadere sul piatto;
e allora, mentre ancora volteggiavano
sopra di noi coriandoli di carta strinata,
anche senza più fame
chiedevo un'altra arancia da sbucciare,
imploravo di rifarlo, riperterlo,
quel gioco col fuoco.
Pietro de Marchi, in revue de belles-lettres, 2017, 2, pp. 56 et 57
Pietro De Marchi est né à Seregno (Italie) et vit aujourd'hui à Zurich. Il enseigne aux Universités de Zurich, Neuchâtel et Berne. Il a publié trois recueils de poèmes aux Éditions Casagrande (Bellinzone). Spécialiste de littérature de Suisse italienne, il a édité les Poésies complètes de Giorgio Orelli (Mondadori, 2015).
Renato Weber, originaire des Grisons, enseignant de lettres de formation, aujourd'hui traducteur (essentiellement de l'allemand et de l'italien), vit sa passion littéraire par le biais de la critique et de la traduction. Il a notamment traduit, en collaboration avec Christian Viredaz, Milo, un recueil de nouvelles d'Alberto Nessi (Campiche, 2016).