Mes racines est le premier album de Sabry Mosbah, chanteur tunisien influencé par le rock et les musiques de son terroir. Sorti fin novembre, il le présente sur la scène parisienne, le 5 février, dans le cadre du festival Au fil des voix.
Sabry Mosbah est issu d’une famille de Noirs tunisiens. Grand chanteur traditionnel, son père Slah Mosbah est connu pour sa reprise en 1991 de « yamma lasmar douni », qui évoque l’abolition de l’esclavage en Tunisie en 1846 : « l’idée d’être un artiste est venue de lui », avoue Sabry. « Mais quand on est ensemble on ne parle jamais de musique. » À 35 ans, Sabry Mosbah qui, de son propre aveu, est un « autodidacte, parti de rien, qui n’a pas fini ses études » accède à son tour à la notoriété grâce au titre « Mansit ». Il figure dans son premier album Mes racines, enregistré entre le studio Artensemble à Tunis et le studio Davout à Paris : « J‘y fais le tour de tous les courants tunisiens, la musique soufi, la musique classique tunisienne, la hadra, le mezoued, c’est à dire le folklore en arabe » explique-t-il. Dans l’album on sent aussi un côté plus occidental : « Sofyann Ben Youssef (réalisateur de l’album NDlr) a recherché une esthétique rock, avec une sonorité de guitare fretless un peu crade, jouée par Nada mahmoud, qui est luthiste de formation. Ces riffs sont un peu orientalisés, à la tunisienne. » Car le chanteur assume une filiation berbère, profondément africaine : « La première fois que j’ai entendu Tinariwen j’ai eu le choc de ma vie. Quand j’ai composé le titre « mouch menni » j’étais à fond sur Tinariwen. C’est un lien africain naturel. Je suis tunisien. Je ne parle pas le wolof. Mais j’ai appris « tadieu bone » d’Ismaël Lô par cœur avec la traduction en phonétique. Ce morceau m’appartient aussi, quelque part. »
Antiracisme.
Par ailleurs, la tante de Sabry, Saadia Mosbah est une activiste, fondatrice en 2013 de Mnemty, association qui lutte contre la négrophobie dans le pays. Même s’il n’est pas actif dans l’association, Sabry défend ses valeurs : « Je réagis par fois à chaud sur cer tains événements. Par exemple, l’équipe de football de tunisie vient de se qualifi er pour la coupe du monde. un spot a été réalisé qui dit : « allez, les russes on vient ! » mais tous les fi gurants sur la vidéo sont des blancs aux yeux bleus. Je ne m’y sens pas représenté. sur les chaînes françaises on voit des visages plus métissés. Nous, on est encore loin d’être à ce stade-là. » Selon lui, le racisme est un sujet tabou : « D’après les gens en tunisie le racisme n’existe pas chez nous. mais si vous demandez : « Est-ce que tu laisserais ta sœur épouser un Noir ? » il faut voir les têtes ! » Le reportage de CNN sur des migrants vendus comme des esclaves en Libye, qui a fait le buzz en novembre dernier l’a également affecté : « Ça me touche d’autant plus que la libye est à quarante-cinq minutes en avion de tunis. il n’y a pas de mots pour décrire cette horreur ! »
Sabry Mosbah sera le 5 février à l’Alhambra à Paris, au festival au fi l des voix, pour défendre son album : Mes racines .