Téléphone mobile et santé : le Département de la Santé californien déclenche l'alarme

Publié le 21 décembre 2017 par Bioaddict @bioaddict
Le Département de la santé de Californie vient de reconnaître officiellement les risques pour la santé des téléphones mobiles et adresse à la population une série de recommandations pour se protéger contre les ondes de radiofréquences. ¤¤ Le Département de la santé de Californie vient de reconnaître officiellement les risques pour la santé des téléphones mobiles et adresse à la population une série de recommandations pour se protéger contre les ondes de radiofréquences OK
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Le combat mené aux Etats-Unis par le Dr Joel Moskowitz, et en France par le Dr Marc Arazi, pour alerter les Autorités publiques sur les dangers potentiels des ondes de radiofréquences émises par les téléphones mobiles a fini par payer. Le Ministère de la Santé californien vient en effet de lui donner raison en diffusant un communiqué de presse officiel dans lequel il fait toute une série de recommandations pour protéger la santé des utilisateurs de smartphones. Car leur santé est, selon les résultats d'un nombre croissant d'études, gravement mise en danger. C'est d'ailleurs ce que confirme le Dr Annie J. Sasco, ancienne Directrice de l'Unité d'Epidémiologie pour la Prévention du Cancer au Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), appartenant à Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ainsi, explique-t-elle, "En mai 2011, le CIRC classifiait l'exposition aux champs électromagnétiques comme un cancérogène possible. Depuis de nouvelles études se sont accumulées, épidémiologiques, mais aussi expérimentales. Et ces études ont confirmé ce caractère cancérigène. Et de multiples autres effets néfastes pour la santé sont mis à jour ".

Avec les données récentes concernant les mesures de DAS au contact du corps, elle estime qu'il est donc " plus que jamais nécessaire de renforcer les précautions indispensables pour sauvegarder la santé et en tout premier lieu celle des foetus, bébés et enfants ". Et elle approuve les recommandations californiennes " qui vont exactement dans cette direction".

Ces recommandations, qui interviennent quelques jours après l'annonce en France d'une campagne des six bons usages faite par Nicolas Hulot, Ministre de la Transition écologique et solidaire, mais tout à fait insuffisante, et de l'interdiction du téléphone portable à l'école et au collège par Jean-Michel Blanquer, Ministre de l'Education nationale, montrent à quel point ce sujet est important.

Quelles sont ces recommandations faites aux utilisateurs?

Le département de la Santé Californien recommande :

1) De garder son téléphone portable à distance de son corps, dont la tête et le cou, y compris la main, et jamais dans la poche du pantalon ou dans le soutien-gorge. Cette recommandation est pourtant totalement occultée jusqu'ici par les Pouvoirs publics Français et Européens, y compris tout récemment par le Ministère français de la Transition écologique et solidaire dans sa campagne d'information ;

2) De réduire l'usage du téléphone quand le signal est faible ;

3) De réduire l'usage du téléphone quand on l'utilise en streaming pour regarder de la vidéo ou de la musique, ou quand on télécharge des documents numériquement lourds ;

4) De laisser le téléphone en dehors du lit la nuit ;

5) D'enlever les écouteurs du téléphone et de les retirer des oreilles quand on ne téléphone pas, car ils transmettent les ondes ;

6) D'éviter les produits qui sont censés protéger des ondes de radio fréquence et qui peuvent en réalité augmenter l'exposition à ces ondes.

La responsabilité des industriels et des régulateurs engagée

" Dans ce contexte, la faillite totale du système de régulation internationale pose de nombreuses et graves questions ", dénonce le Dr Arazi, lanceur d'alerte français qui considère qu'il s'agit là d'un véritable scandale sanitaire mondial ". Un scandale et qui a pris le nom de "Phonegate"* en référence au scandale similaire organisé par l'industrie automobile, appelé le "Dieselgate".

Selon le Dr Marc Arazi " cette faillite a permis en effet, depuis plus de vingt ans, aux industriels de la téléphonie mobile, de mettre leurs téléphones portables sur le marché mondial dans des conditions trompeuses pour des centaines de millions d'utilisateurs. En ne tenant aucun compte des usages réels dans le calcul des Débits d'absorption spécifiques (DAS), et tout particulièrement pour les DAS corps, les utilisateurs se retrouvent surexposés quotidiennement et sur le long terme à des niveaux à risque pour leur santé et leur sécurité ".

Cette surexposition a d'ailleurs été confirmée par la publication partielle des résultats de tests menés par l'Agence nationale des fréquences (ANFR) sur 379 téléphones portables, en usage réel, entre 2012 et 2016. Ces tests ont en effet montré que les DAS sont en moyenne plus de 10 fois au-dessus de la valeur indiquée dans la notice d'utilisation.

Programmer le retrait du marché des téléphones à risques

Au-delà des recommandations faites aux utilisateurs de téléphones mobiles pour éviter les risques que leur font courir les industriels sans les informer, il est des mesures que les Pouvoirs publics doivent mettre en application sans délai, à savoir le rappel et le reconditionnement, ou le remplacement, par les fabricants de tous les téléphones mobiles dont le DAS, calculé dans des conditions réelles d'utilisation, c'est à dire à moins de 5 mm de la peau, dépasse les 2w/kg, et l'interdiction de vendre tout nouveau modèle ne respectant pas cette norme.

Bien sûr il s'agit là d'une opération d'une envergure gigantesque. Mais c'est aux fabricants de smartphones d'assumer leur responsabilité, comme c'est le cas, par exemple, dans l'industrie automobile qui parfois est obligée de rappeler des millions de véhicules pour un défaut de fabrication.

Hervé de Malières

En complément :

lire l'article du San Francisco Chronicle qui détaille les actions menées par le Dr Joel Moskowitz et les recommandations du Centre de Santé californien

- voir le Press book avec tous les articles et interviews parus dans plus d'une centaine de médias de 18 pays concernant le Phonegate.

* "Phonegate" : la paternité de ce terme revient à Pierre Le Hir (Le Monde du 23 décembre 2016) "Soupçons sur les ondes des téléphones portables"