Thelma (Eili Harboe), une jeune et timide étudiante, vient de quitter la maison de ses parents pour aller étudier dans une université d’Oslo. Là, elle se sent irrésistiblement et secrètement attirée par la très belle Anja (Okay Kaya). Peu à peu, Thelma se sent submergée par l’intensité de ses sentiments pour Anja, qu’elle n’ose avouer, pas même à elle-même, et devient la proie de crises de plus en plus fréquentes et paroxystiques. Il devient bientôt évident que ces attaques sont en réalité le symptôme de facultés surnaturelles et dangereuses. Thelma se retrouve alors confrontée à son passé, lourd des tragiques implications de ces pouvoirs.
Révélé par le superbe Oslo, 31 Août en 2012, le réalisateur Joachim Trier revient en cette fin d’année sur le devant de la scène avec Thelma, nouvelle réalisation dont il signe, comme à son habitude, aussi le scénario. Habitué depuis toujours au drame, le cinéaste norvégien ajoute à son dernier long-métrage une dimension fantastique inattendue, qui nourrit indéniablement la réflexion. A travers l’histoire d’une jeune fille en proie à des crises épileptiques de plus en plus fréquentes au contact d’une autre étudiante, il traite effectivement une grande variété de thématiques telles que la religion, la famille, l’émancipation, l’homosexualité ou encore les plaisirs de la chair. Des thématiques, certes pas neuves au cinéma, mais qui trouvent ici un écho particulier dans le traitement singulier du réalisateur. S’appuyant magistralement sur une ambiance aussi hypnotique qu’étouffante pour installer ses enjeux, le film multiplie les sujets de manière harmonieuse, parvenant à développer une intrigue cohérente, prenante et mystérieuse. Un équilibre qui doit beaucoup à la construction admirable du récit, usant notamment habilement du flashback pour renforcer son intensité. En témoigne, par exemple, l’ouverture absolument remarquable.
Relativement sobre dans son approche du fantastique, le film n’est toutefois pas avare en belles séquences. Fort d’une mise en scène efficace et d’une photographie léchée, il délivre en effet des plans d’une rare élégance, respectant les codes du genre sans pour autant s’y abandonner bêtement. C’est finalement là l’une des grandes forces de Thelma, proposer un fond et une forme en totale adéquation, l’un et l’autre se répondant à merveille de bout en bout. Privilégiant les sensations aux émotions, le long-métrage séduit par son atmosphère incomparable, tantôt oppressante tantôt envoûtante. Une atmosphère de laquelle émerge avec talent Eili Harboe. Véritable révélation du film, la jeune actrice épouse avec brio toutes les facettes de son personnage. Tour à tour attachante, fascinante, sensuelle et inquiétante, la comédienne livre une prestation entière dans la peau de Thelma. A ses côtés, l’inexpérimentée Okay Kaya est tout aussi convaincante, exerçant notamment sur l’héroïne une attraction magnétique palpable. Le genre d’attraction ayant, comme le montre très bien le film, de quoi faire perdre complètement la tête. Enfin, signalons aussi pour terminer la composition sonore subtile d’Ola Flottum, qui contribue à renforcer l’ambiance singulière du projet.
D’une rare élégance, Thelma s’impose donc comme une œuvre absolument fascinante. Tantôt oppressant et mystérieux, tantôt sensuel et hypnotique, le long-métrage s’appuie sur le fantastique pour raconter une histoire d’une incroyable richesse (tant sur le plan sensoriel que réflexif), portée par la jeune actrice Eili Harboe, véritable révélation du film.