Le récit dresse le portrait psychologique de Michel Flavent, marqué à jamais par ce drame effroyable et par la perte de son grand frère qui avait troqué tous ses rêves pour devenir mineur. N’ayant pas supporté la mort injuste du fils aîné, leur père se suicide peu de temps après cette tragédie, agrandissant la blessure de Michel, alors âgé de 16 ans, et l’abandonnant avec une mission qu’il choisira de mener à bien 40 ans après les faits : « Venge-nous de la mine ! ».
Au fil des pages, Sorj Chalandon explore les profondeurs de l’âme de son narrateur, cherchant des vérités et des traumatismes enfouis dans des recoins aussi sombres que ceux de la mine. En voulant assouvir sa soif de vengeance, le personnage principal se libère certes d’un énorme fardeau, mais libère au passage de nombreux démons, créés par quarante ans de douleur, de culpabilité et de déni.
En situant son récit dans les mines de charbon du Nord, l’auteur rend hommage à ce métier qui tue, parfois brutalement, d’un coup de grisou, souvent à petit feu, étouffant lentement ses victimes aux poumons silicosés. Si ce sont les mineurs qui affrontent le danger au quotidien, leurs proches font également partie des victimes de cette fatalité qui s’installe progressivement au sein des familles, au nom du profit… « C’est comme ça la vie… » dirait Jojo, le frère de Michel.
Partant d’un fait authentique, Sorj Chalandon rend non seulement hommage aux victimes, mais livre surtout un récit profondément humain et bouleversant. Une histoire de fraternité et de deuil, aux mots justes et parsemée de rebondissements aussi surprenants que poignants.
Un coup de cœur de cette rentrée littéraire, tout comme « Bakhita », « Entre deux mondes », « L’ordre du jour » et « L’art de perdre ».
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