Les remakes c'est jamais bon. Dans les faits l'idée de base est foncièrement mauvaise. Il est quasiment impossible de refaire un film à succès, en mieux. Car refaire c'est forcément modifier certains détails qui apportaient, à leur façon, le charme et toute la saveur du film d'origine. Un remake a trop souvent tendance à vouloir moderniser l'original pour le rendre plus actuel, mieux produit, plus impressionnant. Rien n'y fait, je n'ai jamais vu, à ce jour, de remake mieux que le film original qu'il copie.
Une mini-série chronophage
Il y avait déjà eu un Dirty Dancing 2. Erreur fatale. Jurisprudence Disney. Mais la version dont je te parle celle de 2017, le Dirty Dancing à la sauce télévision, réalisée par Wayne Blair et diffusée à partir de ce soir sur TF1 en trois épisodes. Pourquoi trois épisodes ? Car le film ne dure pas moins de 2h, quand l'original de 1987 et ses longueurs durait déjà plus d'1h30. Et aussi parce qu'il a été diffusé de cette façon-là sur ABC, cet été aux États-Unis.
Comment se sont-il débrouillés pour que cela traîne autant tout en conservant la même histoire de cet été 1963 ? Simple comme bonjour, tout est dans l'ajout du mélo : scénaristiquement, on a ajouté des chansons interprétées directement par les acteurs pour donner un côté comédie musicale, développer certains personnages dont on se fout, et fait s'éterniser certaines scènes à coup de dialogues pédants et pseudo-moraux. Mais ça à la limite, si c'était bien amené je ne dirais rien. Or, ce n'est pas vraiment le cas. Les numéros sont souvent répétitifs et n'apportent rien au récit, ils l'alanguissent et coupent le peu de rythme qu'il avait déjà. Le développement de certains personnages (dont les parents de Baby) s'enlise dans les clichés à l'américaine, et je ne te parle pas de celui de Vivian, devenue vieille chanteuse cougar pathétique et aigrie. À trop vouloir en faire, et malgré de bonnes intentions, on se perd et on s'ennuie.
Un casting terne
L'autre souci majeur ? Le choix des acteurs : de l'acteur en fait. Je comprends le problème de base : quel homme décemment né se sentirait à la hauteur de feu Patrick Swayze ? Le choix s'est porté sur Colt Prattes déguisé en Dany Zuko. Danseur animal dans " Try ", le hit single de Pink, Colt Prattes répondait à un critère majeur : celui du beau gosse aux abdos dessinés, qui bouge bien ses hanches. Au delà de la performance physique, Colt Prattes ne fait pas le poids, il est malheureusement très lisse dans son jeu d'acteur. Navrée, mais c'est pour moi le plus gros défaut de ce film : cet acteur au charisme digne de celui d'une huître dans sa boîte, prête à être expédiée pour les fêtes de fin d'année. Agonisante et transparente.
Nicole Scherzinger en Penny fait étonnement bien le job, tandis qu'Abigael Breslin (la petite Olive de Little Miss Sunshine) en Baby potelée tient difficilement son rôle de jeune femme aux pensées modernes et féministes séduite par Johnny, le professeur de danse sexy et rebelle de son club de vacances. Elle est mignonne, certes un peu niaise, elle a l'air d'un petit oiseau qu'on aurait envie de protéger, mais elle manque cruellement d'humour, comme la pétillante Jennifer Grey pouvait en avoir. Et ne sait toujours pas très bien danser après des heures de cours de danse... Enfin, l'alchimie et la tension sexuelle entre Johnny et Baby 2017 n'opèrent pas, et c'est bien là le problème dans un film romantique appelé Dirty Dancing.
Et je ne vous parlerai pas des horribles reprises des titres de la fantastique BO de Dirty Dancing. Mes oreilles ont littéralement pissé le sang à l'écoute de " She's Like The Wind " ushérisée par Calum Scott. C'était pénible. De ce fait, il m'était bien difficile de faire autre chose que de rire à l'au-revoir larmoyant de Johnny à Baby. Massacrer une super chanson, est toujours très douloureux.
Bref, tu l'auras compris, les remakes, c'est jamais bon.
► Dirty Dancing, diffusée à partir du 21 décembre sur TF1. À regarder en replay sur MyTF1.