Lahav Shani et le hautboïste solo Giorgi Gvantseladze en répétition
Crédit photographique Bayerisches Staatsorchester
Soirée découverte au Théâtre national de Munich avec Lahav Shani, un jeune chef israélien de 28 ans, brillant et charismatique, qui dirigeait l'Orchestre d'Etat de Bavière dans des oeuvres de Felix Mendelssohn. Richard Strauss et Antonin Dvořák. En 2013, âgé de seulement 24 ans, Lahav Shani remportait le Premier Prix du prestigieux Concours international de direction Gustav Mahler à la tête de l'Orchestre Symphonique de Bamberg. Lahav Shani, formé à l'Académie de Musique Hanns Eisler de Berlin, auprès de Christian Ehwald et Fabio Bidini, bénéficie également du soutien et des conseils de Daniel Barenboim.
D'entrée de soirée, le talentueux maestro charme le public dans l'ouverture en ré majeur Meeresstille und glückliche Fahrt (Mer calme et heureux voyage), une oeuvre que Mendelssohn composa en 1828 au départ de deux poèmes de Goethe qui avaient déjà inspiré Beethoven en 1815, et Schubert la même année, pour le premier d'entre eux. Lahav Shani dirige cette oeuvre de mémoire avec une douceur rendue avec finesse et un art incomparable de la couleur. Le chef allie la précision au naturel avec une gestuelle qui communique une impression de grande tendresse. Il donne à entendre le profond silence de l'eau et le repos de la mer en bonace, il souligne ensuite le bruissement des vents qui déchirent les brumes, et la hâte des marins et leur joie lorsque bientôt ils entrevoient la terre.
Vient ensuite le Concerto pour hautbois et petit orchestre en ré majeur que Richard Strauss composa en Suisse en 1945. Lahav Shani dirige ici avec partition. La partie du soliste est interprétée avec maîtrise et virtuosité par le géorgien Giorgi Gvantseladze, hautboïste solo du Bayerisches Staatsorcheter depuis 2010. Un vrai régal pour les amateurs qui retrouvent dans cette oeuvre de la maturité, -Strauss la composa alors qu'il avait 81 ans-, nombre de citations de ses oeuvres précédentes, comme Le Chevalier à la Rose ou Capriccio. La partition est connue pour sa difficulté, notamment en ce qui concerne la respiration, ininterrompue, une épreuve que le hautboïste traverse avec bravoure.
En seconde partie, le chef et l'orchestre nous ont transporté dans le rêve musical de la Symphonie du nouveau monde. Lahav Shani dirige à nouveau de mémoire et de coeur avec une clarté d'expression admirable et avec une gestuelle qui communique à l'orchestre et au public son enthousiasme pour le musique de Dvořák. La complicité avec l'orchestre est palpable, qui répond avec précision à la battue et au langage corporel du maestro. Et c'est un bonheur de tous les instants de se laisser entraîner dans la modernité des rythmes, des contrepoints et des couleurs orchestrales si magnifiquement interprétés.
Une énorme ovation salue le chef et l'orchestre pour cette soirée aux musiques si heureusement choisies et qui parlent toutes du bonheur.