Plusieurs disparitions simultanées ont lieu en 1965 et 1970 : qu'il s'agisse d'un GI américain évaporé lors d'une patrouille dans la zone démilitarisée, entre les deux Corées, ou de jeunes filles japonaises, tous disparaissent sans laisser de traces, au grand désarroi de leur famille.
En 1987, le vol 858 de la Korean Air explose en plein vol. Une des terroristes responsable de l'attentat ne parvient pas à fuir, elle est arrêtée, interrogée, et la police finit par l'identifier comme étant une espionne de Corée du Nord, s'exprimant pourtant dans un japonais parfait.
Le lien entre les disparitions et ces êtres maitrisant parfaitement les codes japonais, se dessinent peu à peu.
Eric Faye met en lumière un pan d'histoire peu connu, mais au-delà de l'aspect historique, il nous parle également de la capacité d'adaptation des êtres humains, qui peuvent se formater en fonction des besoins ou des idéologies. Que signifie appartenir à un pays quand on a été arraché très tôt à sa vie pour être emporté dans un autre monde ? Ces êtres pourront-ils ensuite faire le chemin inverse et revenir vers leurs origines ?
Ce que j'ai moins aimé : Le choix de la narration ne permet pas de véritablement s'attacher aux destins individuels : Eric Faye choisit en effet d'alterner les points de vue à chaque chapitre, si bien que à peine le portrait d'un personnage est-il esquissé, qu'il s'efface devant un autre, laissant le lecteur démuni, et perdu face à tant de personnalités différentes. De plus certains chapitre sont à la première personne du singulier, d'autre à la troisième personne, accentuant ainsi le côté décousu du roman.
Enfin, la fin du roman, qui cherche à résoudre le sort de chaque personnage, rompt la narration, s'accélérant, puis proposant plusieurs épilogues à des époques différentes.
Bilan : Ce roman a le mérite de livrer des faits réels méconnus, mais, pour moi, il reste bancal dans sa construction et sa narration.
Eclipses japonaise s, Eric Faye, Points, septembre 2017, 240 p., 7 euros
Il s'agit de ma première lecture pour le jury du prix du meilleur roman Points