18 décembre Tranche de non vie Hôpital psychiatrique de Montéléger, pudiquement rebaptisé "Centre Hospitalier Spécialisé". Comme les malades se sont transformés en "patients" (il en faut) puis "clients" alors que rien n'a changé ou presque. Même les électrochocs ont été remis au goût du jour. C'est là que Jack traîne ses pantoufles depuis trois jours, lobotomisé chimique, dans un pavillon fermé, pour lui apprendre à se passer du goût de la mort. Il s'en passe d'ailleurs fort bien, c'est un mort qui marche, en pyjama de rigueur. De temps à autre un zombie l'accoste, lui demande dans un jargon en bouillie une clope, puis navigue vers d'autres marécages. Une garde chiourme bat le rappel : - Tout le monde dans les chambres, visite ! Un ou deux neurones encore en activité signalent à Jack la présence matinale de la cohorte de l'équipe soignante, le prince de la place suivi de sa suite d'internes et d'infirmières. Une heure plombée d'attente, le troupeau de blouses uniformément immaculées pénètre dans la cellule, trois mots infantiles au fantôme, murmures du tout-puissant à son ouaille en second, « à la prochaine portez-vous bien » et ils sortent.
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