Etunwan, celui qui regarde: J'admets que, même en comptant large, ce livre date de 2016. Mais il a été honoré lors de la Fête de la Bande Dessinée à Bruxelles en septembre. C'est à cette occasion que je l'ai découvert et je décide donc unilatéralement de l'inclure. Ce roman graphique, signé Thierry Murat, livre relate la vie d'un photographe (fictif) qui, lors d'une expedition scientifique, découvrit la culture indienne. C'est en 1867 que Joseph Wallace, photographe qui mène une petite vie bourgeoise à Pittsburgh, rejoint l'expédition scientifique du docteur Walter. Il s'agit de cartographier les vastes zones inexplorées avant que le chemin de fer ne relie les 2 côtes. Wallace y rencontre la culture indienne. Il multiplie les clichés et commence à se sentir témoin d'un monde qui ne va pas tarder à disparaître face à l'avance de la civilisation. Thierry Murat réussit un très beau livre qui explorent de nombreuses questions autour du sens de l'image, de la difficulté de capturer la réalité au lieu d'un simulacre, du rôle de témoin qu'endosse le photographe, conscient qu'il documente une réalité vouée à disparaître. Le propos est riche et passionnant. Le relatif anonymat qui a accompagné ce livre n'est en que plus dommage.Paysage après la bataille: autre petit arrangement avec le calendrier, ce livre date également de 2016 mais je l'ai découvert grâce à son Fauve d'Or angoumoisin. Cette brique révèle une histoire toute en atmosphères traitant du deuil et de l'absence. Il s'en dégage une certaine poésie. L'ensemble est très cinématographique, entre lent travelling, longs plans séquences. Il s'agit du type de livre qui réclamerait presque une bande originale pour en renforcer les ambiances. J'imagine quelques compo de Nick Cave et Warren Ellis, de dépouillé et hypnotisant.
Les contes du suicidé: Il s'agit d'une anthologie de de recits adaptés de l'auteur uruguayen Horacio Quiroga. A chaque récit, Lucas Nine adapte son style pour mieux traduire le ton particulier de caque nouvelle. J'y ai retrouvé le plaisir que je ressentais dans les recueils d'adaptations fantastiques de Dino Battaglia. Ambiance vénéneuse, graphisme élégant. Classique mais très efficace.
Bitch Planet: un brulot féministe qui ne s'emarasse pas de nuances, mais pourquoi faudrait-il toujours prendre des gants ? Bitch Planet est une série rentre-dedans, qui emprunte beaucoup à la culture du cinéma d'exploitation (série Z, sous section prison de femmes), sans tomber dans la piège de la surenchère putassière. C'est trash, mais c'est bon.
Descender: Jeff Lemire (encore lui) cette fois aux commandes d'une série de SF très classique. Planètes exotiques, enfant-robot, chasseurs de prime, complot intergalactique... rien de neuf sous les étoiles. Et pourtant une vraie réussite du genre parce que le scénario de Jeff Lemire n'oublie as de proposer des personnages fouillés et attachants et parce que le dessin de Dustin NGuyen, aux antipodes des codes habituels de ce genre, fonctionne très bien.