La chronique tire son titre de 4 albums qui font partie de mon ADN:
Par ordre de création:
"Blonde on Blonde" de Bob Dylan
"The Idiot" d'Iggy Pop
"Low" de David Bowie
"The Unforgettable Fire" de U2
B.I.B.I. c'est aussi moi. Ainsi que la terminaison du terme habibi, qui veut dire en dialecte irakien: je t'aime.
Musique, je t'aime.
Jan Garbarek est un saxophoniste norvégien, leader de 30 albums, dont celui dont je vais vous parler, entre 1967 et 2010. Il a aussi joué 7 fois sur des albums de Keith Jarrett, 3 fois sur des albums de Charlie Haden & Esberto Gismonti, George Russell et Gary Peacock. Il a aussi joué sur 4 albums de Eberhard Weber (ou lui rendant hommage) et accompagné plusieurs autres musicien d'Europe et d'ailleurs.
Son style, dans les années 60, se logeait dans les tons aigus de saxophone sopranos, de longues plaintes soutenues et un généreux espace pour les silences. C'est Jarrett qui lui donnera de la scène comme soliste et qui lui écrira des partitions qui honore son talent, parmi les premiers.
Le Hilliard Ensemble n'existe plus depuis 2014. C'était un quartet vocal britannique composé, en 1994, de David James comme contre tenor, Rogers Covey-Crump comme tenor, John Potter comme tenor aussi et de Gordon Jones comme bariton. Il se spécialisait dans les chants anciens depuis 1974. Le groupe a été nommé ainsi en hommage au peintre élizabethain, portraitiste en miniature, Nicholas Hilliard.
Vers 1993, un producteur (Manfred Eicher), Jan Garbarek et John Potter du Hilliard Ensemble, se réunissent pour un projet commun.
C'est dans la cathédrale de Séville que Eicher, d'origine allemande, au début des années 70, qu'il entend pour la première fois l'Officium Defunctorum de Morales. 20 ans plus tard, il le réentend en voiture lors d'une ballade en Islande. L'émotion ressentie est encore plus durable.
En écoutant par la suite, en parallèle, Répons de Ténèbres de Gesualdo et un album de Jan Garbarek, il y trouve un mariage possible.
Il en parle à Garbarek qui veut alors travailler avec le Hilliard Ensemble et rencontre Potter sur le sujet. Une musique naît.
On se réunit au monastère autrichien Propstei St.Gerold, on y croirera nouvel âge, jazz et chant grégorien. En 1995, je suis employé d'un magasin de musique dans le 450, sans me douter encore que j'y habiterai. En me rendant dans la section vitrée de la musique classique du magasin, j'ai un appel des sens. Y joue Officium. Je suis charmé.
Les voix sont comme des vagues près de la fenêtre où on y dort. La saxophone de Garbarek est comme le vent qui souffle de temps à autre. Agaçant peu l'oreille. Sans obstruction. Faisant écho aux voix. Trouvant l'espace pour les harmonies enchanteresses nous donnant l'impression d'entendre ce que John Coltrane entend lui-même, au paradis.
Une tournée suivra tellement l'album se vendra bien. et deux autres albums ensemble se feront en 1999, et en 2010.
On y honore des musiques centenaires, du Christobal Morales, du Pierre de la Rue, du Magister Perotinus, du Guillaume Dufay mais surtout des chants d'auteurs anonymes.
Je penche rarement vers la musique classique, mais cette fois, c'est la musique classique qui m'a happé. En usant du subterfuge du jazz. Jan Garbarek y développe des nouvelles conceptions de sons et ne semble même pas se soucier de l'avoir fait. La fusion entre folklore classique et jazz expérimentale fonctionne à merveille pour moi.
Les gens plus "narfés" deviendront impatients à l'écoute de cette musique indéfinissable, mais après une journée de magasinage de Noël animale, ça pourra aussi amplement vous relaxer.
Pour amateurs de jazz, chants grégoriens, des moines de l'Abbaye de St-Benoit-Du Lac, expérimentation musicale, minimalisme musical, nouvel âge, musique de relaxation, de saxophone soprano.
Je ne peux vous mettre une tonne de lien puisque la musique de cet album est principalement bloquée dans notre pays.
Ces cons ne veulent pas être connus.
L'ensemble n'existe plus non plus.