Last Train - Fitz Roy à la Rotonde du Botanique- Bruxelles, le 15 décembre 2017
En mai dernier lors des Nuits, Last Train se voyait obliger d'annuler son concert en dernière minute, sept mois plus tard, les revoilà dans la même salle après une tournée en Inde et un passage remarqué dans leur fief alsacien.
Pour assurer l'avant-programme des rockeurs de Mulhouse , Intersection Booking a choisi Fitz Roy!
D'accord, balance tes âneries... non, pas de schleus à l'horizon, ni de Robert Crumb, ni d'outlaw écossais, le patronyme fait peut-être référence à un rocher en Patagonie, au comte d'Euston ou à un cours d'eau malouin, d'autres sources avancent qu'il s'agit du cochon d'Inde d'un des protagonistes.
On a questionné P Smet, il a répondu: tous des putes, de bas étage.
Ce mec va s'attirer des ennuis!
Il y a deux ans, quatre oisifs décident de monter un groupe rock, un vrai, sans synthé, loop station, et autres gadgets frelatés servant à dissimuler le manque d'aptitudes musicales, François Chandelle (guitare -chant), Edouard Chandelle (guitare- secondes voix), Dawid Nowak (basse) et Hadrien Pierson (batterie) deviennent Fitz Roy.
Ils travaillent d'arrache-pied dans leur grotte, finissent par monter sur scène, au Zik Zak, comme par hasard, sortent un premier single' Animal' et passent ce soir au Bota.
Ces braves gens ont pas mal de potes, turbulents, ils mettront de l'ambiance dans l'hémicycle.
'Intro', la basse grasse lance, les guitares grincent, le ton monte, François a éteint la chandelle et entame le chant du titre 'Back off'.
Même dans le noir, tu as cru entendre le timbre rauque de Chris Cornell, musicalement aussi Soundgarden et les autres grands du grunge ressurgissent, c'est sûr, les gamins ont des lettres et de l'énergie à revendre.
Tu dis, Ronald?
Tu n'as pas l'impression que le rose est leur teinte préférée, tu penses au ministre de la mobilité?
'Animal' et 'Way out' succèdent aux premières salves, le scénario n'a pas changé, des guitares viciées, un jeu de batterie consistant et une basse ravagée, le son est compact, monolithique, un peu comme la rocaille de la cordillère de Patagonie.
Tu parlais de grunge, chemises de bûcheron à l'étalage?
Tu fais bien de le remarquer, affirmatif!
Fitz Roy est content que vous soyez là, voici ' Peep'.
Quel show, la machine tourne à plein régime.
Tiens voilà 'Tina', comme Irma, elle est douce!
Douceur est un concept élastique!
Toujours consacré au sexe faible, voici 'Laureen'.
Humphrey s'énerve... jaloux, va!
Ils enchaînent sur 'In a bag' démarrant en mode downtempo pour finir avec le rageur ' New shit'.
Courte décélération, ils ont humé un radar, pour repartir de plus belle lorsque les képis s'évaporent.
Un set musclé, apprécié par la clientèle du zoo!
Last Train.Deux EP's, un album, ' Weathering', chroniqué en son temps sur nos pages.
Tu les avais croisés au feu DNA, paix à son âme et à celles d'autres café-concerts bruxellois en voie de disparition, en 2014, donc bien avant une renommée médiatique, engendrant jalousie et propos désobligeants ( pour t'amuser et t'instruire, va lire l'article d'un certain Bester sur Gonzaï, un intellectuel de gauche, une espèce en voie de disparition, à la plume ayant trempé dans le même encrier vitriolé que celle du bon Serge Coosemans, une star underground dont la mauvaise foi, légendaire, attise les commentaires haineux sur les réseaux sociaux).
Nous devons être très cons ou très vieux ( pas incompatible) car nous aimons leur rock'n'roll puisant ses sources dans le bon vieux blues/hard/classic rock comme on en pondait, sans rougir, dans les sixties/seventies.
Donc, oui, nous sommes fans des Stones, Ten Years After, Steppenwolf, Free, Small Faces, Blind Faith... et de leurs successeurs, Black Rebel , Black Keys, Brian Jonestown ou The Vines!
Après une intro nocturne de Chopin, les gamins rappliquent et d'emblée te balancent une salve explosive amorçant ' Weathering'.
La mer est houleuse ce soir, des vagues impétueuses et agressives viennent mouiller la grève, sur scène, le blondinet Jean-Noël Scherrer (chant et guitare), Julien Peultier (guitare), Tim Gerard (basse) et Antoine Bashung (batterie) se démènent comme de beaux diables, ils doivent suer dans leur queue-de-pie, blouson de cuir ou survêtement à capuche.
Nous sommes Last Train, lâche Jacques Lantier avant d'attaquer ' Cold fever', du Britpop rageur décoré de ooh ooh ooh's enjôleurs.
Du danger de se poster au premier rang, un coup de gratte dans les gencives, c'est douloureux!
Sale ket!
A d'autres, hein, 'Dropped by the doves', c'est toi qui nous a balancé ce coup, salope!
Ils poursuivent avec la ballade , 'House on the moon', quittent leur attirail hivernal, qui atterrit derrière les amplis, et lancent 'Jane', une plage étendue, étalant plusieurs climats: langueur, broderie fine puis explosion volcanique à la Humble Pie, riffs déchirants, distorsion, effets larsen et quelques lueurs Oasis... tout y passe, même un petit tour dans la fosse et sur les gradins.
Bruxelles vibre, Bester fulmine... c'est du bidon... Souchon confirme, la foule parle de les lyncher!
Le plus ancien ' One side road' précède 'Golden songs' à l'amorce Lou Reed.
Jean-Noël s'éclipse, les copains jamment avec mise en évidence du jeu râblé d'Antoine, sous les acclamations du public, Blondin réapparaît, cibiche au coin des lèvres, pour chanter ' Time' à la manière des grands slows du Zep avant de pousser un hurlement bouleversant et de se retrouver à genoux devant Marie et Madeleine, ravies de pouvoir le toucher.
Les guitares dialoguent pour ouvrir ' Leaving you now', un tambourin est secoué, ça s'énerve subitement, à tes côtés, un hexagonal tremble comme l'arbre du même nom, sur scène ils viennent d'envoyer la dernière bombe, 'Fire', toutes guitares dehors, ça crépite de partout, Jeanne brûle, Brian Jones et Keith Richards s'avancent au bord de l'abîme, Bruxelles retient son souffle, le final sera monstrueux,.
C'est fini, les cheminots se tirent en laissant leurs guitares geindre.
C'est bon signe, ils reviendront.
Un technicien de surface se charge des derniers réglages, le train rock'n'roll est remonté sur les rails pour débuter la séquence rappels par 'Way out' suivi par un 'Never seen the light' lumineux et sauvage.
Après un épisode remerciements divers, le quartet livre son dernier titre, le bluesy 'Fragile'.
Du brio, des tripes, de la sueur, du rock'n'roll, quoi, le peuple ne veut rien de plus....Bester, on t'aime, si les Français te jettent, viens vivre en Flandre!
photos- jp daniels/concert monkey