Stress et attente dans un centre de transition
Colin McGregor, Centre fédéral de formation,
Dossier: Chroniques d’un prisonnier Illustration par Siyu
En 2016, Colin McGregor a changé de pénitencier; détenu depuis 25 ans à Cowansville, il fut déplacé à Laval. Avant d’intégrer ses nouveaux locaux, il transita par le Centre régional de réception, lieux de passage obligé de tout détenu. Situé à St-Anne-des-Plaines, sa fonction est d’évaluer les détenus pour connaître leurs besoins et leur niveau de dangerosité.
Bien que transitoire, la durée de passage en ces lieux est aléatoire et inconnue du détenu. Pouvant aller jusqu’à plusieurs semaines, cette période est une source importante de stress pour ces personnes qui sont en attente de la prochaine étape de leur détention. Dans un milieu où le temps est tout ce qui leur reste, Colin nous parle de son attente au Centre régional de réception.
Il n’y a pas de lieu plus triste dans le monde que le Centre régional de réception du Service correctionnel fédéral. C’est là que se retrouvent ceux qui ont été condamnés à des peines de deux ans et plus de prison pour y être «évalués». C’est là que l’on trie leur destinée qui les coupera du monde extérieur pour de longues années. C’est de là qu’on les enverra vers les prisons où commenceront leurs séjours, peu importe la province dans laquelle ils se trouvent.
Personne ne reste bien longtemps en ces lieux sinistres et nus – 30 jours, peut-être 45. Entre deux réunions avec des membres du personnel, ils attendent. Recueillant leurs repas dans des plateaux verts de cafeteria, ils font la queue en se déplaçant lentement, comme le font ceux dont les jours traînent en longueur. Les visages sont pâles et dénués d’espoir. Sur les aires de loisirs, les tables d’acier vissées au plancher de béton, sont toutes occupées par des hommes tranquilles. Des écrans de télévision fixés aux murs, débordent d’images de villes et de plages qu’ils ne pourront plus voir avant que leurs cheveux grisonnent et que leurs visages se couvrent de rides. Et peut-être même plus jamais au cours de cette vie.
Je suis là sans y être – de passage, entre une prison à sécurité moyenne et une autre à sécurité minimale, plus proche que jamais de la rue et du Café Graffiti. La lumière se lève sur mon avenir. Chez la majorité des hommes plus jeunes qui m’entourent, les regards absents révèlent un avenir où l’espoir est encore loin.
Dans son essai Le mythe de Sisyphe, Albert Camus, l’auteur français né en Algérie, affirme que l’absence d’espoir peut vous rendre vraiment heureux. Vous vivez dans le présent et l’avenir ne peut plus vous décevoir. La vie, nous dit-il, ne répond jamais à l’idée que nous nous en faisons. Elle ne répond jamais à nos attentes ou à ce qu’on voudrait qu’elle soit. Ou comme l’art, le rap, la musique et l’éducation nous disent qu’elle devrait être. Le monde est absurde. Accepte-le, et tu pourras commencer à vivre. Refuse-le et tu ne vivras jamais vraiment.
Dans l’Inde ancienne, la plus petite unité de mesure de temps était le kshanta, correspondant à un moment de l’esprit. Un claquement de doigts équivalant à 64 kshantas. Chaque moment est distinct. Mais nous imaginons qu’ils se relient l’un à l’autre pour former le passé, le présent et le futur. Alors qu’en réalité, il n’y a qu’un seul maintenant. C’est ce que croient les bouddhistes, raison pour laquelle ils semblent beaucoup moins stressés que nous.
C’est bien de vivre au présent. Mais si vous êtes un détenu de 24 ans dynamique et débordant d’énergie, et que vous contemplez le mur en sachant qu’il n’y aura pas grand-chose d’autre au cours des nombreuses années à venir à cause d’un acte horrible… Alors, peut-être que ces heureux spectateurs d’une partie de hockey, qui passent à la télé vissée au mur, ont quelque chose à vous dire.
Vous pouvez vous imaginer à leur place dans une quinzaine d’années, mordant dans un hot-dog et rotant devant des joueurs qui en ce moment commencent à peine à marcher.
C’est la nuit. Je me lève pour aller marcher dehors. Il y a une cour entourée de barbelés. Et derrière, une longue terre agricole bien nivelée, aux cultures vertes et beiges mouillées par la pluie de l’après-midi. Plus loin, des avions décollent. À intervalles réguliers, on entend un grondement. Après un faible tremblement de terre lointain, un triangle de lumières, des couleurs d’arbre de Noël, qui s’élèvent lentement dans le ciel. Un lent virage à gauche, entre le croissant de lune et Vénus, et un chargement de passagers se dirige vers l’Europe. Ils se réveilleront à Heathrow ou Charles-de-Gaulle et ce sera le matin, avec ses soucis de bagages, d’hôtels et de taxis.
Mon père possédait une agence de voyages. J’ai grandi avec une vue sur l’aéroport de Dorval. Ce doit être bien d’être bouddhiste, de ne pas se soucier de l’avenir ou de ne pas rêver du passé. Mais je me retrouve dans cet avion, comme c’était le cas jadis, en direction d’un travail en Champagne chez Mumm à Reims. J’ai à nouveau 18 ans, je suis rempli d’espoir, de peur et d’énergie. Un avenir composé d’instants passés, d’anciennes victoires revisitées. De retour à la case départ.
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