En une de La Nación, à gauche les affrontements devant le Congrès
à droite des députés sur le point de perdre leurs nerfs
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Cela fait deux jours que Plaza del Congreso est le théâtre de rixes, de troubles, de violences et de destructions urbaines. Ce matin, à l'heure où les journaux ont bouclé, on comptait vingt-deux blessés, dont douze chez les forces de l'ordre, et une quarantaine d'arrestations.
"Macri a déclenché la crise", dit le gros titre sur photo d'émeutes
presque d'état de guerre
A la Chambre des Députés, le gouvernement a retiré son projet de loi. Il a aussi préparé, sur le même sujet, une ordonnance, ce qu'on appelle un DNU (décret de nécessité et d'urgence), un moyen qui avait été amplement utilisé par Mauricio Macri pendant l'été 2016, avant la première ouverture de la session du parlement de son mandat, juste après sa prise de fonction. Hier, le DNU était déjà prêt, les ministres l'avaient déjà signé. Il ne manquait plus que la signature présidentielle mais le chef de l'Etat a préféré ne pas l'y apposer, en considération des troubles qui agitaient tant la rue que la Chambre, où son alliée, Elisa Carrió, a fait faux bond à la majorité, s'opposant de toutes ses forces au passage de la loi par DNU, et où les 18 députés de la province de Córdoba ont été invités par leurs évêques à ne pas voter une loi qui mettrait en place de lourdes injustices sociales (1).
Le gouvernement préparerait une nouvelle présentation de son projet lundi à la Chambre, espérant sans doute que le week-end calme les esprits. D'ici là, Mauricio Macri cherche à obtenir un nouvel engagement politique des gouverneurs péronistes qui, jusqu'à présent, ne lui ont pas refusé leur appui, au nom de l'intérêt national et en contrepartie de subventions versées par l'Etat fédéral pour éponger les dettes provinciales ou financer affaires courantes et chantiers locaux.
"Après son échec, Macri essayera lundi de faire approuver la réforme des retraites"
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A titre temporaire, devant le recul du gouvernement devant les députés, qui se sont bousculés les uns les autres et ont été très près d'en venir aux mains, la CGT a levé son préavis de grève générale mais elle se tient prête à mobiliser ses troupes en accord avec d'autres centrales si le gouvernement maintenait son projet et le représentait au début de la semaine prochaine.
Dans la journée, la Conférence épiscopale argentine (CEA) a appelé une nouvelle fois au dialogue alors que les fêtes de Noël approchent et qu'elle repère une montée brutale de la violence politique dans le pays. Et il faut avouer que le virage en épingle à cheveux pris par le gouvernement après sa victoire d'octobre trouble passablement les esprits.
Página/12 tempête et publie une une dévastatrice centrée sur les violences policières tandis que les autres journaux préfèrent montrer les manifestants cagoulés mais on trouve, même dans cette presse de droite, notamment dans La Nación et La Prensa, des analyses assez sévères sur la gestion des récentes affaires par un gouvernement accusé d'être au mieux maladroit, voire naïf, au pire incapable, tant il est en train de gâcher l'effet de la belle victoire électorale remportée en octobre, aux élections de mi-mandat. Ces quotidiens libéraux ne remettent toutefois pas en question la pertinence ni l'éthique de la réforme proposée pour les retraites.
Pour en savoir plus : lire l'article principal de Página/12 lire l'article principal de La Prensa lire l'article principal de Clarín lire l'article principal de La Nación lire l'analyse de La Prensa sur "la farce qui cherche à se transformer en tragédie" lire l'analyse de La Prensa sur "les erreurs de calcul qui fragilisent la gouvernabilité" de l'Argentine lire l'analyse de Clarín sur les motifs pour lesquels le gouvernement se montre aussi "intransigeant" sur son projet de réforme lire l'analyse de La Nación sur "l'ingéniosité" du gouvernement et "le drame" de sa communication lire l'article de La Nación sur la position de l'Eglise à Córdoba lire l'article de Página/12 sur les déclarations de l'épiscopat lire l'article de La Prensa sur le même sujet
(1) Le responsable des questions sociales pour la province a écrit aux élus en leur rappelant les principes de la doctrine sociale de l'Eglise et les positions du Pape François, dont le gouvernement se dit proche, sans l'être vraiment, en tout cas à première vue.