[Critique] JUMANJI : BIENVENUE DANS LA JUNGLE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Titre original : Jumanji : Welcome To The Jungle

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jake Kasdan
Distribution : Dwayne Johnson, Karen Gillan, Jack Black, Kevin Hart, Nick Jonas, Alex Wolff, Madison Iseman, Ser’Darius Blain, Morgan Turner, Bobby Cannavale…
Genre : Fantastique/Aventure/Comédie/Suite
Date de sortie : 20 décembre 2017

Le Pitch :
Quatre adolescents se retrouvent aspirés dans Jumanji, un jeu-vidéo pas comme les autres. Perdus dans une jungle dense peuplée de dangereux animaux, en proie à un mystérieux ennemi, ils vont devoir terminer le jeu pour pouvoir en sortir et regagner leur réalité…

La Critique de Jumanji : Bienvenue dans la Jungle :

L’annonce de la mise en chantier d’un remake de Jumanji a fait grincer un max de dents. Quand il fut clair que le nouveau projet serait en fait une suite, la révolte s’est quelque peu calmée même si il était évident dès le départ que le film avait de très faibles chances, vu les intentions très claires de départ, de surpasser, ou ne serait-ce que d’égaler le long-métrage avec Robin Williams. Jumanji premier du nom, qui est à ce jour l’un des meilleurs exemples de divertissement populaire et familial aussi généreux que fédérateur. Un film rythmé, visuellement inventif, drôle et palpitant qui cumule tout compte fait toutes les qualités qui font cruellement défaut à sa suite. Car oui, en fait, Jumanji 2, c’est vraiment ce qu’on craignait…

Game Over

Dans Jumanji 2, il n’est plus question d’un jeu de société, mais d’un jeu-vidéo. Il faut vivre avec son temps. Les jeunes héros découvrent une vieille console dans une remise et se retrouvent propulsés en pleine jungle après avoir choisi les personnages qu’ils souhaitaient incarner. Une idée que le film de Jake Kasdan n’exploite jamais vraiment en faisant mine de le faire. À l’arrivée, on retrouve donc bel et bien la notion de niveaux à passer, du nombre de vies limité et d’aptitudes propres à chaque protagoniste, mais au fond, le concept est juste survolé et donne surtout prétexte à de nombreuses incohérences qui finissent de méchamment plomber l’ensemble. Les héros croisent par exemple des personnages pré-programmés, comme dans les jeux-vidéos, mais souvent, le long-métrage se refuse à totalement assumer cette idée, notamment quand il est question du grand méchant incarné par Bobby Cannavale. Idem pour ce qui est des aptitudes. Seul truc vaguement amusant : les protagonistes se retrouvent à incarner des personnages qui ne leur correspondent pas vraiment. L’occasion pour Jumanji 2 de nous livrer une bonne morale bien prévisible et bien paresseuse à base de « il ne faut pas s’en tenir aux apparences », « la tolérance c’est important »… Des choses du genre.

Vraie/fausse suite/Vraie/faux remake

On attendait avec une impatience mêlée de méfiance le fameux clin d’œil que le film allait faire à son prédécesseur. Et si nous ne dévoilerons rien ici, il faut savoir que le clin d’œil en question, qui permet au métrage d’en quelque sorte raccrocher les wagons, est lui aussi bien décevant mais aussi terriblement anecdotique. Pire, il souligne encore un peu plus l’immense fossé qui existe entre le Jumanji de Joe Johnston et celui de Jake Kasdan. Dès lors, à mi-parcours, quand tout espoir de voir le film relever la tête et enfin faire preuve d’un peu d’application s’est fait la malle, c’est l’escalade et on comprend vite que rien ne viendra sauver l’entreprise de la noyade.
Les acteurs essayent pourtant de garder la tête hors de l’eau. Jack Black s’agite et parfois il parvient à nous décrocher un sourire ou deux, Dwayne Johnson nous ressort son éternel personnage de gros dur au cœur tendre, Kevin Hart fait du Kevin Hart et seule Karen Gillan sait véritablement tirer son épingle du jeu même si son rôle se résume à une somme de clichés au mieux insignifiants, au pire embarrassants. Bobby Cannavale pour sa part, est invisible. La menace qu’il est censé incarner aussi. Fatalement.
Impossible alors de ne pas considérer Jumanji : Bienvenue dans la Jungle comme le pur produit d’une démarche putassière au possible, qui n’a que faire d’offrir un divertissement de qualité, cherchant plutôt à ratisser large, sans audace ni inventivité. Diamétralement opposé au premier Jumanji, cette suite fait mine de se montrer respectueuse du passé mais donne un violent coup de balai pour imposer une tonalité toute autre. Pour proposer des scènes farcies d’effets-spéciaux opportunistes, sans jamais penser aux personnages ni à l’histoire, sans exploiter les quelques possibilités qu’offrait le postulat et sans jamais sembler y croire non plus. Décevant de la part de Jake Kasdan qui jadis, nous avait gratifié d’un Walk Hard autrement plus drôle et galvanisant. En pilotage automatique, son Jumanji 2 s’impose comme un pur exemple de blockbuster désincarné, torché à l’arrache dans le seul but de tabler sur la popularité de son aîné, dont il n’a ni la force, ni la grâce, ni la verve comique, ni la générosité.

En Bref…
Si on fait exception des acteurs qui font leur possible et des sublimes paysages d’Hawaï, Jumanji : Bienvenue dans la Jungle est un ratage quasi-total. Un film sans âme, en forme de trailer géant, bourré de vannes qui tombent à plat et de péripéties dont on finit par se moquer éperdument.

@ Gilles Rolland

  Crédits photos : Sony Pictures Releasing France