Je n’ai qu’une rose entre mes doigts
qu’un fragment de cette fête.
Dans les veines une foi vivante
et dans ma gorge une poignée de mots.
Mon chant s’enroule
comme le fil autour du fuseau
d’un instant qui sera un jour
un jour pour tous un instant de joie.
Ce moment nous reviendra à nous et
aux hommes de bonne volonté
dans l’âpre combat que nous menons pour
gagner l’incandescente sagesse.
Mais je sais qu’il restera
comme un pain sur notre table
un jeu de frontières
une invite
des solitudes du profond désert :
l’amour qui gouverne le monde se sera assis à notre table.
*
Len ružu v prstoch mám.
Len fragment z tohto sviatku.
A v cievach vieru živú
a v hrdle za hrsť slov.
vije sa nápev môj
jak vlákno v kolovrátku
o chvíli, ktorá bude
raz všetkým radostnou.
Tá chvíľa stretne nás i našich dobrej vôle.
O múdrosť žeravú tvrdo sa zápasí.
Ale ja viem, že ostane
jak chlieb na dobrom stole,
to rozhranie,
to pozvanie
zo samôt púšte holej:
Láska, čo ľuďom panuje, za náš stôl sadla si…
***
Milan Rúfus (1928-2009) – L’inquiétude du cœur (La Différence, 2002) – Traduit du slovaque par Arlette Cornevin.