Deux ans après la sortie de l’épisode VII (Le Réveil de la Force), qui a amorcé le lancement de la nouvelle trilogie sur grand écran, Star Wars poursuit cette année son développement avec Les Derniers Jedi, 8e épisode de la célèbre franchise. Pour l’occasion, tous les acteurs présents dans le volet précédent sont bien évidemment de retour : Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Mark Hamill, Adam Driver, Carrie Fisher… Seul changement notoire, J.J. Abrams abandonne sa place de réalisateur au profit de Rian Johnson.
Après un 7e épisode particulièrement efficace (bien que très prudent sur le plan scénaristique) dans sa capacité à proposer une transition cohérente entre l’ancienne et la nouvelle trilogie, l’espoir était grand de voir Rian Johnson profiter de cette magnifique rampe de lancement pour offrir à la saga un véritable renouveau. Malheureusement, si le cinéaste américain parvient bien à s’affranchir de l’héritage du passé, il le fait de manière incroyablement maladroite, en tout cas sur le plan narratif. Si on ne peut nier le soin accordé à la dimension formelle, le long-métrage déçoit en effet fortement d’un point de vue purement scénaristique. Non seulement l’introduction s’avère terriblement laborieuse, mais la plupart des protagonistes manquent aussi énormément de profondeur. Difficile de rentrer dans les détails sans risquer de spoiler mais quand on voit par exemple comment évoluent Snoke et Finn, deux personnages pourtant intéressants sur le papier, la déception est inévitable. Très honnêtement, hormis l’arc consacré à Rey, Luke et Kylo Ren, le reste est d’une banalité confondante. Vouloir se distinguer des œuvres antérieures est infiniment louable mais le faire en balayant à ce point ce qui a été introduit, de manière tout à fait décente, dans le précédent opus est tout bonnement incompréhensible.
Bien sûr, tout n’est pas à jeter dans le script. L’introduction du personnage de Benicio Del Toro est effectivement plutôt réussie, de même que les nouvelles créatures, l’évolution de Kylo Ren ou le dénouement final. L’ensemble demeure néanmoins beaucoup trop bancal, et aussi beaucoup trop long (la première heure est franchement pénible), que pour convaincre totalement. Et que dire de l’humour si ce n’est qu’en plus de tomber très souvent dans le ridicule, il désamorce aussi bêtement l’enjeu dramatique de certaines séquences. Autant c’est un aspect qui colle plutôt bien aux productions Marvel, autant ça ne rend vraiment pas justice à l’ambition originale de la saga Star Wars. Finalement, seuls le casting et la direction artistique sauvent le film du naufrage. Le casting car les acteurs délivrent à nouveau des prestations enthousiasmantes (malgré l’écriture désastreuse), Adam Driver et Daisy Ridley en tête, et la direction artistique car le visuel regorge de richesses. Au-delà de la formidable maîtrise qui émane de la mise en scène, c’est surtout ici la photographie et l’esthétique qui ravissent. En témoigne par exemple la superbe séquence dans le désert de sel rouge et blanc, ou celle virevoltante du casino.
Pour toutes ces raisons, Stars Wars VIII – Les Derniers Jedi s’avère donc être une petite déception. Parsemé de nombreuses errances scénaristiques, le film n’évite le naufrage que grâce à sa réalisation soignée et son casting convaincant. De biens maigres consolations compte tenu de l’espoir qu’avait fait naître l’épisode précédent.