LES JARDINS : L'AUTOMNE (Jacques DELILLE)

Par Elisabeth Leroy

Bientôt les aquillons

Des dépouilles des bois vont joncher les vallons :

De moment en moment la feuille sur la terre

En tombant interrompt le rêveur solitaire

Mais ces ruines même ont pour moi des attraits.

Là, si mon coeur nourrit quelques profonds regrets,

Si quelque souvenir vient rouvrir ma blessure,

J'aime à mêler mon deuil au deuil de la nature ;

De ces bois desséchés, de ces rameaux flétris,

Seul, errant, je me plais à fouler les débris.

Ils sont passés, les jours d'ivresse et de folie :

Viens, je me livre à toi, tendre mélancolie ;

Viens, non le front chargé de nuages affreux,

Dont marche enveloppé le chagrin ténébreux,

Mais l'oeil demi-voilé, mais telle qu'en automne

A travers des vapeurs un jour plus doux rayonne ;

Viens, le regard pensif, le front calme, et les yeux

Tout prêts à s'humecter de pleurs délicieux.

http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jacques-de...

Bientôt les aquillons

Des dépouilles des bois vont joncher les vallons :

De moment en moment la feuille sur la terre

En tombant interrompt le rêveur solitaire

Mais ces ruines même ont pour moi des attraits.

Là, si mon coeur nourrit quelques profonds regrets,

Si quelque souvenir vient rouvrir ma blessure,

J'aime à mêler mon deuil au deuil de la nature ;

De ces bois desséchés, de ces rameaux flétris,

Seul, errant, je me plais à fouler les débris.

Ils sont passés, les jours d'ivresse et de folie :

Viens, je me livre à toi, tendre mélancolie ;

Viens, non le front chargé de nuages affreux,

Dont marche enveloppé le chagrin ténébreux,

Mais l'oeil demi-voilé, mais telle qu'en automne

A travers des vapeurs un jour plus doux rayonne ;

Viens, le regard pensif, le front calme, et les yeux

Tout prêts à s'humecter de pleurs délicieux.

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