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"C’est l’élément fort de ce mandat" pour "faire de Grenoble une ville exemplaire en matière de traitement et de valorisation des déchets", a assuré Christophe Ferrari, le président de la Métropole lors du schéma directeur de la politique publique "Nos déchets demain". Fruit d’un travail de deux ans, en partenariat avec plus de mille acteurs et interlocuteurs, ce projet vise à réduire de moitié les ordures ménagères sur l’agglomération grenobloise à l’horizon 2030.
Et ce n’est pas du luxe. Car la métropole grenobloise se place comme "l’une des plus mauvaises élèves " en matière de traitement des déchets reconnaît Christophe Ferrari. En effet, 70% des déchets contenus dans les poubelles grises pourraient être valorisés et 40% d’entre eux pourraient être recyclés. Quant aux poubelles de tri, elles contiennent en moyenne 35 à 40% "d’intrus”. Des erreurs d’aiguillage qui engendrent des coûts importants et surtout un impact majeur sur l’environnement.
"Les résultats ne sont pas à la hauteur. En dépit des efforts de sensibilisation, nous n’enregistrons pas d’amélioration significative depuis 1998", admet Georges Oudjaoudi, le vice-président délégué à la prévention, la collecte et la valorisation des déchets. D’où la nécessité de mettre en œuvre une politique publique écologique moderne et citoyenne pour "accompagner les changements environnementaux de demain", explique-t-il. C’est pourquoi la Métropole s’est fixée des objectifs "ambitieux mais réalistes" pour parvenir à diviser par deux la production d’ordures ménagères.
L’idée est de pouvoir "réduire de moitié le poids de la poubelle grise par an et par habitant", résume le président de la métropole. Actuellement, seulement 48% des déchets sont recyclés à Grenoble. L’objectif est de parvenir à en recycler les deux tiers, soit atteindre un taux de 67% de recyclage pour 2030.
Cette politique publique permettrait d’économiser 25.000 tonnes de matières premières et entraînerait une baisse de 29% du taux de gaz à effet de serre chaque année. Son coût? Plus de 200 millions d’euros. Toutefois, "c’est une nécessité pour s’aligner sur la Loi de transition énergétique pour la croissance verte", rappelle Christophe Ferrari.
En effet, ce plan d’action répond aux exigences posées par le programme “Territoire zéro déchet, zéro gaspillage”, lancé par le ministère de l’Écologie. Mais aussi aux revendications de bon nombre d’associations, notamment le mouvement Zéro Déchet. Pour le président de la métropole, "c’est aussi le rôle du service public de donner un cap et de montrer les grandes orientations. Ce plan propose une politique cohérente et globale pour basculer doucement vers un changement de nos habitudes ".
L’une des grandes réformes de ce plan d’action vise à mettre en place une "police de l’environnement" chargée de contrôler la gestion des déchets. Une brigade luttera contre le dépôt sauvage, l’autre vérifiera que la gestion des ordures par ménage répond bien aux exigences du tri sélectif. Les habitants de l’agglomération seront par ailleurs incités à trier, selon le principe du "pollueur-payeur": "moins on produit de déchets, moins on paye".
Cette réforme, proposée dans le cadre de la Loi de transition énergétique, prévoit en effet l’application de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative (TEOMI), avec une part variable fonction de la quantité d’ordures produite et de la qualité du tri. Concrètement, les bacs à ordures seront équipés d’une puce électronique. Celle-ci permettra d’identifier leur propriétaire, mais également de savoir combien de fois les bacs recyclables et non recyclables ont été vidés dans l’année. Si les consignes de tri ne sont pas respectées, un rappel puis une facture seront envoyés à l’utilisateur.
Grenoble n’est pas la première ville à déployer ce système de valorisation des déchets. À l’instar de grandes métropoles, telles que San Francisco ou Milan, certaines communes françaises se tournent doucement vers ce modèle, comme Roubaix ou Besançon. Les effets pervers parfois liés à sa mise en place? Une recrudescence des déchets déversés dans la nature. Reste donc à attendre les retours d’expériences.
La métropole de Grenoble compte mener un travail de sensibilisation auprès des habitants, en mettant en œuvre "toute une série de dispositifs pour réduire les emballages, en développant le réemploi et la réutilisation", ajoute Christophe Ferrari. "C’est un réel effort pédagogique pour nos concitoyens". L’objectif visé? Parvenir à réduire les déchets récoltés par la collectivité de 20.000 à 22.000 tonnes chaque année, soit de 20 % en 2030.
Comment? En achetant des produits en vrac, en luttant contre le gaspillage alimentaire et en recyclant davantage. Actuellement, un grand nombre de déchets (vélo, électroménager, mobiliers etc.) qui pourraient facilement être réparés et réutilisés finissent en effet en décharge. L’ambition est ainsi de "prolonger la vie des objets", explique Georges Oudjaoudi. Des recycleries seront donc construites partout sur le territoire pour donner une seconde vie aux encombrants. Enfin, des broyeurs pour verre seront mis à disposition pour pouvoir recycler "au plus près de chez soi". Autre initiative: des bacs pour déchets alimentaires et naturels seront installés dans chaque domicile et copropriété à Grenoble. Ces biodéchets, qui représentent aujourd’hui un tiers de notre poubelle pourraient ainsi servir à produire du gaz et du compost pour l’agriculture locale.
À Grenoble, le plan d’action relatif à la gestion des déchets représente un chantier colossal pour l’agglomération, qui "devra se poursuivre au-delà du mandat actuel d'Eric Piolle", avertit Christophe Ferrari. Toutefois, à terme, la réduction des déchets entraînera une baisse des dépenses publiques. Car la production de déchets et les erreurs de tri coûtent cher à la collectivité. Par ailleurs, la mise en place de ce système de tri, de compostage et de permaculture permettra de créer de nouveaux emplois qualifiés, le traitement intelligent des déchets nécessitant des compétences spécifiques.