Après une année 1967 très créative et une année 1977 très tranchée, l’année 1987 est, comme toute la musique des années 1980, bipolaire entre les sons électroniques et les guitares lyriques qui compensent un déficit de popularité en face. A y réfléchir en effet, jamais le métal dans son ensemble n’a été aussi lyrique et bourrin que durant cette période, en témoigne la discothèque pléthorique d’un de mes oncles sur le sujet.
1987, donc. Un cru assez qualitatif pour la variété française, qui voit le retour en force de Claude Nougaro après des années d’errance discographique. Sur le plan international, c’est le temps des albums références pour les artistes qui maintiendront une popularité sans pareille jusqu’à notre époque.
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Claude Nougaro – Nougayork (non précisé)
Viré de sa maison de disques pour cause de mauvaises ventes, Claude Nougaro s’envole vers New-York avec comme point de chute le logis de la veuve de Charles Mingus. C’est ainsi qu’il écrit avec l’aide du compositeur et claviériste de jazz Philippe Saisse Nougayork, enregistré avec ne serait-ce que Nile Rodgers – de toutes façons, quand tu es français et que tu veux un retour funky, tu appelles Nile Rogers. Ca marche avec Sheila, ça marche avec les Daft Punk… Mais aussi avec Nougaro qui revient en force dans les charts et obtient une Victoire de la Musique du meilleur album en 1988.
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William Sheller – Univers (janvier)
Après l’échec de Simplement (1983) qui connut pourtant des succès en single (Les Filles de l’aurore et Maman est folle) et une incursion dans la musique de chambre, son deuxième répertoire, il revient dans l’univers de la variété avec un album très sensible, contenant notamment Les miroirs dans la boue, Guernesey écrit par Bernard Lavilliers et L’empire de Toholl, fresque romanesque qui clôt l’album. Contrairement à Simplement, l’album connut un succès conséquent et devint disque d’or.
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U2 – The Joshua Tree (mars)
Cinquième album, nommé ainsi en référence à l’Arbre de Josué, un baobab qui pousse dans la vallée de la Mort en Californie, il est dédié à un technicien historique de U2 qui est malheureusement décédé dans un accident de moto en juin 1986. Il doit sa popularité aux trois singles exploités qui ouvrent l’album, à savoir Where The Streets Has No Name, I Still Haven’t Found What I’m Looking For et With Or Without You. Beaucoup de critiques s’accordent à dire que cet album est plus américain que les quatre albums studios précédents, bien qu’il ait été enregistré en Irlande. Il fait l’objet d’une telle popularité qu’il a fait l’objet d’une tournée titanesque en 1987-88 et que sa réédition en 2017 fait également l’objet d’une autre tournée de même envergure.
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Bérurier Noir – Abracadaboum (juin)
Suite à la sortie de l’Empereur Tomato-Ketchup (1986), qui devint un cri de ralliement durant les manifestations contre la loi Devaquer et tourna en boucle dans les radios de jeunes, le groupe jouissait d’une notoriété qui n’était pas à son goût. Certains de ses membres se sont alors mis en grève pendant 6 mois, avant de quitter le groupe. C’est dans ce contexte que sort Abracadaboum, un album qui contient dans sa version première une dizaine de titres, auxquels on a accolé dans les versions ultérieurs les contenus des EP L’Empereur Tomato-Ketchup, Viêtnam Laos Cambodge et Ils veulent nous tuer. Si l’album est plus « festif » que Concerto Pour Détraqués (1985), il n’en est pas moins enragé dans son propos.
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Guns’N’Roses – Appetite For Destruction (juillet)
Premier album du groupe, s’il atteint aujourd’hui les 30 millions d’exemplaires vendus, le début d’exploitation fut compliqué. En effet, du fait du premier choix de pochette – une œuvre de Robert Williams qui représentait un monstre qui butait un robot qui venait de violer une fille sur le trottoir – et de la non-publicité sur MTV de Welcome To The Jungle pour cause de clip trop violent ont freiné les ventes dans un premier temps. Ce n’est qu’après l’intervention du producteur, David Geffen, auprès de MTV que le groupe gagna en popularité. Durant l’enregistrement du disque, Slash, en bon perfectionniste, restait la nuit avec les ingénieurs du son pour retravailler ses parties de guitare.
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Michael Jackson – Bad (août)
Ce troisième album de Michael Jackson sans ses frères, à l’image de Thriller (1983), un album bourré de superlatifs (45 millions d’exemplaires vendus selon les sources; cinq singles tirés de l’album classés n°1…) où il fut une époque où je pouvais tracer la tracklist par cœur, tant je l’ai écouté dans la voiture (elle est restée pas moins de 4 ans dans l’autoradio). Si le clip de la chanson-titre a été réalisé par Martin Scorsese, l’album a eu d’autres exploitations cinématographiques, notamment Captain EO (1988), réalisé par Francis Ford Coppola, devenu une attraction des parcs Disney, mais aussi Moonwalker (1988), qui reste mon premier souvenir de cinéma.
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Depeche Mode – Music For The Masses (septembre)
Sixième album du groupe, il a été enregistré au studio Guillaume Tell à Suresnes et a été le premier album du groupe à avoir à la fois une sortie vinyle et CD. Avec cet album, le groupe rompt avec les sonorités qui le caractérisent depuis le début de carrière en 1981, avec un son moins pop wave et plus rock industriel. C’est enfin l’occasion pour Depeche Mode de toucher un autre public que le public européen.
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Indochine – 7000 danses (octobre)
Après le triomphe de 3 (1985), le groupe a préféré se donner du temps pour composer de nouvelles chansons qui furent enregistrées à partir de février 1987 au studio Miraval (avant que le château devienne la propriété des Brangelina) puis sur l’île de Montserrat. La presse s’impatientant, le single Les Tzars sortit en juin et reçut un accueil décevant. Malgré un accueil critique à sa sortie, l’album atteint la 5e place du Top 30 en mars 1988 et fut vendu à 350.000 exemplaires.
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INXS – Kick (octobre)
Sixième album du groupe australien, il est celui qui connaîtra le plus de succès à travers, puisqu’il se retrouve disque de diamant dans plusieurs pays, grâce notamment aux singles Devil Inside et Need You Tonight. Il connaît également plusieurs amendements selon les pays (comme l’édition japonaise de 1989) et de diverses rééditions, notamment pour le 25e anniversaire de sa sortie en 2012.
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Jean-Jacques Goldman – Entre gris clair et gris foncé (novembre)
Cinquième album solo de l’artiste, il se présente sous la forme d’un double album de vingt titres, dont onze ont déjà été enregistrés au préalable. Entre blues et sonorités de son temps, il contient des standards de la chanson française tels que Elle a fait un bébé toute seule, Puisque tu pars, Il changeait la vie, C’est ta chance ou le duo Là-bas avec Sirima Wiratunga. L’album connaîtra une édition japonaise de 13 titres, dont cinq de l’album précédent Non homologué (1985).
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A bientôt pour de nouvelles aventures musicales.