L’histoire belge est intimement liée à son patrimoine. Dès janvier 2018, «Horta Inside out », une exposition immersive, mettra l’architecte Victor Horta à l’honneur. Une rétrospective à grande échelle qui, durant une année complète, fera la lumière sur le patrimoine belge et l’instigateur de l’Art nouveau. Ewa Kuczynski
Vingt institutions culturelles bruxelloises (dont Visit Brussels et la Fondation CIVA) se sont associées pour proposer une série d’activités autour de l’architecte belge Victor Horta. Déclinée en six catégories, (expositions, évènements, visites guidées, activités pédagogiques, visites virtuelles et conférences), « Horta Inside Out » investira la capitale durant une année complète. Immersive, l’exposition invitera les visiteurs, touristes ou citoyens bruxellois, à (re)découvrir un aspect majeur du patrimoine belge sous plusieurs formes.
La rétrospective prendra des allures de parcours tracé dans toute la capitale. Une dizaine d’expositions, dont cinq permanentes, (Centre belge de la bande dessinée, Musée Horta, Maison Autrique, CIVA, Musée du Cinquantenaire) invitera les visiteurs à découvrir des lieux, tous témoins d’une manière ou d’une autre, de l’univers que l’architecte s’était façonné. En complément à toutes les activités proposées, une exposition en ligne (Horta en 1500 images) et une application mobile (Inside Art Nouveau) permettront aux visiteurs de procéder à une découverte interactive.
Une offre diversifiée qui s’inscrit dans une stratégie bien définie : « Le but est de faire découvrir au public l’héritage de l’Art nouveau, de l’Art déco. Il s’agit de proposer quelque chose d’inédit pendant un an. C’était important pour nous de présenter une offre diversifiée sous une figure emblématique», explique Geert Kocher, directeur adjoint de Visit Brussels. Yaron Pesztat, directeur du Département de l’Architecture Moderne à la Fondation CIVA poursuit : « Au-delà du fait que l’idée même de l’opération soit de permettre aux visiteurs de bénéficier d’une offre diversifiée, notre cible est double : nous espérons attirer tant les touristes venus passer un week-end dans la capitale que les Bruxellois».
Un génie de l’architecture
De la Maison Horta à l’Hôtel Tassel en passant par le Pavillon Horta-Lambeaux, Victor Horta a marqué Bruxelles de son empreinte. Installé à Bruxelles dès 1881, il fréquente l’Académie Royale des Beaux-Arts. En 1893, la Maison Autrique voit le jour, suivie de près par l’Hôtel Tassel. Cette époque marque le début d’une longue série de projets qui étofferont Bruxelles de bâtiments aux espaces novateurs. L’architecture Art nouveau, dont Horta fut l’instigateur, annonce le mouvement moderne.. L’héritage laissé est par conséquent non négligeable : «Quatre maisons de Victor Horta sont classées au patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui est assez rare pour un architecte », explique Geoffroy Coomans de Brachène, échevin de la Ville de Bruxelles et Vice-Président de l’Organisation des Villes du Patrimoine Mondial de l’Unesco (OVPM). « Au-delà du fait de la volonté de faire rayonner Bruxelles, il s’agit donc d’un regard très particulier sur le patrimoine de l’Unesco. Il faut savoir que nous comptons trois classements au patrimoine de l’Unesco : la Grand-Place, le Palais Stoclet et deux maisons Horta. Ce qui n’est pas négligeable quand on sait que près de 40 % de nos touristes ne viennent rien que pour le patrimoine », poursuit-il. Selon l’échevin, l’exposition revêt un caractère particulier : « Ce qui est intéressant avec Horta et l’Art nouveau, c’est qu’en général, à l’exception du Musée Horta, il n’y a que très peu de possibilités pour le public d’accéder à ses œuvres. À moins de s’organiser longtemps à l’avance ou de prendre rendez-vous. Ici les possibilités sont multiples et accessibles durant toute une année. »
« Ceci n’est pas une maison Horta »
2018 célèbrera le 70ème anniversaire du décès de l’architecte. Une date qui n’est pas anodine : « Passé ce délai, il n’y a plus de droit à payer sur la reproduction de l’artiste» explique Yaron Pesztat. Un détail non négligeable, quand on sait qu’en 2009, Michel Gilbert, propriétaire de quatre édifices de l’architecte, s’était vu refuser le droit de communiquer sur ses acquisitions sans devoir payer des droits, alors qu’il avait investi près de 400 000 euros en frais de restauration. Ce passionné d’Horta avait alors affiché sur une de ses propriétés, une banderole sur laquelle on pouvait lire : «Ceci n’est pas une maison Horta ». « Passé ce délai, il est donc possible de présenter ce que l’on souhaite sans limite ou contrainte budgétaire », poursuit Yaron Pesztat.
Un délai dorénavant dépassé, qui ne profitera pas qu’aux propriétaires des lieux…
Horta inside Out
Du 1er janvier au 31 décembre 2018.