On ne s'est pas parlé de Johnny. Il est parti un mercredi. Très tôt dans la nuit. 3h06 quand la dépêche AFP est tombée. Je ne dormais pas encore. J'étais en proie à l'une de ces terribles insomnies qui t'attrapent quand, dans ta tête les tiroirs ne sont pas tous à leur place. Il est parti à 2h44, il n'a pas pu retenir la nuit.
Je ne suis pas fan de Johnny Hallyday. Il y a des légendes qui ne vous touchent pas, m'a-t-on dit un jour. Il ne m'a pas vraiment touché. Bien sûr, il y a quelques chansons que j'aime bien, d'autres que je connais, parce qu'elles font partie, comme on dit, du répertoire populaire. Tu te rends compte que certains titres sont gravés dans ta tête, alors que tu n'as jamais écouté un album de lui. Sans savoir pourquoi, ni comment, t'es capable de chanter " Je te promets ", " Requiem pour un fou ", " l'idole des jeunes ", " quelque chose de Tennessee ", " Retiens la nuit " dans un karaoké. Easy en plus. Sans regarder l'écran. C'est comme quoi. C'est sans doute vrai quand ils disent qu'on a tous quelque chose de Johnny.
Je ne suis pas fan de Johnny. Mais comme beaucoup, vraiment, beaucoup de monde, j'ai été attristé par sa disparition mercredi dernier. Il avait tellement joué avec les lignes de la mort, que je pensais qu'il ne pouvait pas vraiment mourir. Qu'il était une espèce de surhomme capable de résister aux accidents, aux opérations foirées, aux excès, aux folies. On n'échappe pas à la maladie. Il n'y a pas échappé.
Johnny, leur Elvis
Je ne suis pas fan de Johnny mais j'étais, un peu triste, pour toutes ces personnes qui ont perdu un leur héros personnel. Non, bien sûr, il n'a pas sauvé la France. Je ne parle pas de ce genre de héros-là. Il a accompagné des millions de personnes. Il a sans doute aidé des milliers de personnes à aller mieux. Et il les a bercés, il les a réconfortés. Il a peut-être sans doute permis de retrouver la lumière. C'est l'un des rôles de la musique. Elle permet d'aller mieux. Elle a des vertus thérapeutiques, on le sait. En ça, sans doute Johnny était leur thérapeute personnel, capable de leur redonner le moral par moments, quand tout est trouble et troublé.
Je ne suis pas fan de Johnny. Et je n'ai pas compris les funérailles nationales, La Madeleine, l'Elysée, le cortège. Je trouvais ça, un peu déplacé. Un peu trop forcé. Pas sincère, une espèce de récupération. Je n'ai tout pas compris. En réfléchissant un peu, toutefois, je me suis dit que s'il y avait eu un cortège pour David Bowie, j'y serai sans doute allée. Bowie était mon héros, mon Elvis. Comme Johnny était l'Elvis de millions de personnes.
Je ne suis pas fan de Johnny Hallyday. Mais j'ai souvent aimé écouter les autres artistes le reprendre.
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