D'une manière générale, le thé produit dans le département de Shiga est appelé Ômi-cha (thé de Ômi). Rappelons aussi qu'il peut être utilisé en tant que "thé de Uji" dans un blend avec du thé produit à Kyôto (!!).
L'origine de la production du thé dans ce département qui entoure le célèbre lac Biwa remonte très certainement au 8ème, quand le moine Saichôn fondateur du bouddhisme Tendai au Japon, sur le Mont Hiei, ramène de Chine des graines de théiers comme les moine Eichû et Kûkai (ce dernier est associé au thé de Nara). Même s'il est difficile de les reliés directement, on trouve des très anciens théiers zairai (indigènes) au pied du Mt. Hiei côté Shiga.
Le thé est ainsi cultivé à Shiga dans divers régions, mais on pense que le lieu où se serait propager le plus rapidement la culture du thé serait Shigaraki, et plus précisément Asamiya (aujourd'hui au sud de la ville de Kôka). On y trouve au monastère de Senzenji de Iwayazan le lieu de naissance du thé de Asamiya, culture qui aurait commencé avec des graines reçu de Saichô lui-même. Il n'y a pas de date précise, mais compte tenu de la faible distance avec le Mont Hiei, la chose est tout à fait vraisemblable.
Je l'ai déjà évoqué, mais Asamiya se trouve juste en bordure de Uji-tawara et Wazuka (département de Kyôto), ce qui en fait une aire particulièrement riche en ce qui concerne le thé. Néanmoins, avec une altitude moyenne de 400 m, Asamiya est une région au climat froid, bien plus que Kyôto. Et d'une manière plus globale, toute cette région à l'est du lac Biwa est rude avec fréquemment d'importante chutes de neige en hiver.
Asamiya est une région où les thés non ombrés dominent encore, et où surtout l'étuvage reste très court, une 20aine de secondes en général.
Le sencha de Kami-Asamiya que je propose représente à merveille cette tendance. C'est un Yabukita par le "jeune" Kitada Takuya, provenant plus exactement de Okuyama, un plateau vallonné où se concentrent les plantations.
De plus, Takuya, qui n'aime pas le parfum de torréfaction (hi-ire), ne procède pas à cette phase de séchage pendant le raffinement du thé brut. Le procédé de fabrication du aracha lui même est fait de manière à ce que le séchage soit déjà suffisant.
Pour ce sencha, je préfère ne pas suivre les conseils du producteur, et j'utilise de l'eau assez chaude, au moins 80°C.
Le parfum est vert et frais, mais pas purement végétal. En refroidissant un peu on y trouve des arômes légèrement sucrés avec une touche de noisette. L'attaque en bouche et très légère et veloutée, très fluide, la liqueur laisse ensuite apparaître une touche d'umami équilibré, puis des notes plus végétales. Enfin, l'after est simplement sucré. Même avec de l'eau assez chaude, on ne trouve aucune astringence dans cette première infusion.
Sur les infusions suivantes, plus chaudes, ce sencha se fait plus aromatique avec des parfums de fleurs végétales, très frais. L'ensemble reste simple, facile à appréhender. L'umami disparaît, mais on ne trouve toujours sans astringence, on garde une impression douce et fluide, avec un agréable after léger et sucré.
C'est un sencha simple mais efficace, avec une belle présence en bouche, un très bon Yabukita, le genre de thé vert japonais dont on ne se lasse pas, et qui représente bien le terroir de Asamiya.