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Le 2 décembre, Stéphane Travert est revenu sur une promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron : l'objectif de passer à 50% de produits bio et locaux en restauration collective d'ici à 2022. Prochainement, la promesse devrait être inscrite dans la loi.
Mais que signifie au juste bio ET local ? Ces deux qualités seront-elles demandées à une même production ? La réponse est non. " On n'y arriverait jamais ", explique-t-on au ministère de l'Agriculture. Il est vrai qu'atteindre 50% en " bio ET local " serait un incroyable challenge. Avec 3 milliards de repas servis chaque année, 73000 restaurants et 17 milliards d'euros de chiffre d'affaires selon les derniers chiffres officiels, la restauration collective est devenue un acheteur majeur du monde agricole. Sont concernés les établissements scolaires de la garderie à l'université, les hôpitaux, les maisons de retraite...
Les produits locaux plus nombreux que les produits bio
Bio et local signifie ici beaucoup de choses. Et il est probable que le local, le régional voire le national tiendront plus de place que le bio. Au risque de déplaire aux consommateurs et surtout aux parents d'élèves, plus sensibles à leur santé ou à celle de leurs enfants qu'à la provenance des aliments.
Les produits " bio et locaux ", tels que les entend le gouvernement, sont ceux sous signes de qualité (agriculture biologique, Appellation d'origine protégée, Indication d'origine protégée...) ou sous labels (label rouge, spécialité traditionnelle protégée, etc) et ceux issus de circuits courts. En gros, on préfèrera la qualité, le régional et le national. L'approvisionnement en bio promet, lui, d'être compliqué car on assiste aujourd'hui à une véritable ruée vers la bio et la matière première vient déjà à manquer dans certaines filières, selon l'Agence bio. Aussi, aucun pourcentage minimum n'est envisagé pour les produits bio.
Aides à la conversion 2015-2020 : la caisse est déjà presque vide
Cette politique alimentaire, concomitante à celle des grandes surfaces qui augmentent sérieusement leur nombre de références certifiées biologiques, va quand même imposer un rythme soutenu de conversions. Sans doute plus soutenu qu'il ne l'est aujourd'hui et pourtant 17 fermes se sont converties chaque jour au cours du premier semestre 2017. Ce qui est beaucoup.
Seulement voilà : un tel développement n'a pas du tout été prévu par la Commission européenne quand elle a quantifié les besoins de l'Europe en aides à la conversion. L'estimation faite est déjà très en deçà des besoins actuels. Tant et si bien que le budget de la période 2015 à 2020 est déjà consommé à 88% à mi-parcours, selon la Fédération nationale de l'agriculture biologique (Fnab) qui représente les agriculteurs bio. Elle s'inquiète pour l'avenir. Les agriculteurs qui vont s'engager demain percevront-ils des aides pendant toute la durée de leur conversion ? Le ministère de l'Agriculture répond de son côté que ces chiffres ne sont pas confirmés.
Aides au maintien : les régions décideront
Quant aux aides au maintien, qui prennent le relais des aides à la conversion et récompensent les agriculteurs bio de leur respect de l'environnement, elles seront distribuées au bon vouloir des régions. Le cofinancement nécessaire pour percevoir les fonds européens ne sera plus assuré par le gouvernement. Aussi, les régions sont appelées à cofinancer à sa place alors que leurs budgets vont être sérieusement rognés en 2018 et que leurs dépenses sont prévues en hausse. Lesquelles vont accepter de mettre la main aux porte-monnaie pour la vertueuse agriculture biologique ? Là encore l'incertitude règne.
Heureusement, les consommateurs eux ne défaillent pas et cet appel du marché est de nature à convaincre les agriculteurs dans une période où l'agriculture conventionnelle est en bout de course.
Anne-Françoise Roger