Photo de Simon Woolf
Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 7
Comme y'avait de la lumière au plafond, je m'étais dit que la vie était la vie et que la vie était joie. Mais la flamme était coruscation. Dès que le passager déguerpissait de la tartissoire, il ne restait qu'un fumet fétide et piquant plongé dans le noir, en attente. D'où l'espoir délirant d'un retour de grâce divine, un scintillement de poussières d'étoile, un gros cul brûlant débarquant de l'autre monde histoire de nous redonner corps. Tel était notre dernier rêve de contrées étrangères et mystérieuses, les abîmes de nos âmes perdues et perdantes, les danses enfiévrées de nos misérables cervelles en cire à bougie, s'irradiant compulsivement jusqu'à l'obscurcissement final.Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 8
Le battant de la grande salle avait été maintenu ouvert par un arrêt de porte. Serge arborait sa posture accoutumée d'observateur avisé, les bras croisés. Fallait pas être diplômé de l'ENA pour comprendre que le boss était en plein recrutement. Charlie allait entrer en action et son adversaire était tellement beurré qu'il tenait à peine debout. Il reçut un premier coup de pied circulaire à l'épaule, un kick foiré... Néanmoins l'onde de choc fit plier le poivrot qui se mit en garde, abruptement surexcité par la rage de l'alcool : « Ta tête va bientôt ressembler à mon cul après trois jours de chiasse ! » Les trois coups de pieds suivants rectifièrent le tir et foudroyèrent le foie du biturin. À chaque impact, le type se replia d'un cran jusqu'à ce qu'il s'effondre... inconscient.Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 9
Ça me gave de remonter continuellement le courant des égouts de notre époque et de la voir me chier dans la malle en se poilant. Chaque jour qui passe me sépare un peu plus de mes contemporains. Vous allez vous dire que je suis un vieux con aigri et vous avez parfaitement raison. Je l'assume. Puisque les jimmys sont trop occupée à se faire englander par le taureau mécanique de l'hyper-mondialisation numérisée, ça m'en touche une sans m'en faire bouger l'autre. La Go-Fast Generation n'a plus rien à vivre et par conséquent plus rien à raconter.
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